Félix Tshisekedi et Paul Kagame

Évariste Ndayishimiye, président du Burundi et président en exercice de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC) a convoqué pour ce samedi 4 février, une réunion extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement sur la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC et les tensions persistantes entre Kinshasa et Kigali.

A la veille de ce mini-sommet, presque tous les dirigeants de la région ont confirmé leur participation, jusque-là. Cependant, Salva Kiir Mayardit, président du Soudan du Sud pourrait s’absenter à la suite de la visite du Pape François dans son pays, dès ce vendredi.

A Kinshasa, Félix Tshisekedi sera bel et bien présent, d’après son cabinet, et une équipe d’avance est déjà présente dans la capitale burundaise à cet effet. La partie rwandaise quant à elle devrait également être présente au plus haut niveau d’après des sources proches.

Le sommet de Bujumbura pourra-t-il contribuer à la désescalade de la tension entre Kinshasa et Kigali ?

Face à l’évolution de la crise et au comportement du M23 sur le terrain, Kinshasa ne cache pas son appréhension par rapport à la posture prise par la force régionale de l’EAC. En effet, le président Félix Tshisekedi souhaite que son mandat soit plus offensif. Il l’a encore dit ce vendredi à Hadja Lahbib, Ministre fédérale belge des Affaires étrangères, des Affaires européennes et du Commerce extérieur, et des Institutions culturelles fédérales.

Soldats de la force régionale de l’EAC

« La réunion de demain vise à évaluer l’application du processus de Luanda. Ça sera aux parties de décider de quelle évaluation il s’agit pour l’instant. Il y a aussi cette force régionale qui est déployée. J’entends de la part du président Tshisekedi que cette force soit non seulement défensive mais aussi offensive. Je crois que c’est le discours qui va être porté demain », a dit la cheffe de la diplomatie belge Hadja Lahbib au sortir de la réunion avec le président congolais.

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Donner sa langue au chat…

En réaction à la posture de la force régionale, la cheffe de la diplomatie belge laisse aux dirigeants de la région de répondre.

Hadja Lahbib, ministre belge des Affaires étrangères
Hadja Lahbib, ministre belge des Affaires étrangères reçue par Félix Tshisekedi

« Ce n’est pas à moi de dire ce que va faire la force régionale. Elle est sous commandement kenyan. Je pense que c’est à la région de décider avec les différentes forces en présence. Doit-elle être offensive ou défensive ? Il y a une perte de crédibilité que nous avons constatée au niveau de la MONUSCO. Cette force est en transition. On est tous d’accord qu’elle ne correspond plus après 25 ans de présence à l’attente de la population. On observe aussi qu’il y a la même défiance de la population vis-à-vis de cette force régionale. C’est aux parties de dire ce qu’il faut faire et comment elles vont répondre à cette volonté de paix qui est nourrie par la population qui souffre depuis longtemps ».

Appel à la négociation

La communauté internationale croit encore à une solution négociée de la crise, et la ministre belge l’a bien signifié:

« Il faut retourner à la table de négociation. Il faut se parler entre différentes parties. Je sais qu’il y aura un mini-sommet qui sera organisé samedi à Bujumbura à l’initiative du président en exercice de l’EAC. Nous attendons beaucoup de cette réunion même si, il faut dire que les tensions sont extrêmes, nous voulons que soit évitée une escalade du conflit qui conduirait à une guerre ouverte. Cette région de l’Est du pays a suffisamment souffert, plus de 25 ans de conflit et des millions de déplacés », a-t-elle dit à la presse.

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Le processus électoral en ligne de mire, la Belgique espère une désescalade rapidement.

« Nous pensons aussi qu’à l’approche de la tenue des élections fixées en décembre prochain, il convient d’appeler toutes les parties à se parler et à appliquer le processus de Nairobi et de Luanda », a-t-elle ajouté.

Avant d’arriver en RDC, elle était à Luanda où elle a rencontré le président angolais Joao Lourenco.

« Il a éprouvé aussi la même volonté de médiatiser les deux parties. J’espère que la Rwanda et la RDC pourront s’asseoir à la même table et se parler et appliquer les accords qui ont été signés, cesser toutes stigmatisation des communautés et aboutir au désarmement du M23 et des FDLR », a-t-elle ajouté.