Le gouvernement congolais a réaffirmé sa volonté de maintenir la peine de mort en République Démocratique du Congo (RDC), en dépit des vives critiques de la communauté internationale et des organisations de défense des droits de l’homme.
Lors d’une conférence de presse, le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a justifié cette décision par les impératifs sécuritaires du pays, notamment face à la recrudescence de la criminalité et à l’agression rwandaise. Selon lui, la peine de mort serait un moyen efficace de dissuader les potentiels criminels et de protéger la population.
Une opération anti-banditisme qui fait débat
Cette déclaration intervient dans le cadre de l’opération « Zéro Kuluna-Ndobo » visant à lutter contre le banditisme urbain. Plus d’une centaine de personnes, qualifiées de « kuluna », ont été condamnées à mort et transférées dans des prisons de haute sécurité (notamment à Angenga en province de l’équateur), en vue de leur exécution. Le gouvernement a souligné que cette opération avait permis de réduire considérablement le taux de criminalité à Kinshasa.
Des arguments controversés
Les arguments avancés par le gouvernement congolais pour justifier le maintien de la peine de mort ont été vivement critiqués par les organisations de défense des droits de l’homme. Celles-ci rappellent que la peine de mort est une pratique cruelle et inhumaine, qui ne réduit pas la criminalité et qui est irréversible.
Le ministre de la Justice a, quant à lui, rejeté ces critiques, affirmant que les réalités de la RDC étaient différentes de celles des pays occidentaux.
« Nous sommes parfois dans des débats stériles qui ne répondent pas en réalité aux réalités sociopolitiques et sécuritaires du pays. Nous sommes un pays en guerre, agressé par le Rwanda, avec des individus ayant trahi le pays. Des personnes ayant occupé de hautes fonctions de responsabilité ont choisi de servir la cause de l’ennemi.
Face à cela, on ne peut pas évoquer les droits de l’homme. (…) Si nous ne lèvons pas la peine de mort, je ne pense pas que l’on puisse parler de recul. Recul par rapport à qui et par rapport à quoi ? Nous n’allons pas accepter un seul instant que des règles étrangères soient transposées chez nous sans tenir compte de nos réalités », a-t-il argumenté.
Pour étayer son propos, le ministre de la Justice a cité le cas des États-Unis d’Amérique, qui continuent jusqu’à ce jour à exécuter la peine de mort. Il s’est interrogé : « Pourquoi, quand il s’agit de la RDC, doit-on chercher des problèmes ? Pour rien. Nous devons nous assumer en tant que peuple et régler les problèmes de nos compatriotes, en fonction de nos réalités. »
Un choix politique controversé
La décision du gouvernement congolais de maintenir la peine de mort suscite une vive polémique au sein de la société civile et au-delà. Elle place la RDC à contre-courant d’une tendance mondiale qui voit de plus en plus de pays abolir cette peine.
Cette décision risque d’isoler davantage le pays sur la scène internationale et d’entacher son image en matière de respect des droits de l’homme. Mais au vu des crimes commis par les Kuluna, une grande franche de la société encourage les autorités à sévir contre le banditisme urbain. Lire aussi : RDC : Opération Zéro Kuluna, Constant Mutamba promet la peine capitale – Infocongo
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