Covid-19 : le Ministre d’Etat, ministre de la Communication et Médias exhorte la presse au patriotisme

Le Ministre d’Etat et ministre de la Communication et des Médias, Jolino Makelele, a réuni samedi 18 avril, dans son cabinet de travail, les patrons des organes de presse présents à Kinshasa. Un seul point a été inscrit à l’ordre du jour : soutenir les efforts du gouvernement dans la riposte contre le coronavirus.

Jolino Makelele, Ministre d’Etat, ministre de la Communication et Médias

En effet, le ministre d’Etat, a reçu à tour de rôle, les patrons de l’audio-visuel conduits par le doyen Kibambi Shintwa de Numérica Tv, les éditeurs des quotidiens paraissant à Kinshasa conduits par le doyen André Ipakala du journal La référence Plus, les patrons de la presse en ligne conduits par Israel Mutala de 7/7.cd et Eric Tshikuma de Zoom-Eco.

Dans leur entretien, qui s’est voulu méthodiquement maïeutique pour une bonne compréhension et participation afin d’aider le Porte- parole du Gouvernement  à être la seule voix  autorisée dans la riposte.

Carence de moyens adéquats

Alors que l’opinion publique ne cesse de s’étonner sur les moyens mis à la disposition des acteurs étatiques et non étatiques pour lutter contre la pandémie de coronavirus, le ministre d’Etat à la Communication et des Médias, Jolino Makelele, a fait savoir à ses hôtes que son ministère ne dispose pas jusqu’à lors d’un fonds destiné à la presse et qu’il demande à tous les patrons des médias de transmettre fidèlement le message à leurs collaborateurs et de faire de la riposte leurs affaire comme professionnels et patriotes : 

« Je dois vous dire que mon ministère ne dispose pas des moyens pour la sensibilisation et quand vous me voyez bouger par-ci par-là, c’est par ma propre initiative car je me dis ma population meurt, je dois faire quelque chose. Je compte donc sur votre contribution pour continuer ensemble la riposte ».  

Abondant dans le même sens, les responsables des médias en ligne se sont demandés qu’au vu de ce qui se passe dans le monde, que deviendrait la République démocratique du Congo si les médias cessaient de diffuser l’information ?

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Journaliste perplexes

A cette question il s’est avéré que les autorités étatiques en commençant par le sommet comprennent le rôle des médias et mettent la main dans la poche afin de soutenir tant soit peu le quatrième pouvoir en cette période où l’information est retransmise en temps réelle à travers les réseaux sociaux, comme dans les médias sociaux :

« Il faudrait que le pays, du sommet à la base, comprenne le rôle que jouent les médias. On est un peu déçu que l’on ne vous écoute et que l’on ne vous appuie pas puisque vous êtes la charnière de tout ce qui se fait au Congo. Quand ça va mal, c’est une mauvaise communication, quand ça va bien, c’est une bonne communication. Sans communication les gens ne sauront absolument rien de ce qui se passe. Il faudrait qu’à un moment donné que vous puissiez vous lever et poser cette question au conseil des ministres : si les médias se taisent aujourd’hui qu’est ce qui va advenir au Congo ? Si vous qui êtes notre tête nous dites qu’il n’y pas des moyens, on ne sait pas comment  nous allons nous en sortir ».

Absence d’uniformité dans la communication

Parmi les observations faites par les patrons des médias en ligne depuis le début de la pandémie, il ressort qu’il y a une absence d’uniformité dans la communication entre le comité de coordination contre la riposte dirigé par le Docteur Muyembe et le ministère de la santé qui passe par une agence de communication privée d’une part, le gouverneur de la ville et du commissaire provincial de la police d’autre part occasionnant ainsi une confusion totale au sein de la population, d’où l’implication du Ministre d’Etat de la Communication et des Médias :

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 « Comment expliquez-vous que le ministre de la Santé et son collègue de la culture rassurent les artistes qu’il y a un financement leur destiné alors que les journalistes n’en ont pas ? Comment faire sortir de la tête du citoyen lambda la fameuse vidéo de l’hôpital du cinquantenaire ? Quelle est la technique appropriée pour la désinfection quand on voit le gouverneur arroser quelques grandes artères de la ville, le ministre de l’Environnement avec des pompes à fumée et l’immeuble intelligent torchonné ? Où va l’argent de la riposte ? Où sont les malades et comment sont-ils traités ? Combien de malades dépistés dans la commune de la Gombe ? Pourquoi un traitement à deux vitesses entre les malades dit V.i.p. et les autres ? Qui est habilité à octroyer les attestations de guérison ? Pourquoi demeurer partenaire du slogan : « restez chez vous ? ».

Autant de questions qui méritent des réponses plus claires surtout qu’il est observé un manque délibéré de transparence dans la gestion de la riposte, où le ministre de la Santé, Eteni Longondo, en fait une affaire personnelle pour vendre son image politique dans certains médias qu’il s’est appropriés.

Des recommandations

Les patrons des médias en ligne ont commencé à rappeler au Ministre d’Etat de Communication et des Médias que cette catégorie des médias a été la première à jouer un rôle important dans la riposte dès l’annonce du premier cas.

C’est pourquoi, ils demandent au ministre de tutelle de prendre ses responsabilités et d’être l’interface entre les médias et le gouvernement.

Il est demandé au Ministre d’Etat et ministre de la Communication de :

-présenter un budget de sensibilisation au gouvernement car toute sensibilisation a un coût. A ce niveau, le gouvernement peut s’engager avec les patrons des médias pour une compensation dès que les moyens seront disponibles ; – de réaliser des spots dans toutes les 4 langues nationales à diffuser sur la chaîne nationale et pourquoi pas dans d’autres médias à grande audience ; – de définir les axes de communication sur le plan de la prévention, de la prise en charge, du dépistage, de la crise économique à venir afin d’avertir la population ; -de créer la cohésion dans la communication entre le ministre de la Santé et son homologue de la Communication et des Médias ; – l’octroi des mégas à des médias en ligne et des macarons aux journalistes non propriétaires.

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Oreille attentive?

Ayant suivi avec attention les interventions de ses hôtes et avec l’humilité qui lui est légendaire, Jolino Makelele a promis de faire le nécessaire pour faire parvenir à qui le droit les désidératas issus de cette séance assez enrichissante de rétrospection et perspectives dans la lutte contre le Covid-19 : 

« L’omniscience n’est pas ma tasse de thé, j’apprends toujours. Ne vous découragez surtout  pas. Faites votre travail en tout patriotisme et professionnalisme. J’ai l’impression que ma voix commence à se faire entendre petit à petit. Notre pays n’a pas des moyens à s’offrir pour faire face au Covid-19. Notre seul moyen est la sensibilisation.  Au vu de la gravité de cette pandémie, si nous ne faisons rien pour le moment, nous n’aurons que nos yeux pour pleurer dès que le pire sera à nos portes ».

In fine, il est impérieux, de mettre en place une cellule de « Communication de crise » en cette période cruciale pour éviter tout dérapage et mieux gérer la pandémie qui fait déjà autant de victimes.

Jacques Kalokola