Qui a donc vidé les caisses des catholiques à Kinshasa ?

Les caisses des paroisses et institutions catholiques de Kinshasa seraient désespérément  vides. Faut-il poser la question à Mgr fridolin Ambogo ?

Car depuis son avènement à la tête de la région ecclésiastique de Kinshasa, le nouvel Archevêque de Kinshasa, Mgr Fridolin Ambongo (ancien Archevêque de l’Equateur, qui a remplacé le Cardinal Laurent Monsengwo aujourd’hui à la retraite), a initié une série de descentes dans les paroisses, et de grandes rencontres avec les institutions catholiques de son entité ecclésiastique.

La semaine dernière, le samedi 25 mai 2019, la coordination des écoles conventionnées catholiques a dû lui réserver un accueil digne d’un prince de l’église à l’occasion d’une messe d’actions de grâce en la Cathédrale Notre Dame de Lingwala, sa paroisse, devant plusieurs élèves, enseignants et responsables des écoles publiques et privées catholiques.

Le samedi 8 juin 2019, vient le tour du Mouvement des Renouveau Charismatiques de lui réserver le même « Ave » avec tout ce que cela implique. Sans oublier que cette pratique est prévue à chaque prise de fonction d’un nouvel archevêque et Evêque nouvellement nommés par Rome. Cependant, certains ecclésiastiques fustigent cette pratique qui a pris d’autres proportions et qui se résument désormais par la collecte des fonds importants à verser au nouveau promu jusqu’à vider les caisses des paroisses et institutions des œuvres catholiques.

Des espèces sonnantes et trébuchantes…

L’Archevêque est ainsi gratifié d’une enveloppe évaluée à des milliers de dollars et des biens en nature composés généralement d’une grosse vache, de meubles et autres. A son absence, l’Archevêque délègue son auxiliaire,  Mgr Edouard Kisonga, lequel est réputé ne pas avoir sa langue dans la poche, obligeant les fidèles et responsables de la paroisse de s’acquitter de leur devoir le plus salutaire : « Qui donne, s’enrichit. C’est notre droit ! », aime-t-il insister. Cette pratique commence à fragiliser la bonne marche de ces paroisses et institutions qui doivent suppléer au salaire misérable que propose l’économat de l’archidiocèse de Kinshasa à son personnel depuis des lustres.

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Des curés exaspérés

Cependant, ces responsables des paroisses ne savent plus cacher leur ras le bol, et un curé d’une paroisse située en plein carrefour de Kinshasa nous confiant ce vendredi 7 juin 2019 après la messe matinale, acculé par son personnel qu’il ne sait pas payer : « Il suffit que deux Evêques passent ici pour que les quêtes des deux dernières semaines s’envolent, car ils ne peuvent pas rentrer bredouilles, si non vous perdez votre paroisse pour un plus offrant. Ceci nous déstabilise pour  honorer notre engagement vis-à-vis de ce pauvre personnel qui croit que nous n’avons jamais un problème d’argent, sans compter tous ces pauvres fidèles qui vous acculent tous les jours dans une capitale aussi pauvre que Kinshasa. C’est vraiment un vrai casse- tête. »

Quête à double fond…

L’autre pratique tant décriée par les fidèles catholiques, c’est cette quête qu’il faut donner deux fois, dont l’une comme offrande normale du culte dominicale, et l’autre destinée aux travaux de la paroisse ou autres nécessités. Ceci s’observe plus dans les paroisses dites « des riches » comme Notre Dame de Fatima, où le Curé est sans pitié car il faut dépouiller les riches pour venir en aide aux pauvres ; Sacré Cœur, Ste Anne, toutes à la commune de la Gombe.

Une vraie interpellation pour la prestigieuse Eglise catholique du Congo, qui a désormais d’énormes problèmes pécuniaires depuis la mesure initiée par Rome sur la prise en charge des églises locales par leurs fidèles, et le départ des missionnaires qui furent de grands pourvoyeurs à travers leurs familles européennes.

Une table ronde très attendue

Enfin, les prêtres de l’Archidiocèse de Kinshasa attendent une table ronde de la part de Mgr Fridolin Ambogo, afin de tirer au clair, certaines zones d’ombre dont la spoliation du patrimoine immobilier de l’Eglise catholique de Kinshasa par certains prêtres ainsi que le conflit générationnel entre ces derniers. Il y a de quoi apostropher un grand musicien congolais qui faisait allusion à ce genre de situation : « Pasi ya sango, esengo ya pape », le malheur des uns faisant le bonheur des autres, n’est-ce pas !

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Jacques Kalokola