An 1 de l’alternance : bilan mitigé

Le bilan l’an 1 de l’alternance politique en RDC est mitigé, comme la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine, les analystes et politiques congolais qui ont analysé la première année de Félix Tshisekedi au pouvoir font chacun leur bilan.

Décrispation politique, fermeture des cachots clandestins, gratuité de l’enseignement parmi les grandes réalisations de Tshisekedi

Le député provincial de l’UDPS, Peter Kazadi estime que la décrispation politique, la libération des prisonniers politiques, la fermeture des cachots clandestins, l’ouverture de la RDC au monde extérieur, la gratuité de l’enseignement, le respect des libertés publiques, et le début de construction des infrastructures sont des réalisations qu’il faut mettre à l’actif du Président Félix Tshisekedi.

Naturellement lui voit la bouteille à moitié pleine et parle de bilan positif du Président de la République qu’il faut encourager. « Le pays a été détruit à 90%. Le tissu social du congolais a été totalement anéanti. Nous sommes en train de construire. Nous avons quand même connu des avancées. Aujourd’hui avec la gratuité de l’enseignement, les enseignants des écoles publiques affirment qu’il y a des progrès dans leurs rémunérations », a affirmé Peter Kazadi.

Le député UDPS Peter Kazadi saluant Félix Tshisekedi

Il reconnaît que les tâches à accomplir sont encore nombreuses :

« Mais je dois reconnaitre que tout n’est pas encore fait. Le Président Tshisekedi totalise un an au pouvoir. Le gouvernement a été mis en place 6 mois après ; c’est un combat qui va se poursuivre tout au long de son mandat. Je participe à la vision du Président Tshisekedi, je connais son projet de société. Mon souhait est qu’à la fin de son mandat, que toutes les promesses qu’il a faites au peuple congolais, notamment l’amélioration des conditions sociales du congolais, soient accomplies ».

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Mais pour Lamuka, la première année de Félix Tshisekedi « est un gâchis total »

L’an 1 de l’alternance en RDC s’est soldé par un gâchis total, a affirmé jeudi 23 janvier le porte-parole du coordonnateur de Lamuka, Steve Kivwata. Selon lui, cette situation part de « la cacophonie au sommet de l’État à la vie sociale difficile de la population ». Cette plate-forme de l’opposition parle de « presque la fin du deal » entre le FCC et le CACH.

Steve Kivwata (Lamuka)

Intervenant au cours de l’émission Dialogue entre Congolais de Radio Okapi, Steve Kivwata soutient que la première année de Félix Tshisekedi au pouvoir en RDC s’est soldée par un gâchis :

« Sur le plan politique, il y eu la cacophonie au sommet de l’Etat. Il y a le FCC dont les ministres auraient déjà signé leurs lettres de démission. Sur le plan économique, il y a des dépenses qui ont été faites en dehors de la chaine des dépenses ».

A cela s’ajoutent, selon lui, des affaires de corruption qui n’ont pas été sanctionnées par la justice, la dépréciation du Franc congolais par rapport au dollar américain entrainant la flambée des prix sur le marché.

La plate-forme Lamuka considère par ailleurs l’hypothèse de la dissolution de l’Assemblée nationale – émise par Félix Tshisekedi – et la réplique de destitution du Président – faite par Jeanine Mabunda – comme un signe de la fin de la coalition FCC-CACH au pouvoir.

Pr Félicien Kabamba : « Le tout premier chantier du Président Tshisekedi a été celui des libertés publiques »

Le professeur Félicien Kabamba, analyste politique fait remarquer que le secteur des libertés est un chantier auquel le Président Félix Tshisekedi a accordé beaucoup d’importance.

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Selon lui, après une année de gestion de la RDC, l’élan pris par Felix Tshisekedi quant au respect des libertés publiques doit être maintenu.

Professeur Bob Kabamba, Analyste et professeur à l’Université de Liège en Belgique (Photo radiookapi.net)

« Le tout premier chantier du Président de la République a été celui des libertés publiques. Vous savez tous que la RDC était considérée comme un pays des restrictions des libertés publiques. Beaucoup d’opposants étaient exilés à l’étranger, nos prisons étaient devenues des hebergeries des opposants. Il faut peut-être là inviter le chef de l’Etat à bien regarder les premières décisions qu’il a prises. L’interdiction de manifestation n’est pas une bonne chose. Par contre, l’élan qu’il avait pris était très bon. Il faut qu’il continue avec cet élan », conseille Félicien Kabamba.

Tout en appréciant les efforts et succès des Forces armées congolaises, l’analyste politique Félicien Kabamba encourage le chef de l’Etat à focaliser davantage son attention sur le rétablissement de la sécurité à travers le pays.

 “ La priorité pour les Congolais actuellement, c’est la sécurité. Comment construire des infrastructures quand des Congolais meurent dans la partie Est du pays. La sécurité est le chantier prioritaire du chef de l’Etat. Il faut arriver à donner la sécurité à chaque Congolais“.

Quant au CLC, il invite le président Tshisekedi à convoquer “de toute urgence” les états généraux sur la corruption et les pillages des ressources du pays

Le Comité Laïc de Coordination, (CLC), a, à l’occasion de l’an 1 de l’alternance, adressé un message au président Félix Tshisekedi. S’agissant de la lutte contre la corruption, les laïcs catholiques estiment que pour sortir résolument de simples effets d’annonce, il est urgent pour le chef de l’État de fixer l’opinion sur les affaires pendantes notamment de 15 millions et 200 millions USD.

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Isidor Ndaywel et les membres du CLC

Le CLC invite le chef de l’État à créer une juridiction financière, appuyée par un parquet financier et une Agence anti-corruption. Les laïcs catholiques évoquent aussi la nécessité de convoquer de toute urgence les États généraux sur la corruption et les pillages des ressources du pays, en vue de dégager de manière pragmatique et concrète des solutions immédiates contre “cette gangrène qui hypothèque tout développement de la RDC”. 

En outre, le CLC appelle le président Tshisekedi à exiger la mise en place d’un Tribunal pénal international pour la ROC pour juger des crimes qui se commettent au Congo. Mais en attendant, les laïcs catholiques l’invitent à créer des juridictions mixtes au sein des organes judiciaires congolais. 

S’agissant de la justice, Isidore Ndaywel et ses compagnons appellent Félix Tshisekedi à nommer à la tête des hautes instances du système judiciaire de la RDC, des magistrats compétents, capables de résister à l’appât de la corruption et à toute forme de pression politique.