Elèves devant le Lycée Bosangani, à Kinshasa

En RDC, des écoles enterrent la gratuité de l’enseignement pour sauver l’année scolaire, qui a démarré sans qu’aucun cours ne soit donné par les enseignants.

Au Lycée Bosangani de Kinshasa, un des établissements les plus prestigieux du pays sous gestion de l’Eglise catholique, les parents d’élèves et la direction ont décidé que les parents paient des frais de scolarité de 100 dollars us pour le primaire, et 150 dollars us pour le niveau secondaire.

Un arrangement de compromis pour éviter une année blanche à des élèves sevrés d’enseignements depuis la rentrée scolaire début septembre, en raison d’une grève passive du corps enseignant.

Promesse non tenue, des écoles enterrent la gratuité de l’enseignement pour sauver l’année scolaire

Le Chef de l’Etat congolais Félix Tshisekedi, avait décrété la gratuité de l’école publique, matérialisant ainsi une de ses principales promesses de campagne. Mais apparemment, l’intendance n’a pas suivi.  Habituées depuis les années 80 à vivre sur le dos des parents d’élèves, les écoles, surtout celles conventionnées catholiques, étaient habituées à un certain confort, grâce à des primes mensuelles aux enseignants, Qui, la plupart des temps, s’élevaient jusqu’à 2 fois, voire plus, le salaire versé par l’Etat.

Avec la gratuité, cet avantage à disparu, et le Gouvernement congolais ne s’est pas montré en mesure de combler le gap. Les rémunérations des enseignants ont certes subi des hausses substantielles, mais sans commune mesure avec ce qui était versé avec la contribution des parents.

La faute évidemment aux ressources limitées de l’Etat, qui a pour l’occasion régularisé à la pelle, des centaines des milliers d’enseignants actifs mais non payés jusque-là. Par ailleurs, la promesse de verser sur cinq ans une subvention de 1 milliard de dollars us en soutien au système éducatif congolais, tarde à se matérialiser.

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Ecoles sans enseignements

Du coup, les enseignants, sevrés de la juteuse prime des parents, et qui attendaient avec impatience le paiement par l’Etat de leur manque à gagner, ont opté pour une école sans enseignement.

A ces désagréments, sont venus s’ajouter le non-versement des frais de fonctionnement aux écoles, qui viennent à manquer jusqu’aux craies et aux autres matériels didactiques.

Pire encore, la promesse d’un deuxième pallier des salaires promis par le Gouvernement, s’est arrêtée devant le mur de la réalité budgétaire de l’Etat, un Etat congolais dont le budget est consacré à 80% aux dépenses des rémunérations et de fonctionnement, à cause notamment d’une inflation exponentielle des institutions politiques.