Procès 100 jours : Justin Bitakwira charge Vital  Kamerhe

Le procès Kamerhe et consorts s’est longuement poursuivi ce mercredi 03 juin à la prison centrale de Makala, avec la comparution des différents témoins cités par les prévenus Kamerhe et Jammal, dont Justin Bitakwira. Cette troisième audience a été présidée par le juge Bankenge Mvita, qui remplace Raphael Yanyi, décédé après la deuxième audience, le 26 mai.

Le public, très attentif et intéressé par le procès a pu être édifié, après plusieurs interventions en rapport avec le dossier de fabrication de 1500 maisons préfabriquées confiées à la société Samibo de l’homme d’affaires libanais Samih Jammal pour le prévenu Jeannot Muhindo, chargé de l’import-export à la présidence de la République ; le transfert de 10 millions de dollars par Samih Jammal au Liban ; la reconnaissance par le prévenu Kamerhe dans l’octroi des sommes supplémentaires à Jeannot Muhindo contrairement à ce qui était prévu dans le contrat, la reconnaissance de l’octroi d’une parcelle à la  baie de Ngaliema à mademoiselle Soraya Mpiana, belle-fille de Vital Kamerhe.

Bitakwira, Ponce pilate…

Le clou de l’audience de ce jour aura sans aucun doute été l’intervention de Justin Bitakwira Biona, ancien ministre du Développement rural sous le gouvernement de Bruno Tshibala, et initiateur du projet des maisons préfabriquées.

En effet, le très attendu Justin Bitakwira n’y est pas allé par le dos de la cuillère : « je n’ai jamais été invité à la présidence à ce sujet, ni par écrit, ni verbalement, ni même par un message téléphonique ou par appel… Parce que quand j’ai documenté le projet, j’ai constaté que de tous les ministères qui étaient retenus dans l’exécution du projet de 100 jours, le Ministère du Développement Rural ne figure pas. Le Directeur de cabinet le sait, il a payé les primes à tous ceux qui figurent dans la Commission et peut vous dire quand est-ce j’ai eu ma prime, je ne figurais pas »

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Dans son intervention, Bitakwira a confirmé avoir signé, sur instruction de l’ancien premier ministre, Bruno Tshibala, le contrat avec la société Samibo de Samih Jammal en avril 2018 pour 900 maisons préfabriquées, dans neuf provinces, évalué à 26 500.000.000 de dollars américains.

Dans la foulée, Bitakwira a indiqué « que ce contrat avait reçu le visa de la Direction Générale de Contrôle des Marchés Publics (DGCMP) et a été approuvé par le premier ministre ».

Et d’ajouter : « ce contrat devait être payé en trois tranches et la première tranche qu’on avait demandé était de l’ordre de 7 millions 250 mille dollars. Donc de Janvier jusqu’à décembre 2018, l’Etat avait dit qu’il avait l’argent dans le trésor pour payer ce montant ».

La valse des chiffres

L’ancien Ministre du Développement Rural a fait remarquer que c’est lors de l’avènement de Félix Tshisekedi au pouvoir, qu’il apprendra par le canal de son Secrétaire Général que le projet Samibo a été récupéré par la Présidence de la République et doit faire partie du programme des 100 jours, mais plus tard, lui a envoyé une nouvelle facture des maisons.

« Il me demande sur instruction du Président de la République qu’il faut changer le Contrat puisque tout a changé. J’ai la correspondance. Maintenant, ce n’est plus 900 maisons, ça devient 1500 pour 5 provinces et ce n’est plus 26 millions 500 mille dollars, ça devient 57 millions de dollars », a-t-il dit.

Il a aussi certifié que le prévenu Vital Kamerhe avait responsabilisé le ministère de l’Urbanisme et Habitat dont le ministre est membre de son parti, Unc.

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Pour rappel, Justin Bitakwira avait déjà été auditionné par le parquet général près la cour de Kinshasa-Matete, sur le contrat avec Samih Jammal, patron de la société Samibo Congo Sarl, qui avait conclu, en avril 2018 avec le gouvernement congolais pour la livraison des maisons préfabriquées.

De son côté, Vital Kamerhe a expliqué qu’il n’était pas le seul superviseur du programme d’urgence des 100 jours du président Félix Tshisekedi, et continue de marteler que ce contrat a été signé par Justin Bitakwira et que tout ce qu’il dit n’est que mensonge.

Le procès se poursuivra jeudi 4 juin, avec l’audition d’autres témoins…

Jacques Kalokola