Suspendu depuis plus d’une année, la production des Permis de conduire congolais sera bientôt relancée.
Le ministre des Transports et Voies de communications, Didier Mazenga l’a annoncé ce mercredi 10 février 2021 sur TopCongo fm.
« Le Permis de conduire sera bientôt disponible. Nous avons déjà sélectionné 5 entreprises soumissionnaires et celle qui va remplir les conditions se verra attribuer le marché. Donc, l’impression des Permis de conduire va débuter en avril prochain », a annoncé le ministre des Transports.
Quant à la livraison, il a conditionné l’opération par la formation de tous les sollicitants. « Personne ne peut obtenir le Permis de conduire sans passer par la formation. C’est-à-dire, l’obtention de Permis de conduite doit être conditionné par un test », a précisé le ministre des Transports et Voies de communications.
A tout seigneur, tout honneur…
Pour Didier Mazenga, le premier Permis de conduire sera remis au Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, en sa qualité de premier citoyen de la République.
Mais le ministre n’a pas précisé le prix du nouveau Permis de conduite comme cela a été le cas avec le nouveau passeport biométrique lors de la reprise de vente par le ministère des Affaires étrangères.
Pour rappel, c’est depuis 2017 que l’ancien vice-premier ministre, ministre des transports et voies de communication, José Makila, avait décrété le moratoire suspendant l’octroi de permis de conduire. «Cette mesure est prise dans la perspective de la mise en circulation imminente des permis de conduire véritablement biométriques à travers toute l’étendue de le République démocratique du Congo», mentionnait le communiqué signé le 22 septembre 2017 par José Makila.
Pays sans permis de conduire
Quatre ans plus tard, la RDC n’a toujours pas de permis de conduire (ni de carte d’identité). Cette situation, dénoncée à l’époque déjà par les agents de la Division provinciale de Transports, continue à faire perdre au Trésor public beaucoup d’argent d’autant plus que la délivrance des permis officiellement suspendue, continue de se faire en catimini et antidaté.
Normalement à la suite de la décision de José Makila, au jour d’aujourd’hui, ne sont valides que les permis délivrés le 1er mai 2015 jusqu’au 21 septembre 2017, soit à la veille de sa décision. Or, à la date de sa décision, il y avait des permis de conduire dont la durée de validité courait jusqu’à trois ans. Que sont devenus tous ces documents à ce jour expirés ?
Car il se trouve actuellement des permis obtenus après le 22 septembre 2017 et généralement établis au mois de juillet et août 2017. Ces permis antidatés courent jusqu’en juillet et août 2022. Si l’on veut aujourd’hui obtenir un permis de conduire, celui-ci, évidemment antidaté, n’aura que deux ans de validité. Pourquoi avoir alors suspendu la délivrance officielle de ce document pour ouvrir la voie à la mafia et faire perdre au Trésor Public d’énormes recettes qui se dirigent maintenant dans les poches des individus.
Marché très lucratif, sans maître
Le marché des permis de conduire antidatés est un business lucratif sans foi ni loi, qui répond à la seule loi de l’offre et la demande. Le document se négocie à la tête du client, et renseigne-t-on au service du Ministère des transports, « les prix ne sont pas les mêmes selon que la personne contactée serait de tel ou tel autre service de l’État. En clair, il y aurait même sous-traitance dans l’octroi de ce permis, au niveau d’autre ministère, pourvu qu’on ait quelqu’un au ministère des Transports et voie de communication. »
Ce qui est encore stupéfiant, est que les auto-école fonctionnent normalement et délivrent des autorisations d’octroi de permis de conduire. Le Ministre Didier Mazenga le sait très bien, le Premier ministre Ilunkamba aussi. Dès lors, comment s’étonner de voir autant d’accidents de circulation sur les artères du pays et particulièrement de Kinshasa, dès lors que tous les nouveaux conducteurs formés dans les auto-écoles se retrouvent sur la voie publique avec des faux permis de conduire !
Gel Boumbe