Suspicions sur le financement des élections en RDC

Le budget des élections en République Démocratique du Congo (RDC) est un sujet sensible, complexe et souvent controversé. Alors que l’opinion publique s’interroge sur les sources de financement des scrutins du 20 décembre 2023, les services de la Reddition des Comptes révèlent que 141,3 millions $ des fonds de la Banque Mondiale auraient été utilisés pour financer les élections présidentielle, législatives nationales et provinciales.

Cette information a provoqué un tollé au sein de la société civile congolaise. La coalition « Congo n’est pas à vendre » (CNPAV) dénonce l’utilisation des appuis budgétaires pour financer les élections, la jugeant contraire aux principes de la bonne gouvernance et de la transparence. Jimmy Kande, membre de la CNPAV, redoute que cela ne détourne des fonds d’autres secteurs importants comme l’éducation et la santé, et ne contribue à la corruption et à l’affaiblissement de la démocratie.

Bureau de la CENI (archives infocongo.net)

En 2022 et 2023, la Banque Mondiale a accordé à la RDC des aides conséquentes : 750 millions $ pour soutenir la gouvernance, la connectivité, le transport et le numérique, et 900 millions $ pour financer les réformes de la gouvernance économique et un projet d’autonomisation des filles. Si l’institution n’interdit pas l’utilisation libre de ces fonds par le gouvernement congolais, elle insiste sur le respect des principes de bonne gouvernance et de transparence.

Mutisme assourdissant du ministère des Finances

Face à ces révélations, le silence des autorités congolaises est assourdissant. Le cabinet du ministère des Finances refuse de commenter, tandis que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) se contente de déclarer qu’elle n’a pas le droit de s’interroger sur l’origine des fonds. La Banque Mondiale, quant à elle, n’a pas pu être jointe pour une réaction.

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Le cas des appuis budgétaires de la Banque Mondiale n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de la gestion opaque des finances publiques en RDC. La Cour des Comptes a épinglé dans son rapport 2022 de multiples cas de mauvaise affectation des fonds, notamment 8,3 millions $ du Fonds de la BAD destinés aux PME et microfinance dirigées par des femmes, et 64,4 millions $ du projet d’opérationnalisation de la zone économique spéciale de Maluku.

L’utilisation des fonds publics pour financer les élections en RDC soulève de nombreuses questions. D’où proviennent réellement ces fonds ? Comment sont-ils utilisés ? Quelles sont les implications pour la gouvernance et la démocratie dans le pays ? La société civile congolaise et les partenaires internationaux de la RDC doivent exiger des réponses claires et transparentes de la part des autorités congolaises.

En conclusion, le financement des élections en RDC est un sujet qui mérite une attention particulière. La population congolaise a le droit de savoir comment les fonds publics sont utilisés et de s’assurer que les élections se déroulent de manière transparente et crédible. La communauté internationale doit également jouer un rôle actif en s’assurant que les fonds alloués à la RDC sont utilisés de manière responsable et efficace. Lire aussi : Élections 2023 : Les États-Unis apportent une contribution de 23,75 millions de dollars à la CENI – Infocongo