« Quand je vois la réaction du monde par rapport à l’agression de l’Ukraine, toutes les sanctions qui ont suivi, et des milliards de dollars mobilisés, on ne peut pas continuer à fermer les yeux sur des millions de morts du Congo et croire que nous vivons sur la même planète », a déclaré dimanche à Bukavu le docteur et Prix Nobel de la Paix Denis Mukwege, devant le couple royal belge venu lui rendre visite à lui et à son hôpital de Panzi, qui se consacre aux soins des victimes de guerre, plus précisément aux femmes victimes de viols et autres violences sexuelles.
On imagine aisément l’étonnement du Souverain belge devant un tel discours sur la réalité congolaise, lui qui, depuis son arrivée en terre congolaise le mardi 07 juin dernier, n’a été confronté qu’à des scènes et à des spectacles bon enfant, notamment avec un accueil délirant de tout ce que Kinshasa compte comme dignitaires officiels, habillés de pied en cape pour l’occasion. Le Monarque qui n’en demandait certainement pas autant, a même dû assister lors d’un détour à l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa, à une exhibition de troubadour du Gouverneur de la ville, mué en tambourinaire improvisé du Chef de l’Etat congolais.
Du dîner de gala en son honneur à son discours devant le Parlement congolais réuni en Congrès, tout est resté dans les limites du politiquement correct de la part de ses interlocuteurs congolais, qui d’ailleurs l’ont vite mis à l’aise, en lui laissant entendre leur volonté à oublier le passé, qu’il soit colonial, ante ou post-colonial.
Le seul bémol de l’étape de Kinshasa peut être mis certainement sur le compte du Directeur général de l’INRB le professeur Muyembe Tamfum qui a eu le culot d’avouer devant les hôtes de marque du pays, que son organisme, qui s’occupe pourtant de la gestion des pandémies dont le covid-19, la fièvre à virus Ebola et bientôt peut-être le Monkey Pox, n’a jamais reçu un seul sou vaillant de frais de fonctionnement.
Il fallait donc attendre l’étape de la lointaine et montagneuse Bukavu, pour que le couple royal belge se retrouve face une personnalité congolaise encore assez lucide, pour lui décrire les vrais défis qui accablent les congolais, en termes d’insécurité avec ses corollaires, de pauvreté généralisée, et d’incurie d’une classe politique plus prompte à la rapine, qu’à la défense des intérêts de son peuple. Pas de doute que cette nouvelle saillie de Denis Mukwege, lui fasse des nouvelles inimitiés solides dans le microcosme politique national, lui qui en compte déjà autant, et pas des moindres. Lire aussi: RDC : A Bukavu, le couple royal belge était très attendu par le docteur Denis Mukwege
Lolo Luasu B.