Covid-19 : le relâchement des gestes  barrières à Kinshasa

La ville Province de Kinshasa bat le record en nombre de personnes contrôlées positives au coronavirus avec pour elle seule 1089 patients, selon le bulletin de l’équipe de riposte de ce mercredi 13 mai.

Cependant, le spectacle sur le terrain est désolant depuis que le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, a décrété un état d’urgence sanitaire le 20 mars passé en arrêtant quelques mesures qui devraient être observées pour barrer la route à ce fléau du siècle qu’est le Covid-19.

Parmi les recommandations du chef de l’Etat pour la riposte, le premier point en rapport avec l’interdiction de tous les rassemblements, réunions, célébrations, de plus de 20 personnes sur les lieux publics, a du mal a être observé.

Les foyers de contamination à Kinshasa

Le dernier bulletin du comité riposte fait état de 1089 cas de contamination dans la capitale congolaise en ce mercredi 13 mai. Les zones de santé les plus touchées sont :

Kokolo : 188 cas Binza Ozone : 115 cas Gombe : 104 cas Limete : 98 cas Binza Météo : 57 cas.

Ce bulletin fait aussi état des zones de santé actives ayant notifié les plus de cas confirmés au cours des 14 derniers jours :

Kokolo : 174 cas Binza Ozone : 43 cas Limete : 50 cas Lemba : 48 cas Binza Météo : 18 cas

Les zones de santé actives ayant les plus de décès Covid-19 à Kinshasa restent :

Ozone : 8 cas Gombe : 6 cas Binza Météo : 5 cas Lemba : 3 cas Barumbu : 3 cas.

Dans une enquête initiée par notre équipe de reportage, trois lieux importants restent le point de jonction où se propage cette maladie, dont les marchés ou Wenze, les banques et les lieux d’incarcérations.

Quand on fait un tour dans les Wenze de Kinshasa, on se rend bien compte qu’aucun geste barrière n’est observé comme la distanciation sociale, le lavage des mains, le port des masques, etc.

Wenze ya bitula, pas de gestes barrières observés

Si le Gouverneur de la ville de Kinshasa a décidé de la fermeture du marché central, cependant, le marché « Wenze ya bitula », un marché parallèle sur l’avenue Kato, tourne à la normale avec des vendeurs et acheteurs qui se côtoient comme dans une boîte de sardine, une vraie pagaille.

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La même ambiance est observée dans les banques et agences de paie ouvertes dans quelques communes et particulièrement à la place Victoire dans la commune de Kalamu, où on a assisté même à des scènes de bagarre entre les clients qui voulaient être servis les premiers sans respecter les mesures barrières.

Les lieux carcéraux, bouillons de cultures

Les milieux carcéraux restent des foyers de contamination aussi importants. Le cas de la prison de Ndolo et du cachot du camp Lufungula laisse à désirer.

On se souviendra que le nombre des personnes infectées au Covid-19 retrouvées à la prison de Ndolo est l’une des causes du nombre élevé des cas positifs à la zone de santé de Kokolo.

Dans sa l’une de ses livraisons, Infocongo.net avait fait état des conditions inhumaines observées dans le cachot du camp Kokolo, où hommes et femmes sont entassés comme des poissons salés en cette période où le gouvernement de la République conduit par le Professeur Ilunkamba se bat jour et nuit pour soulager soit peu la souffrance de la population et fait face à la riposte avec des moyens du bord.

Avenue des Huileries, Lingwala

Dans le même camp, le colonel « Delphin » exige jusqu’à 120.000 Fc d’amendes à toute personne qui tombe dans ses filets quel que soit le grief à sa charge. On enregistre aussi plusieurs cas de viols dans l’enceinte du même commissariat situé à côté du bureau de la Police de lutte contre le viol fait à la jeune fille. Quel contraste !

Gombe, ce faut semblant de confinement

On ne le dira jamais assez, le confinement de la commune de la Gombe s’est révélé un vrai fiasco aux yeux des habitants de la Gombe et même des Kinois.

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Déjà, le problème d’accès dans cette commune considérée au début comme l’épicentre du Covid-19 avait prouvé que les autorités ne maîtrisaient pas la situation ou alors étaient dépassées par l’inattendu. On se souviendra des altercations sur images de deux autorités actives de la ville, le Gouverneur Gentiny Ngobila rappelant au commissaire provincial de la Police, Kasongo, qu’il était la « hiérarchie », comme si chacun ne connaissait pas son rôle dans ce que nombreux qualifient de « deal » du siècle, où il faut rapidement se tailler sa part.

On peut constater aujourd’hui que les barrières installées à chaque point d’accès à Gombe dont celle du camp Lufungula sur l’avenue des huileries est désormais une passoire car avec 500 Fc même les motos Wewa accèdent facilement dans la commune dite confinée, sans compter ces prostituées qui rejoignent tard la nuit leurs éventuels clients expatriés en carence.

Ces hôtels de fortune transformés en bistrots

« Si le Chef de l’Etat n’a pas interdit le fonctionnement des hôtels cela n’est pas une occasion pour tout le monde d’aller se confiner avec partenaires et alcools », s’insurge un vieux natif de Lingwala sur avenue Ngele, très ému devant l’engouement dans les hôtels de fortune,  « Nkuzu », dans son quartier à la commune de Lingwala.

Les hôtels sont aujourd’hui les établissements qui font des bonnes affaires car ces lieux ne tarissent pas et sont des endroits où l’on peut prendre bonnement son petit pot sans masque ni policier derrière son dos. Tout ceci, malheureusement, occasionne des cas des contaminations.

La désinfection de la commune de la Gombe restera alors le comble de ce fiasco pour les habitants du quartier Golf qui regorge les avenues du livre, colonel Ebeya, Tombalbaye et où se retrouve l’immeuble de l’Ogefrem, le siège de la Regideso, la paroisse Notre dame de Fatima, etc. ceux-ci ont été surpris de voir à la télévision qu’il y a eu des véhicules dans les rues de Gombe en train de désinfecter : « Mituka yango elekaki na ndoto to na réalité ? », s’interrogent-ils pour dire que ces véhicules « désinfectants » sont passés le jour ou la nuit ?

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Une vraie affaire de sous !

Que faire ?

Au regard de ce tableau sombre et de la montée en flèche ces derniers temps tel que présenté par le bulletin épidémiologique du comité de Riposte, il y a lieu de dire qu’il y a péril dans la demeure.

L’on sait bien que les efforts sont fournis au niveau du sommet de l’Etat mais qui manque des répondants au niveau de la base.

En clair, l’Etat Congolais n’a plus du temps à perdre car il a à faire à un peuple têtu comme une mule d’où il est impérieux qu’il passe à des mesures impopulaires pour casser cette indifférence démesurée et cette inconscience à outrance de la population kinoise.

L’Etat congolais devrait revenir sur la proposition du Dr Jean Jacques Muyembe de décréter un couvre-feu qui serait une autre façon de limiter les dégâts.

En plus, les patients devraient déjà avoir droit à la potion magique proposée par le jeune médecin, le Dr Jérôme Munyangi, le Covid-Organics.

Il y a lieu ici d’encourager les efforts fournis par le Chef de l’Etat, à travers la Task Force Présidentielle dirigée par le Dr Roger Kamba en associant les relais communautaires par le truchement du Pnmls.

Plusieurs rencontres sont déjà en cours dont la dernière avec les chefs coutumiers qui ont présenté leur plan d’actions en concertation avec le Dr Benjamin Bola, conseiller Principal   au collège Santé et Bien- être du Chef de l’Etat et Coordonnateur Adjoint de la Task Force Présidentielle.

La population attend aussi les retombées des dons remis au Fonds National de solidarité dont les acteurs viennent d’être nommés par le Chef de l’Etat.

Enfin, le dépistage généralisé reste une priorité.

Mieux vaut tard que jamais, dit-on !

Jacques Kalokola