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Le Sénat examine ce lundi 14 juin le projet de loi portant habilitation du Gouvernement en matière de la prorogation de l’état de siège en vigueur dans les deux provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.

Une fois adoptée, cette loi devrait permettre au Président de la République de prolonger à volonté l’état de siège, sans recourir à chaque fois aux deux Chambres du Parlement. En séjour au Nord-Kivu depuis le week-end dernier, le Chef de l’Etat a salué une nette évolution de la situation sécuritaire depuis l’instauration de l’état de siège, et a affirmé que celui-ci restera en vigueur aussi longtemps que la situation l’exigera.

Mais sur le terrain, la réalité ne semble pas correspondre avec l’optimisme du discours officiel. Plus de 50 morts ont déjà été enregistrés en Ituri et dans le Nord-Kivu depuis l’instauration de l’état de siège et la nomination des Gouverneurs militaires à la tête de ces deux entités. Groupes armés étrangers et locaux continuent à y semer la désolation comme si rien n’y était.

Revers des FARDC

Pas plus tard que hier dimanche 13 juin, l’agglomération commerçante de Fataki dans le territoire de Djugu, située à une centaine de km de Bunia, a été investie par les ADF, qui y ont délogé les forces loyalistes des FARDC, au terme d’intenses combats qui ont causé de nombreux morts dans les deux camps. Aux dernières nouvelles, des combats meurtriers se poursuivraient encore dans la périphérie de cette localité.

Au Nord-Kivu et en Ituri, la problématique des groupes armés et des désolations qu’ils entraînent dans ces régions, semblent être devenus des hydres à têtes multiples, qui semblent naître et se démultiplier selon une logique étrangère à tout entendement humain.

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Des différentes strates sociales de la région sont tour à tour accusés d’en être les auteurs, matériels ou intellectuels : chefs de guerre, commerçants, leaders communautaires, officiers de l’armée nationale, trafiquants du bois ou des matières précieuses, et tout récemment, des élus nationaux et locaux.

Pour tenter de faire évoluer les choses, l’actuel Chef de l’Etat, y avait même dépêché des anciens chefs de guerre notoires comme Antipas Mbusa Nyamwisi ou Thomas Lubanga, ambassadeurs de la paix, croyant certainement au vieil adage, qui veut que pour ramener la discipline dans une classe turbulente, il faut y nommer le plus turbulent comme chef de classe.

Le même Chef de l’Etat qui a planté ses pénates à Goma depuis samedi dernier, a ainsi l’occasion de vivre en live, le théâtre de l’ombre qui ensanglante l’est du pays depuis des dizaines d’années, et dont les acteurs anonymes, ont poussé des métastases jusqu’à Kinshasa. Lire aussi: RDC : le Sénat adopte le projet de loi autorisant la prorogation de l’état de siège