RDC : Jean-Marie Kalumba Yuma, le bouc-émissaire idéal ?

Le ministre congolais de l’Economie nationale Jean-Marie Kalumba Yuma, a été destitué mercredi 30 mars par la plénière de l’Assemblée nationale par 277voix pour 364 votants, à la suite d’une motion de déchéance initiée par un député de la majorité de l’union sacrée, et signée par au moins 70 élus nationaux.

Il est reproché au ministre Kalumba, cadre de l’AFDC de Modeste Bahati Lukwebo, et actuellement speaker du Sénat et principal allié du Président Félix Tshisekedi, une « incompétence » dans la gestion de son secteur, une complaisance présumée vis-à-vis des opérateurs économiques qui feraient valser les étiquettes sur le marché selon leur bon vouloir.

Depuis le début de l’année en cours, la RDC est frappée de plein fouet par une flambée générale des prix des produits de première nécessité, une flambée qui semble s’accentuer ces dernières semaines, alors que l’inflation et le taux de change restent relativement stables sur le marché intérieur, et que le Gouvernement se félicite régulièrement de la stabilité du cadre macroéconomique, et de l’augmentation des recettes publiques.

Selon des analystes indépendants, la RDC est cependant confrontée à une situation délicate sur le plan économique, avec notamment un niveau d’endettement de plus en plus croissant, qu’elle parvient difficilement à gérer, en dépit d’une réelle embellie de ses recettes minières et des subventions reçues de la Banque mondiale et du FMI.

Cure d’amaigrissement des réserves de change

De février à mars dernier, le pays a vu ses réserves de change fondre comme neige au soleil, passant de 3,5 milliards de dollars us à 2,5 milliards, à cause notamment des ponctions du Gouvernement, qui peine à honorer ses engagements sociaux. L’exécutif congolais qui a promis la mécanisation des dizaines des fonctionnaires et agents de l’Etat au mois d’avril qui commence, est actuellement en butte à des grèves récurrentes dans certains secteurs, notamment dans ceux de l’enseignement supérieur et de la santé. Des pans entiers des fonctionnaires et agents de la fonction publique cumulent des arriérés de salaires allant jusqu’à 12 mois, ce qui augure des arrêts de travail dans les prochains mois, si le Gouvernement ne tient pas ses promesses au mois d’avril.

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Un Gouvernement qui a lui-même multiplié ces derniers mois des décisions économiques populistes, voire démagogiques, poussant même certains opérateurs du secteur à fermer leurs portes. Le mois dernier, un des principaux importateurs des vivres frais, la société Egal Sprl, a mis la clé sous le paillasson, déversant sur le marché du chômage des milliers des travailleurs et créant une nette pénurie sur le marché qui persiste à ce jour. Egal soupçonnée d’appartenir à des proches de l’ancien président Joseph Kabila, était accusée par le pouvoir en place de fraude fiscale et de tripatouillage de ses structures des prix.

Congo Airways aux ailles coupées

L’année dernière, une baisse drastique mal pensée du même Gouvernement, a été imposée aux compagnies d’aviation, sous-prétexte du social de la population. Aujourd’hui, la Compagnie aérienne nationale Congo Airways, se retrouve en situation de quasi-faillite, avec un seul aéronef, et une dette d’exploitation de 30 millions de dollars us, ainsi des arriérés des salaires de 4 mois vis-à-vis de ses agents.

Selon les analystes à Kinshasa, le régime en place est complètement pris à la gorge par des multiples problèmes sociaux et économiques qu’il ne parvient plus à résoudre, et se cherche désormais des boucs-émissaires sous-forme des fusibles à faire sauter pour regagner les faveurs d’une opinion de plus en plus fuyante. Le lâchage du ministre par sa propre famille politique de l’union sacrée, largement majoritaire à l’Assemblée nationale, semble participer de cette stratégie.

Le Président de cet hémicycle, Mboso Nkodia Mpuanga, était jusque-là connu pour être  le garant du statu quo à la chambre basse, gelant ou refusant toute initiative à l’encontre des intérêts de la majorité. Et voilà que brusquement, il se fait l’apôtre zélé du contrôle parlementaire, dans le cas d’espèce, du lynchage télévisé d’un ministre de la majorité…

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Lolo Luasu B.

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