Les enseignants réunis au sein de la Synergie des Syndicats des Enseignants de la République Démocratique du Congo, Synecat-Cct-Asynep-Cofevid, ont tenu une consultation des délégués des enseignants de différentes provinces du pays, mercredi 29 juillet au centre catholique Libala Mwinda à Limete.
Il ressort de cette consultation, et après analyse approfondie de la gestion du système éducatif par l’actuel ministre de l’Enseignement, quelques constats et recommandations dont voici la quintessence :
CONSTATS
De la gestion du partenariat éducatif
Il s’observe l’absence du dialogue social inclusif sincère entre le Ministre et les partenaires sociaux pertinents du système. Le Ministre s’active à recourir à un partenariat sélectif, clientéliste qui ne favorise pas l’adhésion de tous aux en grandes décisions relatives au bon fonctionnement du système.
De la gratuité de l’enseignement
Depuis plus d’une vingtaine d’années, l’un des obstacles majeurs de l’accès et de la rétention à l’école a été les frais scolaires et autres frais supportés par les parents, en dépit de la garantie du droit à l’éducation par les constitutions successives de la RDC. Longtemps espérée par la population, la gratuité est désormais observée sur toute l’étendue du territoire national.
Il convient de rappeler que la gratuité de l’enseignement est la plus grande réforme du système éducatif que connait notre pays depuis son accession à l’indépendance et à ce titre, elle mérite d’être pérennisée et requalifiée pour qu’elle soit efficace et pertinente : ils sont liés entre autres aux ressources budgétaires limitées, à l’augmentation significative des élèves en inadéquation avec le nombre d’enseignants qualifiés, au déficit de programme de formation continue des enseignants, à l’amélioration des conditions de vie et de travail des Enseignants, à la prise en compte des catégories les plus démunies, à l’amélioration de la qualité et de l’environnement des apprentissages et à la construction sine qua non de nouvelles infrastructures face aux effectifs pléthoriques des classes.
Outre ces problèmes d’ordre institutionnel, s’ajoutent des problèmes de gouvernance liés à la mauvaise foi manifeste du Ministère de l’EPPST frisant un complot contre la réforme qui se traduit par un recrutement massif et irrégulier du personnel enseignant avec le risque de saigner les finances publiques susceptibles d’améliorer l’enveloppe salariale des Enseignants et de payer les NU. On assiste à des mises en place fantaisistes, clientélistes et tribalistes qui excluent l’expertise avérée du système qui va compromettre dangereusement l’efficacité de notre système d’enseignement.
A ce jours, beaucoup de cadres sont suspendus, rétrogradés, permutés, demécanisés et remplacés en violation de toutes procédures en la matière : un dysfonctionnement sans précèdent.
Des actes et pratiques de gestion irréguliers sont commis en l’occurrence :
Création de nouveaux services provinciaux et sous – provinciaux de l’EPST (scission d’anciennes structures de SECOPE de l’Inspecteur des entités administratives de l’EPST)
Révision des cadres organiques de certains services pour favoriser le recrutement de nouveaux agents
Recrutement massif et affectation de nouveaux agents en violation de la règlementation en vigueur (ces agents sont d’abord mécanisés par le SECOPE et même payés par les banques avant de les imposer aux gestionnaires pour affectation)
Nomination aux postes de commandement (Directeur, chef de division,….) des cadres qui viennent du secteur privé et n’ayant aucune maitrise du secteur de l’EPST
Remplacement de plusieurs cadres de SECOPE sans motif et affectation d’un nouveau Directeur administratif et financier du SECOPE proche du Ministre ;
Création anarchique d’une administration parallèle du Ministre de l’EPST. Un service dénommé « Bureau des experts » dirigé par un promoteur d’école privée et qui dépend directement du Ministre de l’EPST. Ce service pirate traite tous les dossiers de nomination des cadres, de recrutement des agents et même de permutation des agents au mépris des procédures en vigueur en la matière.
La gestion opaque et personnalisée des fonds de la Banque Mondiale destinés à l’éducation.
Pour tous ces manquements graves à la gestion d’un système qui exige de la compétence et de l’éthique, tous les Enseignants réunis en Assemblée générale exigent la démission pure et simple du Ministre BAKONGA WILLY avant la rentrée scolaire 2020 – 2021.
S’agissant de la reprise des activités scolaires
Les Enseignants réunis en Assemblée générale constatent qu’aucun effort n’a été consenti par le Gouvernement de la République pour garantir la sécurité sanitaire aux élèves et personnel enseignant alors que depuis le mois d’avril la synergie a demandé au gouvernement et au secrétariat technique de la riposte contre la covid – 19 de désinfecter les écoles, d’ériger les points d’eau, d’apprêter le matériel de dépistage obligatoire des élèves et du personnel enseignant pour rassurer les élèves, les parents et les enseignants. Contre toute attente, cette charge est imposée aux écoles à défalquer dans la rubrique frais de fonctionnement pendant beaucoup d’écoles primaires n’ont que 90.000 FC.
En ce qui concerne le calendrier publié par le Ministre de l’EPST, les Enseignants réunis en Assemblée générale font remarquer que l’élaboration d’un calendrier réaménagé à la suite d’une situation d’urgence, d’une calamité naturelle, des aléas politiques ou conflit communautaire requiert la participation impliquant tous les partenaires éducatifs, il doit être un produit consensuel, imposable à tous ; cette exigence n’a pas été rencontrée par le Ministre.
Par ailleurs, aucune précaution n’est prise pour récupérer les matières ratées afin de donner un contenu aux évaluations certificatives et permettre aux finalistes d’être compétitifs à l’université.
S’agissant des conditions sociales des Enseignants
Les Enseignants réunis en Assemblée générale constatent que les Enseignants NU ne sont toujours pas payés, la promesse de payer le deuxième pallier n’est pas concrétisée, les zones salariales persistent et la Mutuelle de santé est toujours entre les mains des prédateurs.
De ce qui précède, la synergie des syndicats des Enseignants de la RDC exigent :
La reprise des cours pour les classes terminales le 17 août 2020 pour permettre aux écoles pendant deux semaines de procéder aux travaux d’assainissement. L’examen d’Etat se déroulera du 12 au 15 octobre 2020. Les élèves des classes montantes seront simplement délibérées et attendront l’année scolaire 2020 2021 ;
Les évaluations certificatives TENAFEP et EXETAT doivent être organisées dans le contexte de la gratuité de l’enseignement étant donné q’une ligne budgétaire couvre cette dépense ;
L’audit immédiat du SECOPE pour assainir le fichier paie et envisager avant la rentrée scolaire 2020 – 2021 la grande réforme de cette institution permettant de payer les vrais Enseignants NU, le 2ème pallier et la suppression des zones salariales ;
La restitution toutes affaires cessantes de la Mutuelle de santé de l’EPSP (MESP) à ses vrais membres pour assurer les soins de santé de qualité à tous les Enseignants ;
La mise sur pied d’un programme de formation continue des Enseignants pour améliorer la qualité de l’enseignement ;
L’annulation de tous les arrêtés de permutation et de suspension arbitraire qui frappe les hauts cadres de l’enseignement ;
L’affectation de la paie des Enseignants à la Direction de paie de la Fonction publique pour sécuriser la carrière des Enseignants ;
La démission pure et simple du Ministre de l’ESPT pour gestion cavalière de secteur de l’enseignement.
La prise en compte de la situation socio professionnelle des Inspecteurs
Law prise en compte du projet Un toit pour l’enseignant pour permettre aux Enseignants de se procurer d’un logement ;
Demandons au Procureur Général de la République de se saisir de la plainte introduite à son office par l’Honorable Tony Mwaba pour dégager les responsabilités du Ministre de l’EPST.
La synergie des syndicats des enseignants de la RDC sollicitent une rencontre avec le Président de la République, Chef de l’Etat pour motiver les recommandations des Enseignants.
Faute pour le gouvernement de répondre aux préoccupations des Enseignants, il sera tenu seul responsable de toutes les perturbations sociales qui en découleraient.
Jean Bosco PUNA SYNECN AT/Secrétaire Général | Jonas MUDIANDAMBU SYNEP/Président | BILA MOMBITO SYNECO/S.G |
Jean TUNDA F A/S.G | JEANINE UKURMU CCT/SE de l’enseignement | Félicité NTANGA COFEVID/Présidente |