Eddy Kapend déplore la mort de ses codétenus

Arrêté et écroué au Centre pénitentiaire et de rééducation de Makala, avec plusieurs autres suspects dans l’affaire de l’assassinat du défunt président Laurent-Désiré Kabila, le colonel Eddy Kapend, ancien Aide de camp de « Mzee », assiste impuissant à la disparition de ses codétenus et anciens compagnons d’armes. Le dernier en date, à mourir, est le commandant John Bompengo, inhumé samedi 03 août dernier.

Il est le dixième de ces condamnés à quitter la terre des hommes suite à de mauvaises conditions carcérales, comme c’est le cas dans la prison d’Angenga, dans la province de l’Equateur, où il a trouvé la mort.

Famille et amis inconsolables

Devant la famille inconsolable et les amis et connaissances qui sont venus lui rendre un dernier hommage à la place YMCA à matonge dans la commune de Kalamu, Eddy Kapend n’a pas pu retenir son amertume devant ce qu’il qualifie d’injustice à ciel ouvert : « Le moment viendra où la vérité sera dite sur cette question. Et tous ces gens qui pensent qu’ils doivent menacer ceux qui sont en train de souffrir injustement parce qu’ils ne connaissent pas ceux qui ont tué Kabila et qui sont dehors, ils n’ont qu’à menacer les vrais assassins de Kabila qui vivent avec eux. »

L’ancien Aide de camp de LDK est venu témoigner sur son ancien collaborateur, escorté par la police et une forte délégation des autorités de la prison de Makala. Au cours de la messe de suffrage dite en mémoire de l’illustre disparu, Eddy Kapend a déploré cette énième perte d’un de ses meilleurs compagnons d’armes : « John Bompengo travaillait à l’artillerie à la Garde présidentielle. Il n’a jamais trahi Kabila, il n’a jamais comploté contre Kabila et il n’a pas tué Kabila. Il est mort parce qu’il est resté fidèle pour défendre la cause de LD Kabila. Il est le dixième qui nous quitte. »

  Le silence étonnant de Félix 

Certains observateurs dénoncent l’indifférence de l’actuel chef de l’Etat Félix Tshisekedi sur un dossier aussi rocambolesque et dont le procès n’a jamais été arrivé bouclé pour raison d’enquête, comme l’avait si bien souligné le président de l’Association Africaine des Droits de l’Homme(ASADHO), Jean Claude Katende.

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L’ ASADHO et la famille d’Eddy Kapend avaient organisé une manifestation pour réclamer la grâce présidentielle

En effet, ce dernier avait demandé le 14 juillet 2019 alors que la nation toute entière apprennait la nouvelle du décès du commandant John Bompengo à Angenga, de libérer les prisonniers restants et de réorganiser le procès, tel que recommandé par la commission africaine des droits de l’homme et des peuples : « Dans ce dossier, il y a plusieurs personnes qui sont décédées à cause des mauvaises conditions de vie en prison, mais aussi de maladies qui n’étaient pas prises en charge de manière adéquates. Il avait été dit dans cette affaire que les enquêtes n’étaient pas terminées. Et nous estimons qu’on ne pouvait pas prononcer des personnes, alors que les enquêtes n’étaient pas terminées dans une affaire. »

La clémence présidentielle improbable

Lors de la marche organisée par la même ONG avec les familles des victimes dispersées brutalement par la police, l’on pouvait entendre les pleurs de certains membres de famille comme Urit Ndongo, dix-huit ans révolus et qui n’avait à peine qu’un mois et deux semaines, soit 44 jours, quand son père fut mis aux arrêts : « ça me fait mal de vivre sans papa à la maison. Papa nous a laissé je n’avais que 44 jours. Je demande au président Félix Tshisekedi d’accorder une grâce présidentielle à Papa Emmanuel et à ses compagnons. »

Dossier inconnu du garant de la nation?

Interrogé lors d’une conférence de presse le 02 juillet 2019 à Bunia, quant à l’issu de cette affaire, alors que ces derniers devraient profiter de la mesure de grâce comme tous les autres détenus politiques, (particulièrement pour Eddy Kapend ), le Chef de l’Etat est resté très évasif : « Je ne sais pas s’il est libérable. » Condamnés à morts pour assassinat de Laurent Désiré Kabila en 2003 par la Haute Cour Militaire, Eddy Kapend et consort comptent en ce jour dix morts.

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Jacques Kalokola