Sama Lukonde Kyenge

Pour la formation du Gouvernement de l’Union sacrée du warrior Sama Lukonde, les jours et les semaines se succèdent, et… se ressemblent. A Kinshasa, même les chroniqueurs politiques les plus branchés, commencent à se fatiguer, à force d’annoncer l’imminence d’un Gouvernement, dont la perspective semble de plus en plus s’éterniser. 

Le Premier ministre Sama Lukonde, avait annoncé, dans l’enthousiasme de sa nomination, un Gouvernement des “guerriers”, sauf que la réalité du terrain risque de l’obliger à manger son chapeau. Il avait annoncé des hommes nouveaux, intègres, à la moralité irréprochables. A l’allure où évoluent les choses, il court le risque de se retrouver autour de la table, avec une foison de chevaux de retour, des braqueurs des caisses publiques à la réputation bien établie, et peut-être même, de véritables gibiers de potence au passé plus que chargé. 

Au départ, la règle acceptée lors des consultations, était celle d’un ministre pour 8 députés. Aujourd’hui, cette décision a fini par se fracasser contre la dure réalité politique au sein de l’Union sacrée. L’Udps, du fait de son imperium et de son statut l’organisateur du jeu, s’impose avec 8 ministères, avec ses seuls 34 élus. A quoi il faut ajouter les 5 autres ministères de souveraineté revendiqués au nom et à la discrétion du Chef de l’Etat. 

Des 8 ministères revendiqués, en raison de leurs élus à l’Assemblée nationale, l’Afdc-A de Modeste Bahati et Ensemble de Moïse Katumbi, n’en auront désormais plus que 5 chacun. Le partenaire des temps difficile, l’Unc de Vital Kamerhe, lui, a été forcé de faire une cure d’amaigrissement de ses prétentions, obligé de passer de 8 portefeuilles dans le Gouvernement sortant, à seulement 2 ministères dans la prochaine équipe des warriors. La mosaïque Pprd elle, devra aussi se contenter de 2 macarons ministériels, alors que leurs cousins germains ex-Fcc, devront se distribuer selon dame la chance, et selon leur niveau d’accointance avec le pouvoir, entre 1, 2 ou 3 ministères. 

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Au final, avant même que la composition du Gouvernement ne soit rendue publique, aucune partie prenante n’est satisfaite de ce qui va, ou risque d’arriver. Sauf l’Udps évidemment, qui estime qu’en détentrice du pouvoir suprême, elle n’a pas à se plier à une quelconque règle préétablie. 

Dans ce jeu de chaises musicales qui se joue devant lui, le Premier ministre est comme un spectateur impuissant, qui assiste seul, avec ses propres principes dont personne ne veut, au spectacle d’un jeu de l’ombre, dont il ne maîtrise pas les règles. Il n’est plus qu’une sorte d’Administrateur-délégué, choisi pour son expertise supposée, à qui, le moment venu, les actionnaires de l’entreprise union sacrée, vont demander de gérer leur société, au mieux de leurs intérêts, et selon leurs propres directives. 

Les observateurs eux, ne se font plus illusion sur le futur leadership d’un Premier ministre, à qui plus personne au sein du microcosme politique, ne prête plus attention, au profit des faiseurs de rois qui s’activent autour de lui. Lire aussi: Union sacrée : le difficile accouchement d’un Gouvernement fait de bric et de broc