Les autorités du Sud-Kivu ont accusé mercredi le Rwanda d’avoir l’intention d’« attaquer » cette province de l’est de la République démocratique du Congo, après des coups de feu à la frontière entre les deux pays, qui ont provoqué de nouveaux échanges acrimonieux.
Dans un communiqué, l’armée rwandaise a été la première à accuser des éléments des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), « estimés à environ une section », soit 12 à 14 hommes, d’être entrés en fin de nuit dans la zone neutre entre les deux pays au niveau du poste frontière de Rusizi, dans le Sud-Kivu.
Ces hommes « ont ouvert le feu sur notre poste frontalier. Nos forces de sécurité ont riposté et les soldats des FARDC se sont retirés », ajoute dans son communiqué l’armée rwandaise. Celle-ci précise avoir demandé au mécanisme de vérification des incidents entre les deux pays « d’enquêter sur cet acte de provocation ».
Également dans un communiqué, le gouverneur du Sud-Kivu, Théo Ngwabidje a répliqué qu’« il s’agit là d’accusations notoirement mensongères »,
Selon lui, il s’est bien produit « un incident » au poste frontalier, mais il s’agissait d’une « altercation », avec « échange de tirs », entre d’une part des policiers et militaires congolais, d’autre part « une bande de criminels qui fuyaient ». Il y a eu un mort et un blessé parmi les « bandits ».
“Les FARDC n’ont pas franchi la zone neutre”
« En aucun cas, les FARDC n’ont franchi la zone neutre, encore moins ouvert le feu en direction du Rwanda », affirme le gouverneur.
Selon lui, « la tendance du Rwanda à vouloir se victimiser et créer des tensions, en alléguant des faits mensongers, révèle sans nul doute son intention de vouloir attaquer la province du Sud-Kivu, comme c’est le cas de la guerre d’agression qu’il mène au Nord-Kivu. »
Cet incident survient alors que les relations entre la RDC et le Rwanda se sont envenimées depuis la résurgence fin 2021 dans la province du Nord-Kivu, voisine du Sud-Kivu, du M23, un groupe terroriste soutenu par Kigali selon des experts de l’ONU et plusieurs pays occidentaux.
Le mois dernier, le Rwanda avait accusé, pour la 3e fois, un avion de chasse congolais d’avoir violé son espace aérien en face de la ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu. L’appareil avait essuyé des tirs mais était parvenu à atterrir à Goma.
Par ailleurs, dans le Sud-Kivu, un accrochage avait été signalé fin janvier par des sources congolaises entre des militaires rwandais et la police de RDC sur une petite île du lac Kivu, qui marque la frontière entre les deux pays. Les autorités rwandaises n’avaient pas communiqué sur cette affaire. Lire aussi : Un rapport de HRW accuse le M23 soutenu par le Rwanda d’exécutions sommaires et recrutements forcés