Le collectif des intellectuels teke du territoire de Kwamouth a lancé un cri d’alarme international face aux massacres perpétrés depuis juin 2022 par la milice Mobondo, composée essentiellement de la population Yaka et ses sous-groupes de Kwango contre le peuple Teke éparpillé à travers le grand Bandundu (notamment au Kwilu à Bagata, au Maï- Ndombe à Kwamouth à Kinshasa dans la commune de Maluku), à l’encontre de la communauté teke.
Dans une déclaration rendue publique, les intellectuels teke décrivent une situation alarmante : massacres, déplacements massifs de population, destructions d’infrastructures, viols, et une grave crise humanitaire. Et sur le plan économique, la rareté des produits agro-alimentaires venant des terroirs Teke, à Kinshasa, notamment la chikwangue préférée, qui est devenue rare et chère. Ils accusent la milice Mobondo de mener un véritable génocide, motivé par des revendications coutumières démesurées et des ambitions territoriales.
Un bilan très lourd
Les attaques ciblent les populations civiles, les villages sont ravagés, les champs brûlés et les habitants contraints de fuir leurs foyers. En effet, lors de ses différentes attaques la milice Mobondo recourt à des stratégies métaphysiques contre les villages Teke, exige des redevances exagérées aux chefs coutumiers Teke et à l’endroit des étrangers dans les villages Teke, organjsant même des parodies de procès.
La situation est d’autant plus grave que les autorités semblent impuissantes à mettre fin à ces violences.
On peut ainsi lire, dans u e lettre ouverte des élites Teke : « Depuis juin 2022, deux ans années jour pour jour, le territoire de Kwamouth est victime des violences orchestrées par la milice Mobondo constituée essentiellement d’insurgés Yaka.
Ayant pris pour prétexte les redevances coutumières semble-t-il exagérées, ces assaillants ont mis à exécution leur vilain plan de conquêtes de terres. Sur le terrain le bilan est catastrophique : les Tekes sont fusillés, décapités, mutilés et brûlés. Un génocide, qui ne dit pas son nom, auquel s’ajoute un lourd bilan sur le plan social : des infrastructures sociales, scolaires et hospitalières sont vandalisées, pillés te brûlés ».

Lettre ouverte
Et ils ont poursuivi dans le même élan « les habitants de rares villages encore en place ne peuvent plus accéder à leurs grandes forêts. Ils sont piégés tant sur l’axe fleuve Kasaï que sur la route nationale n° 17 devenue le théâtre de tueries. Pas plus tard que la semaine dernière, des teke enfermés dans des maisons comme prisonniers de guerre venaient d’être brûlés vifs. Mêmes les éléments de l’armée commis à la protection des populations en paient les frais.
Du reste, ces éléments ne vont pas en profondeur des forêts où trônent les ” Mobondo”, faute de consigne dit-on. Sur le plan politique, face à telle instabilité, le territoire de Kwamouth n’a pas pas eu droit aux indemnités élections présidentielle, législative ou et territoriale organisées par la Commission électorale indépendante en décembre 2023 ».

Pour ce faire, ce collectif salue les différentes initiatives de paix menées par le Gouvernement de la République, le dialogue entre les Chefs Coutumiers Yaka et Teke, à la demande expresse du Chef de l’État, et tout récemment la désignation par le président de Marco Banguli, un grand leader Teke, pour la recherche des pistes de solutions en vue d’une paix durable entre ces deux communautés. Cependant, on déplore les tueries qui continuent de se perpétrer.
Appel au gouvernement
Ainsi, les intellectuels teke appellent le gouvernement congolais à :
- Déployer massivement les forces armées dans la région pour neutraliser les miliciens et rétablir la sécurité.
- Engager des poursuites judiciaires contre les auteurs de ces crimes et leurs commanditaires.
- Assurer l’assistance humanitaire aux populations déplacées et faciliter leur retour dans leurs villages.
- Réhabiliter les infrastructures détruites par les miliciens.
- Impliquer les acteurs locaux dans les processus de paix et de réconciliation.
Les intellectuels teke demandent également à la communauté internationale, notamment l’ONU, Amnesty International et Human Rights Watch, de qualifier les actes de la milice Mobondo de crimes contre l’humanité et de soutenir les efforts de la RDC pour mettre fin à ce conflit.
Il convient de signaler que ce conflit intercommunautaire entraîne des conséquences désastreuses sur la population civile et menace la stabilité de toute la région. Il est urgent que la communauté internationale se mobilise pour apporter une aide humanitaire et politique à la population teke et pour mettre fin à ce cycle de violence. Lire aussi : RDC : Peter Kazadi à la tête d’une commission pour résoudre le conflit Teke-Yaka – Infocongo
Barca Horly Fibilulu