Vidiye Tshimanga, conseiller de Félix Tshisekedi

C’est un scandale le mêlant à une possible tentative de trafic d’influence, révélé jeudi 15 septembre par le journal suisse Le Temps, qui a publié plusieurs vidéos dans lesquelles il négocie de l’argent auprès de vrais ou faux investisseurs, qui a eu raison de celui qui affirme sans ambages avoir financé la campagne politique de Félix Tshisekedi pour qu’il devienne président de la RDC. Vidiye Tshimanga, le conseiller stratégique du président congolais, rattrapé par ces vidéos a préféré rendre le tablier.

« Suite au scandale suscité par l’article orienté de l’OCCRP, daté de ce jeudi 15 septembre 2022, je me vois dans l’obligation éthique de vous présenter ma démission de la fonction de Conseiller Spécial du Chef de l’État », dit-il dans cette correspondance adressée au président Tshisekedi.

« Ceci, aussi, afin de faire la lumière sur les commanditaires de ce montage grossier, dont nous détenons un enregistrement qui contredit le sens qu’ils ont voulu donner à mes propos sortis de leurs contexte », promet Vidiye Tshimanga.

Magouille et trafic d’influence à la présidence de la RDC

La scabreuse affaire s’est passée dans restaurant londonien au mois de juillet. Les mystérieux interlocuteurs de Vidiye sont un homme et une femme. Ne se sachant pas piégé, le conseiller leur dit au téléphone : « Vous allez investir vos 200 millions. Vos 200 millions sont à vous. Vous devez faire du profit. Nous allons partager les parts de la société. Pas pour mes beaux yeux mais parce que je vous apporte de la sécurité ».

Pendant ce temps, le conseiller stratégique est filmé en cachette par ces pseudos investisseurs à qui il propose ses services pour l’acquisition des licences minières en RDC.

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Après la publication des vidéos, le désormais ex-conseiller stratégique a, dans un premier temps, évoqué une campagne menée contre lui. Il a, dans la foulée, promis de faire une mise au point. « J’ai déposé ma démission ce matin auprès du chef de l’État. Une décision mûrement réfléchie afin d’avoir toute la liberté de dénoncer et lever le voile sur les commanditaires de cette machination. Et ainsi démontrer, preuves à l’appui, les manipulations et détournements de mes propos », a-t-il annoncé à nos confrères de Jeune Afrique.

Le désaveux…

Entretemps, mis au parfum du scandale qui éclabousse le sommet de l’Etat, dans un communiqué publié ce vendredi 16 septembre, le cabinet du président de la République par sa cellule de communication prend ses distances avec l’intéressé : « la lutte contre la corruption est un des piliers de l’action du président de la République son excellence Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo depuis son accession à la tête du pays. Le chef de l’État a constamment fait montre de fermeté pour combattre ce fléau qui appauvri notre pays depuis des décennies. La défense de l’intérêt général, le respect strict de la loi et la promotion de l’état de droit sont au cœur de la vision du président Tshisekedi pour édifier une justice sociale profitable à tous les congolais. Cela ne se fera qu’au prix de l’exigence d’exemplarité de la part de chaque congolais, à commencer par ceux qui dirigent le pays.

 Toute personne, y compris au sein du cabinet du président de la République dont le comportement avéré aura enfreint la loi, la déontologie de sa fonction ou le règlement d’ordre intérieur du cabinet présidentiel subira la rigueur de leurs effets. »

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Drôle de complot

Mais Vidiye Tshimanga pense plutôt à un complot contre le président et la République : « Cela démontre à quel point la République est visée, ciblant son Chef et c’est ma personne qui a été choisie », dit-il dans une communication faite aussitôt après avoir présenté sa démission.  Il insiste même dans sa communication qu’il s’agit d’un « grossier montage relayé avec acharnement ». « Il faut signaler que ceci sort comme par hasard, quelques jours après la visite du conseiller de Biden et, quelques jours avant l’allocution du Président de la République aux Nations unies », ajoute-t-il.

Et pourtant, dans une des vidéos, on l’entend clairement dire sans détour : « Si nous faisons des affaires ensemble, je prendrai mon… pourcentage de l’investissement et je gagnerai de l’argent », tout en promettant d’user de son influence pour obtenir des licences d’exploitation minière, éviter la paperasserie aux investisseurs et « protéger » leur investissement contre des fonctionnaires indiscrets. Il ira jusqu’à suggérer qu’il agit pour le compte du président. « Si je demande [au président] quelque chose, il donne ». « Moi, c’est le président… Le président ne fait pas d’affaires [directement] ». Lire aussi:https://www.letemps.ch/monde/prendrai-pourcentage-un-conseiller-congolais-piege-faux-investisseurs