Adolphe Muzito et Martin Fayulu désavouent Moise Katumbi

Fayulu-Katumbi, est-ce la fin programmée d’une idylle ? Le microcosme politique congolais le présageait déjà, et les fissures se faisaient déjà voir depuis la croisade de la « vérité des urnes » du leader de l’ECIDE.

L’absence de Martin Fayulu à Lubum, pour le retour de Moise Katumbi semblait avoir sonné le glas. En effet, aussitôt investi coordonnateur pour trois mois de la plate forme politique Lamuka (dont font aussi partie Jean Pierre Bemba, Martin Fayulu, Freddy Matungulu,  Adolphe Muzito et Mbusa Nyamuisi), Moise Katumbi a reconnu la présidence de Félix Tshisekedi et a annoncé qu’il fera une opposition républicaine. « Il a violé la charte de Lamuka qui ne prévoit pas d’opposition républicaine », réplique Blanchard Mongomba un des intimes de Adolphe Muzito. Le désaveu semble on ne peut plus clair…Le fidèle de Muzito nous en dit plus dans cette interview.

Blanchard Mongomba bonjour,
De nombreuses analyses laissent entendre que Adolphe Muzito un des six leaders de Lamuka est opposé à la position de Moïse Katumbi qui annonce que Lamuka a décidé de faire une opposition républicaine. Est-ce vrai?

Blanchard Mongomba : Le 27 avril dernier, les six leaders de Lamuka s’étaient réunis à Bruxelles pour adopter la convention devant régir cette méga plateforme politique. Dans ce document signé par nos six leaders, il n’est prévu dans aucune disposition l’option d’une « opposition républicaine ». C’est d’abord une question de principe et d’honneur. 
Il suffit de lire le deuxième paragraphe du préambule de la Convention portant création de la plateforme politique ” Lamuka” pour mieux comprendre ce revirement de Moïse katumbi : “Considérant la grave crise politique et institutionnelle née après le chaos électoral du 30 décembre 2018“. Le titre I de la Convention qui traite de “l’Objet”, et des axes autour desquels nous devons nous mobiliser ne prévoit pas non plus cette option de  ” l’Opposition républicaine “, qui impliquerait reconnaissance des résultats et de la victoire de Monsieur Tshisekedi Tshilombo, qui selon nous à été proclamé contre la volonté du peuple exprimée le 30 décembre 2018.
Je conclus en répondant à votre question, que le premier ministre Adolphe Muzito, au-delà du fait qu’il soit un des six leaders de la coalition Lamuka ayant approuvé la convention du 27 avril, fait parti de la population, par conséquent ne peut s’empêcher de constater comme tout autre analyste avertit que le coordonnateur trimestriel de Lamuka veut dévier le combat de tout un peuple. Si même une telle option devrait être levée par impossible, c’est serait de la compétence du présidium qui est composé de six membres et non d’un seul individu.

Pourquoi Muzito est il contre la position de Katumbi le coordonnateur en exercice de Lamuka?
B M : La position de Moïse katumbi viole la charte de la plate forme politique Lamuka, en ce qu’il n’a pas le droit d’engager le présidium sans qu’au préalable les six puissent se concerter dans le cadre de cet organe pour lever une option commune et partagée. Faire le contraire n’est qu’une violation des textes organisant notre maga plateforme.
Adolphe Muzito constate seulement que le porte-parole du présidium veut faire passer ses opinions personnelles au détriment des options du groupe, ce qui est indécent.

Est ce une position individuelle de Muzito ou est elle partagée par les autres leaders de Lamuka?
B M : L’article 10 de la convention portant création de la plateforme politique Lamuka prévoit une rencontre du présidium chaque mois pour les options politiques. Malheureusement elle ne s’est jamais ténue.
Comment expliquer que Lamuka en soit arrivé à de telles divergences quelques jours seulement après leur dernière réunion commune?
B M : Il n y’a aucune divergence au sein de Lamuka, c’est une position qui n’engage pas la plateforme, mais plutôt moise katumbi comme individu. Les dispositions des articles 5, 6 et 10 sont très claires quant à ce.
Pourquoi ne se parlent ils pas pour régler leurs divergences actuelles?
B M : Le mécanisme pour se parler est prévu dans la charte (article 10), mais le coordonnateur peine à le mettre en application, nous ne comprenons pas quelle est sa vraie motivation. Est-ce une façon pour lui de nous faire comprendre qu’il ignore la convention de Lamuka, dont il est lui même signataire et coordonnateur trimestriel, ou bien une intention manifeste de jouer le jeu des ennemis du peuple ?

De quel coté est Martin Fayulu dans tout ca? 
B M : Martin Fayulu est du côté des 62 % d’électeurs qui ont voté pour lui le 30 décembre 2018, avant de voir leur vote détourné par Nanga et monsieur Kabila. En tant que commandant du peuple, il ne peut qu’être de son côté. D’où la poursuite du combat de la “vérité des urnes”. 
Muzito pense t’il que Félix Tshisekedi sera mis de côté au nom de la vérité des urnes et que Martin Fayulu sera installé à sa place? Comment cela se fera-t-il selon vs?
B M : Le combat de la vérité des urnes n’est pas une exclusivité de Martin fayulu, c’est plutôt le combat de tout un peuple. Si en 2006 et 2011 on pouvait détourner le choix des électeurs exprimé dans l’urne, aujourd’hui le peuple est déterminé à rompre avec ces antivaleurs pour qu’aux prochaines élections, le vrai vainqueur reste celui-là même qui va gérer la chose publique selon les attentes du peuple.
D’où la nécessité de mener des réformes de manière drastique au niveau de la CENI, la Cour Constitutionnelle et autres institutions pour ne plus assister au perdant qu’on proclame vainqueur.
Comment comprendre le retour abondamment annoncé de presque tous les autres leaders de Lamuka en Rdc?
B M : Au-delà du fait qu’ils sont tous acteurs politiques Congolais avec le droit de vivre librement dans leur pays, et de palper les réalités tant politiques que sociales de notre peuple, ils sont surtout signataires de la convention portant création de la plateforme politique Lamuka, signée le 27 avril à Bruxelles. Cette dernière position leur donne l’obligation d’être présents dans le territoire national pour poursuivre le combat du peuple autour de la “vérité des urnes” en vue d’une vraie alternance.
Avec ça on peut considérer que Lamuka en tant que plateforme est définitivement mort?
B M : Lamuka c’est l’expression du combat du peuple contre les antivaleurs, et ne peut mourir tant que le souverain primaire n’a pas encore dit son dernier mot…

Blanchard Mongomba, merci.

Lire :  J.P Bemba et Moïse Katumbi, de nouveau autour de F. Tshisekedi ce week-end