Le discours « historique » a vécu. Mais de ce que l’histoire retiendra de ce moment présidentiel qui a tenu en haleine tout le pays en ce dimanche 06 décembre, c’est l’annonce par le Chef de l’Etat d’un informateur, chargé de lui trouver une nouvelle majorité, propre à lui seul, et moins tracassière vis-à-vis de ses desideratas. Lire aussi: Félix Tshisekedi retire sa confiance au Gouvernement
L’autre annonce susceptible de retenir l’attention générale, c’est la mise en fourrière du Gouvernement actuel, et donc de son Premier ministre, le désormais très flegmatique Sylvestre Ilunga Ilunkamba.
Mais à y regarder de près, on serait tenté de dire que dans le message présidentiel, en dehors peut-être d’une mise en bière télévisée de la coalition au pouvoir, il n’y a pratiquement rien de nouveau sous le soleil de Kinshasa.
Gouvernement Ilunkamba, “has been?”
Puisqu’en fait, concernant par exemple le sort du Gouvernement Ilunkamba, il était déjà voué à une mort certaine, puisqu’ayant cessé de se réunir depuis déjà plus d’un mois. Mais en annonçant ses funérailles du haut d’un plateau de télévision, sans au préalable passer par les rites d’usage, on ne voit pas encore comment le Chef de l’Etat va faire pour l’inhumer, en d’absence et sans le consentement de sa propre famille, le Fcc.
Il faut dire qu’en matière de respect de la coutume et des usages consacrés, on s’est un peu habitué à l’habileté du Chef de l’Etat à les by-passer, chaque fois qu’il y va de son intérêt.
Quant à l’identification, pour être précis, à la requalification d’une nouvelle majorité, le Président Tshisekedi aurait pu se passer d’un informateur. La campagne de démolition du bastion parlementaire Fcc, en cours actuellement à l’Assemblée nationale, avec les coups de butoir contre Jeanine Mabunda et l’achat aux enchères de certains élus du même regroupement politiques suffisent amplement à édifier l’opinion sur les intentions et les objectifs présidentiels.
Mais là aussi, il restera à vérifier si tout cela se fait et se fera dans les normes consacrées, ou comme d’habitude, le Chef de l’Etat compte procéder comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, au risque de déclencher une résistance, voire une riposte à la mesure de la menace, de la part de ceux qui se considèrent comme en terrain conquis dans les travées du Palais du peuple.
Guerre frontale
La démarche présidentielle de ce dimanche deviendrait plus lisible, si au final, les décisions qu’il a annoncées ce dimanche, étaient des positions de base pour une négociation à venir avec ses partenaires politiques, le ton martial du discours n’étant alors qu’une façon de rassurer sa bruyante base qui le pousse à la guerre frontale.
Plus que jamais, l’adage qui dit qu’on ne change pas les règles du jeu en pleine compétition, prend ici toute son actualité dans le cas de figure congolais. Les obstacles juridiques, politiques et diplomatiques qui se dressent devant le Chef de l’Etat paraissent si immenses, que le seul prétexte de rester fidèle aux aspirations populaires de sa base, ne peuvent justifier une démarche de la terre brulée. Les conséquences qui pourraient s’en suivre, pourraient se révéler désastreuses et difficiles à contenir pour tous les protagonistes en présence.