Vient de paraitre : « Histoire de Kingunza »

Une recension de l’ouvrage « Histoire de Kingunza : pendant et après l’indépendance », œuvre du professeur Jacques Mambueni Mayata, a eu lieu mardi 18 juin 2019, à l’amphithéâtre du Centre Wallonie Bruxelles de Kinshasa.

C’était en présence des adeptes de l’Eglise Kingunza et une assistance sélecte venue saluer la mémoire de ce congolais épris des valeurs africaines dont il a laissé des traces indélébiles pour les générations futures.

Le Centre Wallonie Bruxelles de Kinshasa a ainsi rendu un hommage mérité à Jacques Mambueni Mayata, qui venait de quitter la terre des hommes le 22 mai dernier, alors que le baptême de son livre a été proclamé en juin, la veille de la célébration de la fête d’indépendance, selon le vœu du défunt.

Pour le Professeur Mabiala, qui a procédé à cette recension et qui a connu le Professeur Mambueni, cet ouvrage a pour ambition de poser le problème de la prolifération des églises et des  sectes dites  prophétiques ou de Saint Esprit dans notre pays.

Ce travail de 174 pages est édité aux éditions des ateliers bibliothèques Kinshasa 2018 réparti en trois chapitres. Le premier chapitre est consacré à la présentation générale de « Kingunza » que l’auteur définit comme étant une religion prophétique du peuple Kongo, une alliance divine qui regroupe tous les croyants acceptant l’existence d’un seul et unique Dieu, créateur et maître suprême de l’univers. Cette religion existait bien avant l’avènement du christianisme. Elle était bien structurée, mais les Européens ne l’appréciaient pas à sa juste valeur.

Durant la période coloniale, le « Kingunza » était qualifié de mouvement politico-religieux qui était désigné, selon le pays d’implantation, comme étant « Le Kimbaguisme » au Congo Belge, dont le prophète fut Simon Kimbangu, « Le Matsouanisme » au Congo Brazzaville, avec André Matsoua comme prophète, « Le Tokoisme » en Angola, sous la houlette du Prophète Simâo Toko.

Lire :  Africanologie, ébauche d’une discipline scientifique

Simon Kimbangu était le principal Prophète des Prophètes rédempteurs et libérateurs ; il encourageait le peuple Kongo à lire la Bible. Il était le Prophète principal. Derrière lui, il y avait d’autres prophètes ou disciples comme Filipo Mbumba, Simon Mpadi, André Matsoua, etc.

Bien avant le christianisme…

Jacques Mambueni définit le « Ngunza » comme un Prophète, c’est-à-dire, une personne extraordinaire, choisie et envoyée par Dieu pour accomplir une mission divine précise sur terre. Cette mission peut être un avertissement ou une libération d’une nation ou d’un peuple en captivité. Pour le même auteur, le « Kingunza » est l’une des vieilles religions du monde qui tire son origine de l’Egypte, comme berceau de toute science et de toute sagesse. Les peuples Bantu en général et le peuple Kongo en particulier, viennent de l’Egypte.

Le deuxième chapitre est relatif à la chronologie historique des faits et événements importants de Kingunza, un essai d’écriture des événements les plus importants de l’histoire de cette religion prophétique, un mélange de faits historiques et des fictions nées de l’inventivité des romanciers, où le récit fait la navette entre l’écriture et l’oralité. 

L’auteur note quatre générations des Ngunza(Prophètes) à partir du XVe siècle à nos jours : la première est celle du Prophète Funza Vua Kadia né au Manianga vers 1420. Ce prophète avait annoncé l’arrivée de l’homme blanc au Royaume Kongo et avertissaient son peuple sur ces étrangers à la peau blanche qui ont une intelligence humaine à transmettre mais ils n’ont pas la sagesse spirituelle.

La deuxième génération commence au XVIe siècle par l’arrivée des missionnaires catholiques sous le règne du Roi Nzinga Nkuvu qui s’était converti au christianisme (1506-1740), la plus chaude période de l’esclavage durant laquelle naquit Kimpa Vita (1684), originaire du secteur de l’actuel Wombo en territoire de Songololo. Elle fut la fondatrice du mouvement messianique Antoniens et avait comme mission de rétablir le Kingunza et la vie politique  du Royaume Kongo.

Lire :  « Le Kasaï, son histoire, ses peuples et son développement »

La troisième génération est celle qui commence avec la domination coloniale, à la conférence de Berlin marquée par les premiers contacts des colons avec le Manianga. C’est la période durant laquelle les  Banianga vont assister à des conflits ouverts entre l’Eglise Catholique et l’Eglise Protestante et se poseront des questions sur la véracité du message évangélique.

Des leçons politiques, religieuses et socioculturelles

Le troisième chapitre propose quelques leçons à tirer  sur le plan politique,  religieux et socioculturel. Pour le Professeur Mabiala qui a  procédé à la recension de cette œuvre d’esprit signé par le Professeur Jacques Mambueni, le peuple Kongo en particulier et les Africains en général devaient s’approprier de ce livre afin de s’approprier utilement leur identité et de pouvoir la transmettre aux générations  à venir : « En nous léguant son livre, Jacques Mambueni Mayata a jeté un pont entre lui et ces figures de proue qui l’on précédé dans l’au-delà , et tel un japonais en dialogue quotidien avec sa mort et avec ses ancêtres, il restera en dialogue avec  nous, tout en veillant sur la « Kongoité » , c’est-à-dire l’être Kongo. »

Vulgariser la réligion traditionnelle kongo, Kingunza

Dans la lecture de l’intervention du regretté auteur lue par son neveu  Judas Mambueni, l’auteur  revient sur l’intérêt de cet ouvrage qui est celui de combler le vide des écrits sur la vulgarisation de la religion traditionnelle Kongo « Kingunza ». Il s’agit de présenter les personnages qui ont œuvré pour l’indépendance et la liberté de l’homme noir, en général, et de la RDC en particulier, pour la dignité humaine et la restauration des valeurs religieuses Kongo, à l’instar de Kimpa Vita, Simon Kimbangu, etc.

Lire :  Vient de paraître aux Editions Les Trois Rivières, « La poésie libre à l’ère du virtuel »

L’auteur a souhaité ensuite qu’une journée soit dédiée à ces figures qui ont tant souffert pour la préservation de l’identité Kongo et il a demandé aux autorités congolaises au pouvoir que la date du 04 janvier leur soit réservée.

Cette cérémonie s’est clôturée par le baptême de l’ouvrage par Monsieur Remy Mambueni, grand frère du Professeur Jacques Mambueni en présence de son épouse ainsi que l’assistance composée des adeptes de la Religion Kingunza venue honorer la mémoire de celui qui les a immortalisé qui se retrouvent entre ses ancêtres Banianga et sous la protection de «  Yave », Nzambi a Mpungu Tulendo, le Dieu protecteur.

Jacques Kalokola