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Alors qu’à Kinshasa, les deux Chambres du Parlement sont occupées à proroger ad vitam aeternam l’état de siège décrété sur les deux provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, sur le terrain, les nouvelles ne sont pas bonnes. Certains diraient qu’elles sont même inquiétantes, pour ne pas dire franchement catastrophiques.

Ce matin de vendredi 23 juillet, cette contrée que l’on dit quadrillée par les forces armées de la République, a encore dénombré ses morts, avec le massacre de près de 17 civils tués dans une énième embuscade des forces dites négatives, selon un bilan encore provisoire.

Le Gouvernement central, les autorités militaires provinciales, tout comme l’état-major de l’armée, font état chaque jour de nouvelles redditions dans les rangs des milices et des forces négatives, des dizaines d’hommes armés neutralisés, ou de nouvelles caches d’armes découvertes, mais cela ne semble pas arrêter la comptabilité macabre des civils massacrés parfois dans leur sommeil, des centaines de cases incendiées, et des milliers d’autres personnes obligées de prendre les sentiers des déplacés, avec leurs baluchons et leurs dépendants en bandoulière.

Réussite, aveu d’échec, ou itinéraire vers une déconfiture ?

A Beni, à Lubero ou dans certains territoires de l’Ituri, des observateurs affirment qu’il est aujourd’hui difficile de faire la différence entre l’avant et le pendant état de siège, sauf le bâillonnement des libertés publiques imposé par la nouvelle administration militaire. Les razzias des groupes armés, avec leur lot de désolations, continuent de plus belle comme dans le passé, et se seraient même aggravées depuis la mise sous coupe réglée des militaires de ces deux provinces.

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Ce qui est plus étonnant dans cette situation, c’est l’absence totale jusque-là, d’un début d’évaluation par le pouvoir central de cet état de siège, qui s’achemine vers son deuxième mois, et que nos élus nationaux renouvellent à chaque fois, pratiquement les yeux fermés, et sans se poser la moindre question sur son évolution.

Les observateurs se souviennent que lors de sa présentation au Parlement, le projet de loi sur l’état de siège, avait été adopté dans l’enthousiasme général par les élus nationaux, sans limitation de temps, sans chronogramme précis, sans évaluation définie des moyens disponibles, et selon certaines sources, sans définition du profil des hommes appelés à sa mise en œuvre.

Comme c’est souvent le cas en RDC quand il s’agit de délibérer sur des questions majeures du pays, tout, du sommet de l’Etat aux élus du peuple, s’est passé au pifomètre, en mode « kibudi-kibudi », comme le disent si bien les congolais.

Sauf qu’à ce jour, plus personne ne sait qui croire dans cet embrouillamini de l’est, entre les discours triomphalistes des services de sécurité, souvent reliés par le pouvoir en place, et les cris d’alarme récurrents des leaders de la société civile locale, qui penche plutôt pour une gigantesque fumisterie, quant à la pertinence de cet état de siège. Lire aussi: Beni :16 morts dans une nouvelle embuscade ADF près d’Oïcha