Ituri : affamés, plus de la moitié des miliciens de la FRPI fuient le site d’Azita

En Ituri, la plupart des miliciens de la Force de Resistance patriotique de l’Ituri, FRPI ont quitté le site de pré-cantonnement d’Azita au sud d’Irumu où ils sont regroupés depuis plus d’une année dans le cadre du processus de paix.

Ventre affamé n’a point d’oreille

Ces miliciens ne sont pas pris en charge depuis au moins deux mois par le gouvernement congolais, affirment des sources concordantes. Habitués qu’ils étaient, à « se servir sur la bête », entendez la population, qu’ils rendaient taillable et corvéable à merci, ces rebelles ont quitté le camp pour s’égailler dans la nature.

Selon la société civile de Walendu Bindi, environ 70 pour cent des miliciens de la FRPI ont déserté le site d’Azita. Leurs dépendants (femmes et enfants) ont rejoint leurs familles à cause des conditions de vie difficiles dans leur lieu de regroupement. « Ils ne reçoivent plus de nourriture et de médicaments depuis le mois de juin dernier ».

Des témoins affirment que ces miliciens, munis de leurs armes, circulent librement dans la chefferie de Walendu Bindi. Ils sont visibles dans les marchés locaux en quête de vivres. Les habitants ont peur que ces hommes armés ne se livrent à des exactions après plus d’une année d’accalmie observée au sud d’Irumu.  Pour sa part, Jean Claude Katanga de la société civile de Baviba demande au gouvernement de respecter ses engagements pour sauver ce processus qui est « en panne », dit-il.

CODECO, même refrain

On se souviendra que le week-end dernier, leurs comparses de la CODECO, ont envahi la ville de Bunia, dans un premier temps pour aller soi-disant de la nourriture, avant de se raviser et aller faire le gué à la prison centrale de la ville, avec la ferme intention de libérer leurs camarades qui y sont incarcérés.

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Il a fallu des négociations avec les autorités civiles et militaires et la présence dissuasive des soldats FARDC déployés autour de la prison, pour qu’ils soient finalement reconduits vers leur lieu de cantonnement.

Cependant, le responsable du programme de stabilisation (STAREC) en Ituri, Jean Marc Mazio indique que la prise en charge de ces miliciens est assurée en dépit de certaines difficultés. D’après lui, le gouverneur de province est à Kinshasa pour la finalisation de ce processus.

Par ailleurs, la MONUSCO a déjà construit deux sites d’identification et de désarmement de ces miliciens à Kazana et à Karatshi.

La présence de ces rebelles en phase de réinsertion dans la communauté, aux abords des villes de l’Ituri et du Nord-Kivu reste une sorte de bombe à retardement , tant que des solutions idoines et pérennes ne sont pas trouvées.