RDC/Belgique : entre le rejet du passé de F. Tshisekedi et les regrets de Philipe, les congolais sont restés sur leur soif

Le Roi des Belges Philippe a bouclé son étape kinoise ce jeudi 09 juin. Arrivé mardi 07 juin dernier pour un voyage officiel de 6 jours dans l’ancienne colonie, le Souverain belge devrait s’envoler cet après-midi pour Lubumbashi, seconde étape de sa visite, et où il est prévu une rencontre avec les étudiants de cette ville.

Le Roi Philippe de Belgique au Palais du Peuple (Kinshasa 08 juin 2022)

A l’étape de Kinshasa, le point d’orgue de son séjour a été certainement son adresse devant le Parlement congolais réuni en Congrès, pendant laquelle les élus congolais « bien habillés » sur demande expresse du Président du Sénat Modeste Bahati, ont réservé des applaudissements frénétiques à leur illustre invité qui en a profité pour présenter « ses profonds regrets » pour les multiples exactions commises par ses ancêtres sur les populations congolaises pendant la colonisation.

Des « regrets » vite apparus aux yeux des observateurs congolais comme une baisse en gamme, par rapport aux « excuses » présentées par le même Roi dans une lettre adressée au Président de la République Félix Tshisekedi il y a deux ans à l’occasion de la fête de l’indépendance.

Mais des « regrets » qui revêtent tout de même de l’importance, si on considère que plus tôt dans la journée, le Chef de l’Etat congolais lui-même avait publiquement appelé les congolais à rejeter le passé colonial pour s’inscrire dans le présent et l’avenir en ce qui concerne les relations entre la RDC et son ancienne métropole. Et comme le pays hôte venait de se montrer si prompt à effacer le tableau, quoi de plus normal que le Représentant de l’ancien colonisateur revoit à la baisse le niveau de sa responsabilité ?

Le fait peut paraître anodin, mais les prises de paroles des deux personnalités hier mercredi ne se situent pas au même niveau de responsabilité. D’un côté, il y avait devant les élus congolais, un Roi des Belges qui par définition, règne mais ne gouverne pas. Par conséquent, sa parole n’a qu’une portée symbolique, et n’engage nullement l’Etat et le Gouvernement belge. A ce titre, Philippe qui n’est que le symbole de l’unité du Royaume et ses excuses n’ont de portée réelle que vis-à-vis de son ancêtre Léopoldville II et de ses successeurs qui ont causé tant de crimes de sang et de pillages au Congo.

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Tout le contraire du rejet public du passé colonial annoncé par le Chef de l’Etat congolais. Ce dernier engage tous les 100 millions des congolais en tant que Garant de la nation. Contrairement au Roi des Belges, le Président congolais gouverne et engage toute la nation vis-à-vis de l’extérieur.

En annonçant le rejet du passé colonial, il a pratiquement enterré tous les contentieux qui ont toujours empoisonné les relations entre Bruxelles et Kinshasa, et annihilé toute possibilité pour l’Etat et le Gouvernement congolais, et partant pour son peuple, de réclamer quoi que ce soit à la partie belge à l’avenir.

La question aujourd’hui reste de savoir si cette sortie présidentielle n’est pas cher payer les retrouvailles entre la RDC et la « seconde patrie » du Chef de l’Etat. Lire aussi: RDC : Le Roi Philippe a décoré le caporal Albert Kunyuku de la Force Publique Congolaise

 Lolo Luasu B.