Christophe Mboso Nkodia

Alors que toutes les forces vives de l’UDPS sont vent debout depuis deux semaines contre leur Président ai Jean-Marc Kabund dont elles réclament le scalp, l’intéressé semble s’être muré dans un silence abyssal, laissant prospérer autour de sa personne et de son devenir les rumeurs les plus folles.

Et tout à coup, depuis hier jeudi, est sorti du bois un nommé Gratien Iracan, député de son état, dont on apprend qu’il préside le groupe des députés des 26 provinces(G26), et qui lance une sommation au Président de l’Assemblée nationale Christophe Mboso Nkodia Mpuanga, avec injonction de mettre de l’ordre dans sa gestion de l’hémicycle endéans trois jours, sous peine de déchéance.

Gracian Iracan député national
Gratien Iracan, député national

Avis de tempête sur Mboso

Pourtant, Mboso Nkodia Mpuanga, transfuge du FCC et seul élu de son parti, passait jusque-là des jours paisibles à la tête du Bureau de l’Assemblée nationale, fort de la majorité écrasante de l’union sacrée et de son allégeance presque mécanique à tous les desideratas de la Présidence de la République.

Et puis, est arrivé l’affaire Kabund, son 1er Vice-président, désormais en délicatesse justement avec la même Présidence et qui lui, est maintenant poussé à la démission forcée, après la casse de son domicile de Kingabwa.

Jean-Marc Kabund
Jean-Marc Kabund, président a.i UDPS

Ce vendredi 28 janvier, Kinshasa s’est réveillée avec un communiqué du même G26, appelant les députés présents dans la ville, à une réunion urgente dont l’ordre du jour fait presque froid dans le dos.

Signé par Gratien Iracan,  le communiqué renseigne qu’il sera question à l’ordre du jour entre autres, « de la perte du pouvoir législatif de l’Assemblée nationale, de la neutralisation, de la manipulation(par Mboso) des autres membres du Bureau et des organes de l’Assemblée nationale, l’absence des réunions de la conférence des Présidents,… l’utilisation abusive des frais de fonctionnement, la tolérance d’une gestion financière délinquante au sein des différentes institutions de la République, cause du chaos généralisé du pays, et la disparition des 16 véhicules Palissades remis par l’institution Président de la République ».

Lire :  Vers un dédoublement du Bureau de l'Assemblée nationale

Au total, le communiqué du G26 égrène près de 20 griefs aussi mortifères les uns que les autres, contre celui qui est encore considéré comme le premier des mohicans de l’union sacrée.

Qui est derrière toi?

A Kinshasa, des analystes n’ont pas traîné à identifier un lien direct entre l’affaire Kabund et les tribulations qui commencent à s’accumuler sur la tête du speaker de la Chambre basse. Les plus audacieux y décèlent déjà comme une amorce d’attaque frontale de la part de Kabund, contre le Président de la République, et son entourage politique et familial qui ne jurent plus que par sa perte.

Le communiqué du G26 ressemble en effet dans sa phraséologie, comme une goutte d’eau aux dernières prises de parole de Jean-Marc Kabund au sein de l’hémicycle, et semble traduire une volonté des auteurs de prendre d’assaut l’actuelle majorité de l’union sacrée, et de se positionner dans un combat face-à-face avec l’institution Présidence de la République.

Au lendemain de la mise à sac de sa résidence, Jean-Marc Kabund avait déclaré que la joie des commanditaires de cet acte, « sera de courte durée ». Une phrase qui était à l’époque passée inaperçue, qui commence peut-être à prendre tout son sens, avec ce qui est en cours aujourd’hui. Lire aussi: Assemblée nationale : avis d’intempérie sur le Bureau Mboso