Journalistes brutalisés par la police à Goma

Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète des attaques et arrestations des journalistes couvrant le processus électoral Congolais et appelle les autorités et les acteurs politiques à prendre des mesures immédiates pour protéger le travail des médias, essentiel au processus démocratique.

En effet, en République démocratique du Congo (RDC), les manifestations politiques de la période pré-électorale ont entraîné une recrudescence des attaques contre les journalistes.

Depuis juillet, au moins sept journalistes ont été attaqués par des acteurs politiques de tous bords, établis dans la capitale Kinshasa ou à Kananga au centre de la République démocratique du Congo (RDC). L’un d’eux doit répondre à la justice à la suite d’une plainte pour diffamation émanant d’un homme politique.

Journalistes couvrant une activité au salon présidentiel à Ndjili Aéro

Ces incidents mettent en lumière un contexte pré-électoral tendu, qui compromet la sécurité des journalistes. Les élections générales sont prévues le 20 décembre prochain. Le président Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis 2019, sera candidat pour un second quinquennat.

Violences croissantes contre les journalistes

« Chaque jour compte son lot de violences contre les journalistes en RDC. C’est devenu très inquiétant, d’autant que certaines attaques sont le fait d’acteurs politiques ou de leurs soutiens. À quatre mois des élections, la classe politique doit respecter le rôle crucial des médias.

Pour prévenir et empêcher tout type d’attaque contre les journalistes, RSF invite les autorités à émettre et diffuser largement une déclaration publique à l’ensemble des candidats et partis en lice, ainsi qu’aux forces de l’ordre, pour rappeler que les médias et les journalistes sont essentiels au processus démocratique et que quiconque porte atteinte à leur intégrité ou entrave leur droit d’informer et celui des citoyens à être informé, devra faire face à  la loi », a dit Sadibou Marong, Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF.

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Le 29 juillet, à Kananga, un véhicule de reportage a été caillassé par des individus à motos. Il transportait plusieurs journalistes dont Trésor Kalafayi de Congo Web TV, Elysée Odia du site d’information Yabisonews.cd, Didier Kebongo du quotidien Forum des As, Danou Kefula de la chaîne privée Canal Kin télévision et Jean Pierre Kayembe de ‘Non à la balkanisation TV’.

L’équipe de reportage se trouvait à l’aéroport de la ville pour couvrir l’arrivée du député Delly Sesanga, président du parti Envol et candidat déclaré à la présidentielle, qui devait organiser un meeting. Didier Kebongo a déclaré à RSF que les conducteurs de motos – supposés être des rivaux du candidat – ont lancé des cailloux pour les empêcher de prendre des images. “Ils ont expressément choisi notre véhicule qui avait pourtant le sigle ‘presse’, et certains d’entre nous ont été blessés. C’est par chance que nous avons été exfiltrés par la police », ajoute-t-il.

Aucune action contre les bourreaux des journalistes

Bien que le gouvernement ait condamné l’attaque et promis l’ouverture d’une enquête, l’incident est loin d’être isolé. Le même jour, à Kinshasa, un reporter pour le site d’information Actu7.cd, Frank Kalonji, a été agressé et son téléphone arraché par des militants du parti d’opposition Ecide de Martin Fayulu, qui l’ont accusé d’être « un espion du parti au pouvoir ».

Début juillet, son confrère Doux-Jésus Beledu, directeur du média en ligne liberteactu.cd, a lui aussi, été attaqué dans la capitale, par des individus supposés être encore une fois des militants de l’opposition. Selon ses explications, un groupe de personnes l’a reconnu puis encerclé. « Ils ont alors commencé à me menacer, me taxant de journaliste du pouvoir et l’un d’eux a lancé un projectile en fer qui m’a atteint à la tête. »

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Plainte contre un journaliste

Pendant cette période pré-électorale, un journaliste a également été traduit en justice. À Bukavu, dans l’est du pays, Pascal Kamanzi, à l’époque journaliste à la radio FAN Fm, risque jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et une amende, s’il est condamné le 24 août par la justice. La raison ? Mushi Bonane, célèbre homme politique local, a porté plainte contre lui pour « diffamation, imputations dommageables et dénonciations calomnieuses ».

Bonane n’avait pas apprécié une émission de débat politique diffusée en direct en avril, au cours de laquelle un rival politique l’a critiquée. Bonane a refusé le droit de réponse pourtant proposé en bonne et due forme par la radio. RSF demande aux autorités judiciaires de la RDC d’abandonner toutes les charges qui pèsent contre Pascal Kamanzi. Lire aussi: Journalistes brutalisés et manifestants molestés par la police dans une marche contre le M23 à Goma – Infocongo

Avec Actualité.cd