RDC/Rwanda : Félix Tshisekedi à contre-courant de son opinion publique ?

Déjà, une grande partie des populations congolaises, surtout celles de l’est, était restée perplexe sur les motivations profondes du Président Félix Tshisekedi à l’annonce de la signature des accords sur l’exploitation des minerais d’or de la Sakima par un raffineur d’or installé au Rwanda, et par l’autorisation accordée à la Compagnie Rwand’Air d’installer son hub à l’aéroport de Goma au Nord-Kivu.

Mais les congolais sont passés de la perplexité à un sentiment de nette indignation, à la faveur de la résurgence du mouvement armé du M23, ouvertement soutenu par le régime de Kigali. Outre la valse-hésitation qui a prévalu au sein du régime de Kinshasa à pointer du doigt le régime Kagame dans cette crise, les congolais ont eu bien du mal à digérer la dernière nouvelle faisant état de la libération « sans contrepartie » des deux militaires rwandais capturés sur le sol congolais.

La presse proche du régime a présenté cette relaxation comme « un signe d’apaisement » dans le chef du Président congolais, sur conseil pressant du médiateur angolais Joao Lourenço, commis à cet office par l’Union africaine.

Une explication qui passe mal auprès de l’opinion qui constate que du côté de Kigali, on multiplie plutôt les déclarations va-en-guerre, plutôt que des signaux de volonté d’apaisement. De même, les congolais qui attendaient une condamnation explicite du régime Kagame par la Communauté internationale par ailleurs largement courtisée par le régime Tshisekedi, ont encore eu la mauvaise surprise de s’entendre resservir la même antienne des appels au dialogue avec l’agresseur, alors que de Goma à Muanda, en passant par Bukavu, Lubumbashi, Kisangani et Kinshasa, des foules envahissent les rues pour réclamer des mesures fortes contre le multi-récidiviste Paul Kagame.

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Du côté du pouvoir, les congolais attendent encore un discours fort à la mesure du défi sécuritaire que nous impose le belliqueux voisin de l’est. Mais jusque-là, Kinshasa n’a réagi que par un minimum syndical, à travers la fermeture des frontières terrestres et la suspension des vols de Rwand’Air sur le territoire national.

Comme pour pousser les décideurs congolais qui donnent l’impression d’être timorés, des centaines de jeunes de Bukavu, ont tenté de forcer la frontière de Ciangungu à mains nues, pour montrer leur détermination à défendre la patrie. Lire aussi: RDC/Rwanda : les deux militaires rwandais capturés au Nord-Kivu ont été libérés