Masques anti covid-19

Lundi 20 avril restera une journée assez particulière dans la mémoire des kinois pour une seule raison : la majorité des Kinois portait des masques. Une scène particulière dans cette mégapole où l’on n’a souvent pas assisté à une prise de conscience devant un danger permanent comme c’est le cas avec la pandémie de Coronavirus.

Il a suffi que le premier citoyen de la ville, Gentiny Ngobila, donne le go pour que l’on assiste à ce spectacle de soumission collective aux recommandations de l’autorité à travers les rues et les grandes artères de Kinshasa.

Est-ce pour se protéger de la contamination au Covid-19 ou c’est pour échapper aux représailles de la police déjà avertie de porter la main sur tout récalcitrant ? En tout cas, nombreux sont ceux qui s’en ont procuré pour entrer dans la commune de la Gombe ce matin et l’on a observé de longues files aux alentours du camp Lufungula où se trouve la plus grande barrière.

Barrière de Police au niveau du camp Lufungu pour accéder à la commune de la Gombe

Cependant, il y a de quoi saluer la promptitude avec laquelle cette population s’est fait confectionner tous ces masques aux milles couleurs.

A chacun son masque

Il s’observe, cependant, plusieurs marques de masque dont ceux dits « V.i.p » pour les plus nantis, ces tout-premiers masques venus de l’extérieur et médicalisés vendus à partir de 2000 Fc ou plus. Pour les autres ce sont des masques qui sont confectionnés à partir des pagnes ou achetés à 500 Fc et plus.

Nombreux sont aussi ceux qui ont recouru à des écharpes, d’autres encore à un bout de papier mouchoir et d’autres encore aux emballages que proposent les super marchés à leurs clients, là c’est de la récupération tout simplement.

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Quand le Docteur Mukwege sauve des vies

Certains porteurs des masques en pagne ont confié à Infocongo.net  avoir recouru à la technique de confection proposée par le docteur Mukwege lors de sa dernière sortie médiatique, et d’autres disent, par contre, avoir vu des vidéos à ce sujet et en ont fait l’expérience.

Cependant, les kinois se plaignent de l’étouffement et ont peur de mourir d’asphyxie et préfèrent encore braver la police : « C’est comme si l’on vous étouffait quand vous mettez ce masque en pagne, il n’y a pas moyen de respirer longtemps, j’abandonne », nous confie une jeune fille à Gombe.

Il faut noter que le gouvernement à travers le Gouverneur de la ville de Kinshasa vient de fixer une amande de 5000 Fc pour tout récalcitrant à partir de ce mercredi 22 avril.

Kinshasa ressemble à une vraie foire aux masques, et ce qui est bon dans tout cela est que grâce au port du masque, l’on peut encore sauver des vies.

La plus grande difficulté reste cependant la distanciation sociale, quand on sait que les Kinois passent la plupart de leur temps à tailler bavette à chaque coin des rues et dans des débits de boissons qui fonctionnent désormais à des endroits beaucoup plus discrets, rassemblant plus de vingt personnes, question de s’abreuver un peu.

Mais, allons, restez chez vous !

Jacques Kalokola