La situation sécuritaire dans le Nord-Kivu continue de se dégrader. Après la prise d’Alimbongo, les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda selon les autorités congolaises, ont fait une nouvelle avancée en s’emparant de Mambasa, chef-lieu de la chefferie des Bamate. Des affrontements violents ont opposé les Forces armées de la RDC (FARDC) aux rebelles du M23 dans la nuit du lundi 17 décembre. Les FARDC, appuyées par les milices Wazalendo, ont été contraintes de se replier sur Ndoluma, laissant ainsi la voie libre aux rebelles pour s’emparer de Mambasa.
La nouvelle de la prise de Mambasa a provoqué une onde de choc parmi la population locale. Des milliers de personnes ont fui leurs villages par crainte des exactions. “Nous avons décidé de quitter la zone, d’évacuer nos proches“, confie un habitant de Kitsombiro, qui a rejoint Butembo.
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La progression du M23 entraîne un exode massif de la population, aggravant ainsi une crise humanitaire déjà dramatique. Les déplacés manquent de tout : nourriture, eau potable, soins médicaux. Par ailleurs, des pillages sont signalés dans certaines zones, notamment par des éléments des FARDC en retraite.
Alimbongo, un verrou stratégique perdu
La perte d’Alimbongo constitue un coup dur pour les FARDC. Cette localité, située sur un relief montagneux, était un point stratégique qui permettait de contrôler plusieurs axes de communication. Sa chute ouvre la voie aux rebelles pour progresser vers Butembo, principale ville commerciale du Nord-Kivu.
Les enjeux de la bataille de Mambasa
La prise de Mambasa par le M23 a des implications majeures. En effet, elle représente une menace accrue pour Butembo. La proximité de Mambasa avec Butembo fait craindre une attaque imminente contre cette ville. On notera aussi que c’est un défi pour la stabilité de la région : La progression des rebelles risque de déstabiliser toute la région des Grands Lacs.
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Une crise humanitaire aggravée : Le déplacement massif de populations va mettre à rude épreuve les capacités d’accueil des zones d’accueil. Face à cette situation alarmante, la communauté internationale est appelée à intensifier ses efforts pour mettre fin aux violences dans l’Est de la RDC. Il est urgent de trouver une solution politique à ce conflit qui dure depuis plusieurs années.
Les déconvenues des FARDC
Les déconvenues répétées de l’armée congolaise face au M23 s’expliquent par une conjonction de facteurs complexes, tant internes qu’externes. Voici quelques éléments clés qui contribuent à cette situation :
Facteurs internes de la faiblesse des FARDC
Actuellement, un des gros problèmes des FARDC, c’est l’équipement et la logistique. En effet, l’armée congolaise souffre d’un manque chronique d’équipements modernes, de munitions et de moyens de transport. Ce déficit la rend vulnérable face à un adversaire mieux équipé et soutenu.
Il convient de signaler aussi qu’au sein des FARDC, les formations militaires sont souvent insuffisantes et les soldats manquent de préparation pour faire face à des combats de haute intensité, en dépit des formations dispensées par les armées étrangères, à la suite des accords militaires bilatéraux. En plus, des problèmes de discipline et de cohésion au sein des rangs sapent le moral des troupes et réduisent leur efficacité sur le terrain.
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Par ailleurs, comme dans toutes les institutions du pays, la corruption est endémique dans les forces armées congolaises, ce qui affecte la gestion des ressources et la motivation des soldats.
Enfin, parmi les facteurs internes, il faut épingler les services de renseignement congolais, tant civils que militaires, qui peinent à anticiper les mouvements du M23, ce qui les met régulièrement en difficulté.
Facteurs externes des déconvenues à répétition
Parmi les facteurs externes de la déroute de l’armée congolaise face à l’ennemi, on cite le soutien étranger au M23. En effet, le M23 bénéficie d’un soutien logistique et militaire en provenance du Rwanda, ce qui lui donne un avantage décisif sur le terrain.
Notons aussi que le terrain montagneux de l’Est de la RDC favorise la guérilla et rend les opérations militaires difficiles, tandis que la présence de nombreux groupes armés dans la région complique la situation et disperse les efforts de l’armée congolaise.
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Mais la RDC souffre aussi d’un grand manque de soutien international, car communauté internationale apporte une aide limitée à la RDC, ce qui affaiblit sa capacité à faire face à la menace du M23.
Autres facteurs
Enfin parmi les autres facteurs qui expliques les déconvenues à répétition des FARDC, il y a la méfiance de la population locale, souvent victime des exactions des groupes armés. Elle a fini par se méfier de son armée et hésite à la soutenir.
En plus du fait que la stratégie militaire adoptée par l’armée congolaise est parfois remise en question. Certains analystes estiment qu’elle n’est pas adaptée au contexte spécifique de la guerre contre le M23.
En résumé, les défaites répétées de l’armée congolaise face au M23 sont le résultat d’une combinaison de facteurs internes et externes. Pour inverser la tendance, il est nécessaire de mettre en œuvre des réformes profondes au sein des forces armées, de renforcer la coopération régionale et de trouver une solution politique durable au conflit. Lire aussi : Lubero : Matembe passe sous le contrôle du M23 après de violents combats – Infocongo