Membres présumées de la communauté LGBTQ+

Une opération de police visant à traquer les personnes accusées de « pratiques sexuelles déviantes », en particulier l’homosexualité, ainsi que les auteurs de nuisances sonores, a débuté vendredi 21 juin 2024 dans la ville de Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC).

Cette opération, lancée par la police nationale congolaise, a suscité l’indignation des défenseurs des droits humains, qui la qualifient de violation des libertés individuelles et d’une campagne ciblant la communauté LGBTQ+.

Plusieurs instruments de musique causant des nuisances sonores ont été saisis par la Police

Une opération aux contours flous

L’annonce de cette opération, relayée par l’Agence congolaise de presse (ACP), ne précise ni la définition des “pratiques sexuelles déviantes” visées, ni les méthodes qui seront employées par la police pour identifier et interpeller les personnes concernées.

Cette absence de clarté alimente les craintes des défenseurs des droits humains, qui redoutent une dérive liberticide et une instrumentalisation de la police à des fins discriminatoires. Notons que l’homosexualité n’est pas explicitement illégale en RDC, mais les personnes LGBTQ+ sont confrontées à une discrimination et à une stigmatisation importantes. Cependant, le code pénal congolais réprime les « attentats à la pudeur » et les « outrages aux bonnes mœurs », des dispositions souvent utilisées pour cibler les personnes LGBTQ+.

Une campagne ciblant la communauté LGBTQ+

Drapeau de la communauté LGBTQ+

Les organisations de défense des droits humains dénoncent une opération de police qui s’inscrit dans une campagne plus large de harcèlement et d’intimidation de la communauté LGBTQ+ en RDC, portée par le nouveau ministre de a >Justice et garde des sceaux, Constant Mutamba, qui a instruit le Procureur Général près la Cour de Cassation s’engager les poursuites contre les personnes qui font l’apologie de l’homosexualité en RDC.

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Au cours des derniers mois, plusieurs incidents homophobes ont été signalés, notamment des arrestations arbitraires, des détentions illégales et des violences physiques.

La Police satisfaite

À en croire le commissaire divisionnaire adjoint Blaise Kilimbalimba, patron de la Police dans la ville de Kinshasa, la traque de ces présumés auteurs des pratiques sexuelles déviantes est faite à la suite de plaintes déposées par la population qui subit au quotidien les affres des nuisances sonores des débits de boissons basé dans les communes de Kinshasa et qui encouragent les pratiques favorisant la dépravation des mœurs.

« Le résultat est satisfaisant d’autant plus que les gens que vous avez devant vous, ont été interpellés par le service de la police du commissariat provincial sur base d’une plainte de la population. Ces femmes qui n’ont pas honte de se dénuder devant tout le monde moyennant 15 milles francs congolais. Nous les avons trouvées nues comme Adam et Eve. Vous voyez le degré qu’on enseigne aux enfants et aux citoyens de la capitale. Soucieux de cette action qui détruit l’humanité, la jeunesse kinoise, il fallait stopper cette hémorragie.», a-t-il indiqué.

Plusieurs personnes sont tombées dans les filets de la Police, soupçonnées de “pratiques sexuelles déviantes”

Les ONG de défense des droits humains vent debout

Les défenseurs des droits humains appellent les autorités congolaises à mettre fin immédiatement à cette opération et à respecter les libertés individuelles et les droits fondamentaux de toutes les personnes, quelle que soit leur orientation sexuelle.

Ils exhortent également la communauté internationale à condamner cette campagne de répression et à faire pression sur le gouvernement congolais pour qu’il garantisse la sécurité et le respect des droits de toutes les personnes. Lire aussi : Kinshasa : Police et FARDC lancent des patrouilles mixtes pour sécuriser la ville – Infocongo