Seth Kikuni, président de Piste pour l'émergence

Après plusieurs jours d’incertitude, le mystère entourant le lieu de détention de Seth Kikuni a enfin été levé. L’opposant politique est détenu dans les locaux de l’Agence Nationale de Renseignement (ANR), sous la supervision du Parquet général près de la Cour d’appel de Kinshasa.

Selon Me Ramazani Shabani, avocat de Seth Kikuni, son client a pu bénéficier d’une visite hier et a été informé des charges retenues contre lui : incitation à la haine tribale, à la désobéissance civile et à la subversion. L’avocat a par ailleurs déposé une demande de libération provisoire, et précise que Seth Kikuni a été entendu pour des faits d’« incitation à la désobéissance civile » et de « propagation de faux bruits ».

Très affaibli

« Tout d’abord, je l’ai trouvé très faible, aussi bien sur le plan physique que moral. Je n’ai pas pu lui parler longtemps. Je l’ai assisté lors de son interrogatoire. C’est difficile d’imaginer quelqu’un qui a été privé de médicaments, privé de nourriture et privé de sa famille pendant plus de douze jours. C’est quand même inadmissible, c’est difficile de comprendre et de s’imaginer qu’il peut aller bien. », a expliqué Me Shabani.

« On lui reproche la propagation de faux bruits ainsi que l’incitation à la désobéissance civile, faits pour lesquels on l’a séquestré pendant pratiquement plus de douze jours dans les geôles de l’ANR [Agence nationale de renseignement]. Ce soir (vendredi 13 septembre), il a été transféré au parquet général où on l’a auditionné. Nous avons profité pour solliciter la liberté provisoire », conclut-il.

Seth Kikuni, président du parti politique Piste pour l’émergence (ph droits tiers)

Répression des opposants et des journalistes

Il apparait donc que les raisons exactes de l’arrestation de Seth Kikuni par l’ANR n’ont pas été officiellement communiquées de manière exhaustive. Les autorités congolaises ont évoqué des accusations d’incitation à la haine tribale, à la désobéissance civile et à la subversion. Cependant, ces accusations sont souvent utilisées par les régimes autoritaires pour museler l’opposition politique.

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Pour rappel, le contexte politique en République Démocratique du Congo est marqué par plusieurs tensions : le pays connait une longue histoire d’instabilité politique, marquée par des conflits armés, des changements de régime et des crises électorales.

Actuellement, les opposants politiques sont régulièrement confrontés à des arrestations arbitraires, à des harcèlements judiciaires et à des restrictions de leurs libertés fondamentales. Les journalistes ne sont nullement épargnés : empêchés de voyager, intimidés, ils voient aussi régulièrement leurs droits bafoués.

Notons par ailleurs que la question de la succession de Joseph Kabila, qui a dirigé le pays pendant plusieurs années, reste une source de tensions. L’arrestation de Seth Kikuni s’inscrive dans ce contexte plus large de répression politique.

Une pression populaire qui a porté ses fruits

C’est sous la pression de l’opinion publique et des nombreuses manifestations de soutien que l’ANR a finalement communiqué sur le lieu de détention de Seth Kikuni. La crainte d’une issue tragique, similaire à celle de Chérubin Okende, a alimenté une vive inquiétude et suscité une mobilisation citoyenne sans précédent. Lire aussi : Disparition inquiétante de Seth Kikuni Masudi : un appel à la libération – Infocongo

Le Cadre de concertation des forces politiques et sociales, dont fait partie Seth Kikuni, a salué cette avancée tout en appelant à la vigilance et à la poursuite de la mobilisation pour obtenir la libération de leur camarade. Claudel Lubaya, cadre de la concertation, a réitéré l’exigence de voir Seth Kikuni recouvrer pleinement sa liberté.

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