Emmanuel Macron et Félix Tshisekedi à l'Elysée

Le récent sommet de la Francophonie a mis en évidence les limites de l’influence de la République Démocratique du Congo au sein de cette organisation. Si la RDC aspire à jouer un rôle de premier plan dans la Francophonie, les résultats obtenus lors de ce sommet témoignent d’un échec diplomatique. Il est temps pour Kinshasa de tirer les leçons de cette expérience et de repenser sa stratégie.

Photo de famille du XIXè sommet de l’OIF à Paris (ph présidence RDC)

Une Francophonie en mutation

La Francophonie a évolué. Elle n’est plus uniquement un espace linguistique mais un lieu de coopération où les intérêts économiques et politiques priment souvent sur les affinités culturelles. L’ouverture à des pays non francophones a dilué l’influence des pays fondateurs. La RDC, malgré son poids démographique et culturel, peine à faire entendre sa voix dans ce contexte.

Les limites de la diplomatie congolaise

Plusieurs facteurs expliquent cet échec : Manque de préparation : Les préparatifs du sommet semblent avoir été menés de manière trop isolée, sans une véritable synergie entre les différents acteurs de la diplomatie congolaise.

Absence d’une stratégie claire : La RDC n’a pas su définir une stratégie claire et ambitieuse au sein de la Francophonie. Les objectifs poursuivis étaient flous et les moyens mis en œuvre insuffisants.

Soutien international limité : Malgré la gravité de la situation en RDC, les autres pays membres de la Francophonie n’ont pas apporté le soutien espéré. Le Rwanda, accusé de soutenir des groupes armés en RDC, n’a pas été suffisamment condamné.

RDC, cavalier solitaire…

Plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi les autres pays membres de la Francophonie n’ont pas apporté un soutien plus ferme à la RDC lors du sommet de Paris :

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Il y a tout d’abord la complexité des relations internationales. En effet, les relations entre les pays membres de la Francophonie sont souvent influencées par des intérêts géopolitiques et économiques variés. Certains pays peuvent hésiter à prendre position fermement en raison de leurs propres relations diplomatiques avec le Rwanda ou d’autres acteurs impliqués dans le conflit en RDC.

OIF, ce machin…

Il convient aussi de savoir que l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a une influence limitée en matière de résolution de conflits. La secrétaire générale de l’OIF, la Rwandaise Louise Mushikiwabo, a souligné que l’organisation n’est pas en mesure de résoudre les crises complexes mais peut contribuer à faire avancer les choses.

Le président F Tshisekedi salue Louise Mushikiwabo SG de l’OIF, à l’Elysée (ph présidence RDC)

En plus, il peut y avoir un manque de consensus parmi les membres de la Francophonie sur la manière de traiter le conflit en RDC. Les divergences d’opinions et les priorités nationales différentes peuvent rendre difficile l’adoption d’une position commune et ferme.

D’autre part, on remarquera qu’à Paris, il y a eu un focus sur d’autres crises Le XIXè sommet de la Francophonie s’est plus focalisé sur d’autres crises internationales, comme celles au Moyen-Orient et au Liban, ce qui peut avoir dilué l’attention et les efforts consacrés à la situation en RDC.

Ces éléments montrent la complexité des dynamiques au sein de la Francophonie et les défis auxquels elle fait face pour soutenir efficacement ses membres en crise.

Frustration et déception de la RDC

La réaction de la RDC au manque de soutien lors du sommet de la Francophonie à Paris a été marquée par une certaine frustration et déception. Le président congolais, Félix Tshisekedi, a exprimé son mécontentement en déclinant les séances à huis clos prévues après que le président français, Emmanuel Macron, n’a pas mentionné les exactions subies par la RDC dans son discours d’ouverture.

Félix Tshisekedi au XIXè sommet de l'OIF
Félix Tshisekedi au XIXè sommet de l’OIF

Pendant ce temps, à Kinshasa, Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale de la RDC, a également dénoncé cette omission, qualifiant la situation de « scandaleuse » et soulignant l’indifférence perçue de la communauté internationale face aux souffrances du peuple congolais.

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Malgré cette tension, Macron a réaffirmé l’engagement de la France à résoudre la crise en RDC, en condamnant fermement les violences perpétrées par les groupes armés et en soutenant les efforts de médiation régionale. Un peu à la manière d’un parent qui donne une friandise à un enfant qui boude inutilement…

Les défis à relever

Pour renforcer son influence au sein de la Francophonie, la RDC doit absolument renforcer sa diplomatie. Cela passe par une meilleure coordination entre les différents acteurs de la diplomatie, une formation plus poussée des diplomates et une communication plus stratégique.

La RDC doit désormais diversifier ses partenariats et ne plus se limiter à la Francophonie, mais développer des relations puissantes avec d’autres organisations internationales et régionales.

Enfin, la RDC doit adopter une posture plus ferme et plus offensive dans la défense de ses intérêts. Il lui revient de trouver seule la solution à la crise qui déstabiliser les provinces du Kivu et se doter d’une armée capable de mettre fin aux incursions des armées étrangères sur son territoire.

Ce qu’il faut retenir maintenant, c’est que l’échec diplomatique de la RDC à la Francophonie est un signal d’alarme. Il est urgent de prendre des mesures pour redresser la situation. La RDC dispose d’un potentiel immense, mais elle doit apprendre à mieux l’exploiter. L’avenir de la RDC au sein de la Francophonie dépendra de sa capacité à s’adapter à un environnement international en constante évolution et à défendre avec fermeté ses intérêts. Lire aussi : Sommet de la Francophonie : la frustration des Congolais face au silence sur l’agression rwandaise – Infocongo

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