Kinshasa réclame un soutien accru du secteur privé pour dynamiser la culture. En effet, lors d’un état des lieux des “industries culturelles créatives“, organisé par le Laboratoire d’Anthropologie Contemporaine et du Développement (LACDEV) et l’Institut français de Kinshasa, le 25 septembre dernier, l’urgence de soutenir le secteur culturel congolais a été mise en évidence. Les participants ont souligné l’importance d’une synergie public-privée pour dynamiser un écosystème artistique en manque de ressources.
Le Pr. Lye M. Yoka, directeur général honoraire de l’Institut national des arts, a insisté sur le rôle crucial du secteur privé : « La contribution du secteur privé est indispensable pour faire face à la défaillance de l’écosystème culturel en RDC. Il faut financer, sponsoriser, investir dans la culture. L’art appelle l’art, c’est ainsi que nous pouvons faire émerger de nouveaux talents et développer notre patrimoine culturel. »
Il a déploré l’absence de structures adaptées pour accompagner les jeunes artistes congolais : « Malgré un potentiel créatif immense, nos jeunes artistes manquent de structures solides pour les soutenir et valoriser leur travail. C’est un véritable paradoxe. »
Un constat alarmant : l’invisibilité du Congo sur la scène artistique internationale
Le Pr. Yoka a rappelé qu’aucun artiste congolais ne figurait parmi les 50 champions de la créativité culturelle et artistique en Afrique, selon un récent sondage de Jeune Afrique. Cette absence est révélatrice d’un manque de visibilité et de reconnaissance internationale de la création artistique congolaise.
Des pistes pour un développement durable
Pour remédier à cette situation, les participants ont proposé plusieurs pistes :
Renforcer la synergie public-privée : encourager les partenariats entre l’État et le secteur privé pour financer des projets culturels. “D’abord la cinergie Public-privée, nous tapons trop sur le public, le gouvernement, comme quoi, il n’y a pas de politique culturelle (…). Dans ces pays-là qui produisent, ce sont des fonds propres, à force de publicités, productions et vues, ils se sont imposés eux-mêmes comme étant producteurs. C’est ça qu’il nous faut, mais où sont les gens qui peuvent utiliser leur argent au service du bien de la culture ou de l’écosystème culturel ?”, a dit le directeur général émérite de l’INA.
Soutenir les jeunes talents : mettre en place des programmes de formation, d’accompagnement et de financement pour les jeunes artistes.
Développer les infrastructures culturelles : investir dans la construction de salles de spectacles, de studios d’enregistrement et de lieux de création.
Valoriser le patrimoine culturel : promouvoir le patrimoine immatériel et matériel du Congo, tant sur le plan national qu’international.
Un potentiel inexploité
Le bilan présenté lors de cet état des lieux a mis en évidence le potentiel immense de la création artistique en RDC. Malgré les difficultés, de nombreuses initiatives ont vu le jour, démontrant la vitalité de la scène culturelle congolaise. Yoka Lye a renchéri en présentant les forces des industries culturelles créatives en ces termes : “Comme forces, on peut citer, partant du Congo Zaïre : premières écoles d’arts, premières entreprises culturelles publiques, premiers studios d’enregistrement, l’organisation des jeux de la francophonie, les fortes individualité isolées (…)“.
Il est désormais urgent de créer les conditions nécessaires pour que ce potentiel puisse s’exprimer pleinement et contribuer au développement économique et social du pays.
Après l’état des lieux des industries culturelles créatives, il est prévu le 30 octobre prochain, dans la même lancée, un état des lieux des “Enjeux et perspectives de la patrimonialisation des forêts du bassin du Congo“. Lire aussi : Clinique Littéraire de Kinshasa : carte blanche à « Maudit soit-il » de Christian Gombo ce samedi 21 septembre – Infocongo
Victor Bogenda Tembele
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