Gentiny Ngobila, gouverneur de la ville de Kinshasa

La réaction de la population kinoise a forcé le gouverneur de la ville de Kinshasa à rétropédaler, revoyant son arrêté pris pour lutte contre la propagation de la troisième vague du Covid-19 dans la capitale, notamment dans le secteur des transports en commun.

En effet, privé de moyens de transport, les habitants de Kinshasa, ont dû parcourir à pieds de longues distances pour soit atteindre leur lieu de travail, soit pour regagner leurs domiciles. En pour cause, dans un arrêté pris le 21 juin dernier, le Gouverneur de la ville province de Kinshasa, Gentiny Ngobila Mbaka, a renforcé les mesures de lutte contre la propagation de la troisième vague de la Covid-19 qui sévit à Kinshasa, avec des variants indien et Sud-africain qui s’avèrent plus dangereux.

Kinshasa sans transports en commun

Les habitants de la capitale ont été surpris de voir le mercredi 22 juin matin, le prix des transports publics augmenter. Pour les taxis motos, une course qui coûtait 1.000FC était passée à 2.000 FC, la course de 1.500 était passée à 3.000FC et le trajet de 2.000 FC s’effectuait à 4.000 FC. Donc, le prix des transports dans la capitale a doublé au vu et au su de la même autorité urbaine, alors qu’il y a presque plus de six mois, les mêmes transporteurs avaient majoré les prix des transports en commun sans réaction de la part du chef de l’exécutif provincial.

Le mercredi 23 juin à Kinshasa, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont dû marcher à pieds en file indienne de Kingasani jusqu’au niveau du rond-point Victoire à Matonge. Chemin faisant, elles scandaient des chants hostiles au pouvoir.

Au niveau de Limete, ils ont été accueillis à froid par les combats de l’UDPS, qui ne pouvaient pas faire face à cette marée humaine qui marchait pacifiquement sur le boulevard Lumumba.

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Les transporteurs ayant préféré effectuer des trajets de courte distance pour équilibrer les 50% de leur capacité d’accueil, comme exigeait l’arrêté du Gouverneur, ont pénalisé la population.

Rétropédalage

Ayant compris que c’est la population qui paie le prix et pour éviter de faire monter davantage la tension dans la capitale, une réunion a été convoquée d’urgence le mercredi soir par le Gouverneur Gentiny Ngobila pour revoir certaines mesures, notamment les prix des transports publics.

A ce sujet, le Chef de l’exécutif provincial a levé la mesure de limiter la capacité d’accueil à 50%. Cette mesure est allégée, les bus vont transporter les clients tous assis avec port obligatoire de masque. Il ne sera pas admis de clients debout dans les bus.

Des mesures responsables aux conséquences néfastes

Les mesures prises par Gentiny Ngobila sont responsables, mais avec des conséquences néfastes sur la population. La première chose est que l’autorité urbaine devrait se concerter avec le Chef de l’État pour distribuer gratuitement les masques à la misérable population de la capitale vivant avec moins de 5 dollars le Jour. Une deuxième possibilité était de fabriquer des masques en tissu et les revendre à 100 FC la pièce, afin de donner l’occasion à tout le monde d’en acheter. Et instruire strictement les transporteurs à ne pas majorer le prix des courses.

Mais, également équiper les policiers commis à veiller sur ces mesures de carnets de quittance pour les amendes afin que cet argent atterrît au Trésor public. Comment les policiers vont-ils justifier les amendes qui seront payées par les contrevenants ? 

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La joie d’un policier

Barrière de Police
Barrière de Police

Après l’annonce de l’arrêté du Gouverneur, un policier raconte à ses collègues dans un corps de garde : « Ngobila kweisa, policier asepela, civil bilanga na biso » (La décision de Ngobila fait la joie de policier, le civil est notre source d’approvisionnement). En analysant la phase de ce policier, on comprend que le Gouverneur leurs a donné une source de revenus quotidiens auprès de la population.

Que dit l’arrêté du Gouverneur ?

Dans son arrêté, l’autorité urbaine interdit entre autres la vente sur la voie publique, le rassemblement ou manifestations de plus de 20 personnes aussi bien sur les lieux publics que privés clos. Il a interdit l’organisation des deuils et veillées mortuaires dans les salles, funérariums ou en famille.

Pour le Gouverneur de la bille province de Kinshasa, le nombre d’accompagnateurs des dépouilles mortelles vers le cimetière ne doit pas dépasser 50 personnes.

Parlant des transports publics, l’arrêté de Ngobila autorise seulement 50% de la capacité d’accueil. Les taxis motos ne sont autorisés à transporter qu’un seul passager.

Terrasse à Kinshasa

Le chef de l’exécutif provincial de Kinshasa appelle les entreprises publiques et privées, l’administration publique à fonctionner avec 50% de leur capacité d’accueil. Et les restaurants de fonctionner jusqu’à 21h00 avec une capacité d’accueil ne dépassant pas 50%.

Mêmes restrictions pour les églises qui doivent réduire le nombre des participants aux cultes et messes à 50%, tout en respectant les mesures barrières.

Pour tout accès dans la ville de Kinshasa ou toute sortie vers une autre province, les voyageurs sont obligés de détenir une attestation médicale confirmant le résultat PCR Covid-19 négatif, établi par l’INRB ou par une autre formation médicale agréée.

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Des amendes pour contraindre

Bus Transco
Bus Transco

L’autorité urbaine ne s’est pas limitée à énumérer ce qu’il faut faire, elle a renforcé toutes ces mesures en déterminant les amendes à tout contrevenant :

– Pour défaut de port du masque : 10.000 FC

– Violation du couvre-feu : 50.000FC

– Taxi-moto avec plus d’un passager : 20.000FC

-Transports publics dépassant 50% de capacité d’accueil et avec passagers debout : 100.000 FC

– Restaurants dépassant 50% de capacité d’accueil : de 100.000 FC à 1.000.000 FC

– Ouverture terrasses, bars et lounge bars : 10.000 FC pour le client, et de 100.000 FC à 1.000.000 FC pour le propriétaire,

– Ouverture boîte de nuit : 10.000 FC pour le client, et de 200.000 FC à 2.000.000FC pour le propriétaire,

– Organisation des deuils et veillées mortuaires : 500.000 FC. Si ces derniers sont organisés dans une salle ou un funérarium, celui-ci sera fermé pour une durée de 15 jours et le propriétaire sera puni d’une amende allant de 500.000FC à 1.000.000 FC.

Pour les manifestations de plus de 20 personnes : de 200.000 FC à 1.000.000FC à charge de l’organisateur de la manifestation, et le propriétaire du lieu d’organisation des manifestations sera puni d’une amende de 1.000.000 FC à 2.000.000FC. Et en cas de non-respect des mesures barrières par une église, celle-ci sera fermée pour une durée de 15 jours.

Cette fois au moins, les Kinois vont comprendre qu’ils sont face à une situation d’urgence vitale, et seul le respect de ces mesures sera salutaire.

Gel Boumbe