Une nouvelle page vient d’être tournée dans les relations entre le ministère de la Justice et les syndicats des magistrats en République démocratique du Congo (RDC). Grâce à la médiation du Président du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM), Dieudonné Kamuleta Badibanga, les tensions qui avaient enflé ces derniers jours semblent s’apaiser.
Réuni avec les représentants des six syndicats de magistrats reconnus, le Président du CSM a appelé à un retour au calme et à un dialogue constructif. Il a notamment déploré l’utilisation des réseaux sociaux comme moyen de régler les différends, estimant que cela ternit l’image de la magistrature.

« L’image publique que nous avons donné ces derniers temps risque de donner une lecture qui n’est pas correcte de ce que nous sommes », a-t-il souligné. « Vous êtes des magistrats, des membres d’un pouvoir. Votre action syndicale doit être à la hauteur de vos fonctions. »
Dieudonné Kamuleta a rappelé aux magistrats les voies institutionnelles à suivre pour faire valoir leurs revendications et a insisté sur l’importance de préserver l’unité au sein de la magistrature. « Entre le CSM et le ministère de la Justice, il n’y a jamais eu de mur et il n’y en aura jamais. Nous sommes les deux mamelles d’un même corps », a-t-il assuré.
Pour sa part, le ministre Mutamba a déclaré : « Il n’y aura plus de déclarations, que ce soit du côté des syndicalistes ou de la part des membres du cabinet du ministre de la justice. Désormais, toutes les questions qui concernent l’appareil judiciaire passeront par le cadre de concertation ».
Les réformes qui fâchent
Pour rappel, le conflit entre les magistrats congolais et le ministre de la Justice, Constant Mutamba, est principalement lié aux réformes judiciaires et aux déclarations publiques du ministre. Les magistrats, regroupés au sein du Syndicat autonome des magistrats du Congo (Synamac), accusent le ministre de populisme et de les rendre responsables des dysfonctionnements du système judiciaire.

Constant Mutamba, de son côté, insiste sur la nécessité de réformes courageuses pour améliorer le système judiciaire et a mis en place une commission nationale mixte pour enquêter sur les pratiques mafieuses et les dérives judiciaires. Il a également lancé des consultations populaires pour permettre aux citoyens d’exprimer leurs doléances, ce que les magistrats considèrent comme un exercice de populisme.
Les tensions sont exacerbées par les accusations mutuelles : les magistrats dénoncent une campagne de diabolisation contre eux, tandis que le ministre affirme vouloir combattre les réseaux mafieux au sein du système judiciaire. En fin de compte, cette médiation du CSM est saluée comme une initiative importante pour rétablir la confiance entre les différentes parties prenantes du système judiciaire congolais. Elle démontre également le rôle essentiel que joue le Conseil Supérieur de la Magistrature dans la régulation des relations entre les différents acteurs de la justice. Lire aussi : Bancarisation au ministère de la Justice pour contrer l’évasion des recettes judiciaires – Infocongo