Ifasic entrée

L’Université des sciences de l’Information et de la Communication (UNISIC), anciennement IFASIC, traverse une crise sans précédent. Sous la houlette d’un comité de gestion accusé de gestion opaque et de décisions arbitraires, l’établissement semble s’enfoncer dans une spirale négative.

Depuis quelques années, il souffle comme un vent de folie dans cette institution, qui évolue en roue libre, alors qu’elle a formé la crème de la presse de la RDC, et naguère d’autres pays de l’Afrique centrale. En effet, sans infrastructures viables, à la suite d’une décision du recteur, le professeur Jean-Richard Kambayi Bwatshia, cette université va fonctionner dorénavant avec cinq facultés et dix-sept départements, faisant fi de l’instruction académique et, donc, de l’autorisation de la tutelle. Une aberration pour cette institution qui fonctionne clopin-clopant dans un espace exigu !

Professeur Kambayi Bwatshia, recteur IFASIC
Professeur Jean-Richard Kambayi Bwatshia, Recteur de l’UNISIC (ph droits tiers)

Une croissance démesurée au détriment de la qualité

Malgré des infrastructures limitées, le comité de gestion a décidé de multiplier les facultés et les départements, provoquant cette expansion rapide, effectuée sans tenir compte des ressources humaines et matérielles disponibles, mettant en péril la qualité de l’enseignement.

« C’est vraiment la folie. Visiblement, le comité de gestion de l’UNISIC persiste dans son aveuglement, en prenant une décision irrationnelle. Un comité sûr de lui, un brin arrogant et dominateur, au comportant impérieux et méprisant, à la tête d’une université naviguant à la dérive depuis ces trois dernières années. », confie un enseignant, qui préfère garder l’anonymat, pour des raisons évidentes. 

Un climat social tendu

Les tensions sont vives au sein de l’établissement. Le comité de gestion à la tête duquel trône le professeur Kambayi Bwatshia, est accusé de révoquer arbitrairement les délégués syndicaux, de recruter massivement du personnel peu qualifié et de favoriser une gestion opaque des finances.

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« De fait, si la situation actuelle de l’UNISIC peut résulter de l’hubris d’un homme, qui met en avant le soutien politique dont il bénéficie, elle n’est pas moins inédite par la déraison dans laquelle le comité de gestion a choisi de s’installer. Révocation des délégués syndicaux à qui il est interdit l’accès à l’UNISIC, recrutement massif et compulsif d’assistants et de professeurs pas toujours à niveau, certains ayant eu un parcours pas très clair, multiplication irraisonnable et déraisonnable des facultés et départements, pratique autocentrée du pouvoir, le comité de gestion joue au chamboule-tout frénétique.

Les autorités académiques de l’UNISIC continuent à croire à leur caractère irremplaçable voire providentiel quand bien même le personnel leur a signifié la disgrâce. », poursuit, visiblement courroucé, un autre membre du personnel.

Ces pratiques décriées ont entraîné une profonde démotivation du personnel enseignant et administratif.

Une gouvernance contestée

Le comité de gestion est pointé du doigt pour son autoritarisme et son mépris des règles universitaires. Les décisions prises sont souvent motivées par des considérations politiques ou personnelles, au détriment de l’intérêt supérieur de l’établissement.

A droite, le recteur de l’UNISIC, le professeur Denis Kambayi Bwatshia (ph droits tiers)

« Il faut vraiment faire attention parce que les tensions internes, au sein de l’université, sont, aujourd’hui, à leur comble à cause des personnes ivres de pouvoirs et qui sont dans les excès de tout genre. »

Pour bon nombre d’observateurs, l’UNISIC est devenue une étuve. Beaucoup d’enseignants se font rare pour préserver leur santé mentale et éviter d’assister à toutes les « clowneries » devenues quotidiennes. Même si la suite est difficile à prévoir, aujourd’hui, c’est l’incertitude totale sur l’avenir de l’université. La démotivation est générale.

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Des révocations injustifiées

Plutôt que d’entretenir un climat d’harmonie, il est actuellement évident que le comité de gestion a fait preuve d’un manque de vision en cherchant à révoquer ceux qui dénoncent sa mauvaise gouvernance et en multipliant les facultés et départements pour des objectifs statistiques.

 « Il recrute à tour de bras pour se créer une masse critique favorable et avec une volonté d’acier, une obstination presque psychiatrique et une vision mercantiliste. Le comité de gestion s’engage dans la recherche d’argent, en multipliant les facultés et par ricochet, le nombre d’étudiants. L’éthique et le code universitaire sont mis sous le tapis. Un affaissement moral incroyable ! », poursuit un autre enseignant, visiblement dépité !

Les membres de la délégation syndicale de l’UNISIC (ph droits tiers)

Une gestion aux conséquences désastreuses

Les conséquences de cette situation sont multiples : Dégradation de la qualité de l’enseignement à la suite de la multiplication des départements sans moyens supplémentaires, qui entraîne une surcharge des enseignants et une baisse de la qualité des cours.

« Difficile de savoir, aujourd’hui, ce qui prime à l’UNISIC : l’inconscience, l’arrogance ou le ridicule ? Peut-être les trois à la fois. Ou tout bonnement l’incompétence. En tout cas, le scénario qui s’y déroule est celui du pire. », confie une autre victime de l’incurie du comité de gestion.

Mais, il y a aussi le départ des meilleurs éléments : De nombreux enseignants et chercheurs qualifiés quittent l’établissement, lassés par la situation. L’université est abandonnée entre les mains des personnes venues de partout et de n’importe où qui démantèlent une institution prestigieuse comme l’UNISIC-IFASIC, qui est en train de sombrer jour après jour.

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L’une des conséquence et non des moindres est bien entendu la perte de crédibilité : l’UNISIC perd de sa crédibilité auprès des étudiants, des parents et de la communauté scientifique.

Un appel à la responsabilité

De l’avis général, les universités de la République démocratique du Congo (RDC) devraient fonctionner et vivre selon la règle de compétence, capacité, crédibilité et fiabilité. Mais, ici, toute une université publique est en train d’être dynamitée dans l’indifférence générale.

« Il est temps de mettre un coup d’arrêt à cette folie. Seule, la tutelle peut décider si elle souhaite donner une chance à l’UNISIC et inverser la tendance. La farce est trop tragique. », lâche hargneusement un autre membre du personnel.

Face à cette situation alarmante, il faut un sursaut. L’enjeu aujourd’hui est de redresser l’université. Elle ne doit pas continuer à osciller entre le drame et la médiocrité. Il est urgent que les autorités compétentes interviennent pour rétablir l’ordre et la bonne gouvernance à l’UNISIC. Les enseignants, les étudiants et la société civile doivent se mobiliser pour défendre l’avenir de cette institution. Lire aussi : Crise à l’UNISIC : Le personnel exige la démission du comité de gestion – Infocongo