Ouverture du procès de Seth Kikuni

Le procès de Seth Kikuni, opposant politique et président du mouvement “Piste pour l’émergence”, a débuté mercredi 23 octobre 2024, au tribunal de paix de Kinshasa-Gombe, en audience foraine à la prison centrale de Makala. Il est accusé d’incitation à la désobéissance civile et de propagation de fausses informations, suite à ses déclarations polémiques faites à Lubumbashi fin août.

Seth Kikuni, dont l’état de santé est jugé critique par ses avocats, a été présenté au tribunal. Ses défenseurs ont déposé une requête pour sa libération provisoire afin qu’il puisse bénéficier de soins médicaux. Toutefois, le ministère public a contesté cette requête, déclarant que l’accusé représente « un danger pour la nation ». Le verdict du tribunal est prévu pour être annoncé sous 24 heures.

Seth Kikuni, à l’ouverture de son procès à la Prison centrale de Makala (ph droits tiers)

Déclarations controversées à Lubumbashi

Il est reproché à Seth Kikuni d’avoir tenu, le 27 août 2024, à Lubumbashi, des propos incitant la population du Haut-Katanga à désobéir aux lois. « Le Congo va mal parce que le grand Katanga va mal. Le Congo va mal parce que vous les grands Katangais, qui êtes réputés être des résistants, des guerriers, des combattants, des révolutionnaires, vous faites semblant de ne pas voir ni d’entendre ce que même les aveugles et les sourds ont déjà vu et entendu », avait-il déclaré lors d’une intervention publique.

L’opposant avait continué en déclarant que les habitants du Katanga étaient « les premières victimes de l’intolérance, de la prédation, de la dictature et des injures du pouvoir en place ». Il a soutenu que la région était humiliée et exploitée, à tel point que « le grand Katanga est devenu aujourd’hui une immense zone de forage ». Seth Kikuni a incité la population à « s’éveiller, à affronter la peur » et à refuser que l’insécurité et la prédation deviennent des normes.

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« Réveillez-vous, levez-vous, bravez la peur, apprenez définitivement à dire non. Ne laissez pas l’insécurité [et] la prédation devenir des normes ici. Vous avez appris que le président Félix Tshisekedi veut changer la Constitution avec ses institutions illégitimes […]. Tshisekedi a triché aux dernières élections et, depuis qu’il est au pouvoir, la situation sécuritaire et économique du pays s’est détériorée […]. Nous allons le stopper, et nous comptons sur vous », avait-il ajouté.

Accusations du ministère public

D’après le ministère public, les déclarations de Seth Kikuni ont délibérément propagé des rumeurs fallacieuses susceptibles de provoquer l’alarme parmi la population et de l’inciter contre les autorités. L’accusation considère que ces déclarations, décrites comme « fabriquées » et « sorties de leur contexte » par la défense, ont pour but d’encourager la désobéissance civile et de créer de la confusion.

Seth Kikuni a été transféré au centre pénitentiaire de Makala le 28 septembre, suite à une longue détention dans les locaux de l’Agence nationale de renseignements (ANR) et à une audition par le parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe. Le groupe de dialogue des forces politiques et sociales, dont il fait partie, a décrié un “acharnement” et exigé sa libération immédiate, considérant son dossier comme “vide“. Lire aussi : Seth Kikuni transféré de la prison centrale de Makala vers un hôpital pour des soins médicaux – Infocongo