Kuluna affrontant la police

A Kinshasa, les Shégués ont pris en otage le centre-ville terrorisé, sous les regards impuissants du général Kasongo et de la police. Bien malin, qui aurait cru qu’un jour des shégués et kuluna allaient installer leurs quartiers généraux  en plein centre-ville de la capitale congolaise ! Ces derniers temps pourtant, il n’est plus aisé de s’hasarder le soir en ville dans la commune de la Gombe, considérée naguère comme la plus prestigieuse et sécurisée de Kinshasa.

Des vols spectaculaires de portables et autres objets, des agressions contre de paisibles citoyens et des bagarres entre gangs, voici des scénarios auxquels assistent les kinois qui fréquentent le centre-ville, sous l’œil impuissant de la Police.

Gombe, bastion des Kuluna et Shégués

Lundi 8 avril dernier, au croisement des avenues Lokele et Tombalbay, nous sommes au quartier Gare centrale dans la commune de la Gombe. Les riverains ont été terrorisés par de violents affrontements entre deux gangs de shégués faisant plusieurs blessés parmi eux. Ce quartier est devenu depuis quelques temps le bastion des enfants de la rue et kuluna qui, le plus souvent, s’attaquent aux paisibles citoyens qui quittent leur lieu de travail ou activités commerciales à la quête des moyens de transports pour regagner leur domicile.

Hélas, les malchanceux se font agresser ou extorquer leurs biens sans possibilité de défense. Ces jeunes shégués dont l’âge varie entre 7 et 15 ans opèrent toujours en groupe et sont armés de pierres et autres objets tranchants pour intimider leurs cibles. Parmi les victimes les plus vulnérables, il y a des femmes et passants solitaires. A partir de 19 heures et plus tard la nuit, ils sont très actifs. Ils n’ont peur de rien, même pas des hommes en uniforme.

Des Shégués arrêtés par la police à Kinshasa

Même pas peur des flics!

Il n’est pas rare quelques fois d’assister à une dispute entre des policiers armés et un gang de shégués, tous mineurs. Ces derniers ne manifestent du reste aucun signe de crainte devant les menaces policières, s’approchant même devant les canons de fusilles défiant les hommes en uniforme de tirer.

Lire :  Beni : le comité de protection civile formé sur les mécanismes d’alerte en cas de menace sécuritaire

Comment maitriser ces enfants qui osent défier les armes ? Ces gamins inconscients, sans éducation ni instruction vivent au dépend de leurs actes de vandalisme ou de la mendicité. Dans certains arrêts de transports en commun, à l’instar des Galeries Présidentielles, des jeunes gens n’hésitent pas à s’approcher des taxis pour arracher portables et autres objets. Souvent, ils le font en toute impunité voire en présence des policiers qui restent passifs sans même dissuader ces enfants délinquants.

Enfants de la rue, bombe sociale à retardement

D’après des sources concordantes, la majorité de ces enfants seraient nés des parents shégués et grandissent tel de la mauvaise herbe, en toute liberté, en rupture de scolarité. Ils n’ont ni toit parental ni domicile fixe. Ils vivent depuis leur naissance en ville et en vagabondage et sont livrés à leur propre sort. Ils passent nuit à la belle étoile et constituent une bombe à retardement. Il y aussi parmi eux des filles mineures qui connaissent une vie sexuelle très précoce. Elles sont exposées au VIH/Sida et aux maladies sexuellement transmissibles.

La police provinciale de Kinshasa, sous le commandement du général Kanyama avait lancé en 2013 l’opération de traque des Kuluna, opération qui avait ramené la paix et le sécurité dans la capitale. Malheureusement, l’oprération avait été fortement critiquée par les organisations de défense des droits de l’homme.

Collette SAMBA