L’ambassadeur de l’UE Jean-Marc Châtaigner annonce que 200 congolais « ont déjà pu trouver refuge en Pologne

Jean-Marc Châtaigner, ambassadeur de l’Union européenne en poste à Kinshasa, a annoncé que 200 congolais venant du territoire ukrainien « ont déjà pu trouver refuge en Pologne ». « Toute personne désirant quitter l’Ukraine, envahie par la Russie, doit pouvoir le faire, sans aucune discrimination », a déclaré le diplomate européen qui a ajouté que « les évacuations sont en cours ».

Notons que le Ministère des Affaires étrangères, mène des discussions avec les diplomates des pays concernés pour trouver uneissue en faveur des congolais vivant en Ukraine. A cet effet, Alexey Sentebov, Ambassadeur de la Fédération de Russie, a été reçu lundi 28 par Christophe Lutundula Apala Pen’Apala, Vice-Premier ministre, Ministre des Affaires Etrangères de la RDC. Les deux hommes ont échangé sur les questions liées à l’aide à l’évacuation des congolais qui étudient dans des établissements d’enseignement supérieur ukrainiens.

Le Chef de la diplomatie congolaise recevra également ce mardi l’ambassadeur de Pologne en poste à Kinshasa au sujet de la même question.

Bataille de communication

Entre-temps, la bataille de communication a déjà atteint Kinshasa, où les diplomates européens brandissent leur soutien à l’Ukraine. De son côté, l’ambassade russe est active sur les réseaux sociaux et a même développé une chaîne Telegram.

L’Union Africaine s’éveille enfin

Dans la journée de lundi, l’Union africaine (UA) est sortie de sa léthargie et a émis un communiqué se disant « particulièrement préoccupée par les informations rapportées selon lesquelles les citoyens africains, se trouvant du côté ukrainien de la frontière, se verraient refuser le droit de traverser la frontière pour se mettre en sécurité ».

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Le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, président en exercice de l’UA, et le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, ont rappelé que « toute personne a le droit de franchir les frontières internationales pendant un conflit (…) quelle que soit sa nationalité ou son identité raciale ».

Appliquer un « traitement différent inacceptable » aux Africains serait « choquant et raciste » et « violerait le droit international », souligne le communiqué de l’UA. En effet, parmi les centaines de milliers de personnes qui tentent de fuir l’Ukraine vers les pays voisins, notamment la Pologne, figurent de nombreux ressortissants africains, pour la plupart étudiants. Mis, les accusations de comportements racistes à leur égard se multiplient.

En Afrique, de nombreux pays, dont le Nigeria et l’Afrique du Sud, tentent d’aider leurs ressortissants à fuir l’Ukraine alors que croissent les accusations de racisme à l’encontre d’Africains aux frontières ukrainiennes. Le Maroc et la Tunisie ont déjà commencé à évacuer leurs citoyens, alors que le Nigeria a exhorté lundi les autorités frontalières d’Ukraine et des pays voisins à traiter « avec dignité » ses citoyens.

« Des informations regrettables » indiquent que « la police ukrainienne et le personnel de sécurité refusent de laisser les Nigérians monter dans les bus et les trains » vers la Pologne, a déclaré le porte-parole de la présidence nigériane Garba Shehu.

Ukrainiens d’abord

« Dans une vidéo qui circule largement sur les réseaux sociaux, une mère nigériane avec son jeune bébé a été filmée en train d’être forcée physiquement de céder son siège », a-t-il poursuivi, ajoutant que selon d’autres informations, des fonctionnaires polonais ont refusé l’entrée en Pologne à des Nigérians venant d’Ukraine.

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« Tous ceux qui fuient une situation de conflit ont le même droit au passage en toute sécurité en vertu de la convention des Nations unies, et la couleur de leur passeport ou de leur peau ne devrait faire aucune différence », a-t-il insisté.

Le porte-parole du ministère sud-africain des Affaires étrangères, Clayson Monyela, a lui aussi affirmé que les Africains étaient victimes de « mauvais traitements » à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne et que l’ambassadeur d’Afrique du Sud s’y était rendu pour aider un groupe de Sud-Africains, majoritairement des étudiants, coincés, à entrer en Pologne.

Ces accusations de racisme ont été rejetées, notamment par l’ambassadrice de Pologne au Nigeria, Joanna Tarnawska.

« Tout le monde reçoit un traitement égal. Je peux vous assurer que, selon les informations dont je dispose, certains ressortissants nigérians ont déjà franchi la frontière avec la Pologne », a-t-elle déclaré à des médias locaux.

Selon Mme Tarnawska, les documents d’identité invalides sont acceptés pour franchir la frontière et les restrictions liées au Covid-19 ont été levées. Les Nigérians disposent d’un délai de 15 jours pour ensuite quitter le pays, a-t-elle ajouté.

Le parcours du combattant pour quitter l’Ukraine

Certains Nigérians qui ont franchi la frontière ont décrit leur voyage dans l’obscurité jusqu’aux frontières bondées où des fonctionnaires donnaient la priorité aux femmes et enfants ukrainiens.

Arrivée en Pologne, Stéphanie Agekameh, étudiante en médecine, a ainsi affirmé que les responsables du poste-frontière de Medyka s’occupaient d’abord des Ukrainiens : « un des officiers est venu et nous a dit que c’est plus dur pour nous, les étrangers, parce qu’ils doivent contacter notre gouvernement dans différents pays ».

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Depuis le début de l’offensive russe, plus de 500.000 Ukrainiens ont gagné des pays frontaliers, dont la moitié ont rejoint la Pologne, selon l’ONU.

Pour l’heure, plus de 260 Nigérians ont été accueillis par les ambassades, éparpillés entre Roumanie, Hongrie et Pologne. Près de 200 autres sont attendus lundi, d’après le ministère nigérian des Affaires étrangères.

Le gouvernement ghanéen a quant à lui déclaré qu’il rencontrerait les parents des étudiants bloqués en Ukraine et a envoyé des fonctionnaires de l’ambassade aux postes frontaliers pour les aider.

La Côte d’Ivoire, qui compte environ 500 ressortissants en Ukraine d’après les médias locaux, a également indiqué prendre des dispositions pour leur évacuation.

D’après le ministère kényan des Affaires étrangères, 201 Kényans sont en Ukraine, majoritairement des étudiants. Le ministère a récemment indiqué qu’ils étaient tous sains et saufs, même si certains restaient bloqués à la frontière polonaise en raison de restrictions de visa. Lire aussi: La RDC va solliciter l’autorisation d’accès du territoire polonais pour les Congolais bloqués en Ukraine