L’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), parti au pouvoir en République Démocratique du Congo (RDC), a franchi un nouveau pas dans sa volonté de modifier la Constitution. En effet, le parti présidentiel a clairement annoncé son intention de changer radicalement la loi fondamentale du pays, et non plus simplement de la réviser. Ce faisant, le débat sur la révision constitutionnelle s’enlise dans un bras de fer politique
Cette annonce, faite par le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, a suscité une vive réaction de l’opposition et de la société civile. Alors que le pouvoir évoque la nécessité d’adapter la Constitution aux aspirations du peuple congolais, ses détracteurs y voient une manœuvre visant à permettre à Félix Tshisekedi de briguer un troisième mandat présidentiel.
Un changement de cap
Initialement, le projet de modification de la Constitution avait été présenté comme une simple révision. Cependant, les déclarations récentes de l’UDPS laissent peu de place au doute : il s’agit bien d’un changement profond de la loi fondamentale.
« L’UDPS/Tshisekedi porte désormais le cahier des charges du changement de la Constitution et non de la révision constitutionnelle », a annoncé le Secrétaire Général Augustin Kabuya devant un millier de militants de son parti rassemblés à son initiative à la permanence de Limete, jeudi 21 novembre 2024 dans la soirée.
Le dirigeant de la principale force politique de la RDC a exhorté ses partisans à se préparer pour une série de manifestations pacifiques en appui au Président Félix-Antoine Tshisekedi et à sa volonté de réexaminer la Constitution de 2006. Cette évolution a surpris de nombreux observateurs, qui craignent que cette réforme ne mette en péril les acquis démocratiques obtenus de haute lutte.
Les enjeux de cette réforme
Les enjeux de cette réforme constitutionnelle sont multiples :
La limitation des mandats présidentiels : L’opposition craint que la modification de la Constitution ne vise à supprimer ou à assouplir la limitation du nombre de mandats présidentiels, ouvrant ainsi la voie à un régime autoritaire.
L’équilibre des pouvoirs : Les détracteurs du projet de réforme estiment que celui-ci pourrait renforcer les pouvoirs du président de la République au détriment des autres institutions.
La stabilité du pays : Une modification profonde de la Constitution pourrait relancer les tensions politiques et fragiliser davantage un pays déjà marqué par des décennies de conflits.
Un débat qui s’enlise
Le débat sur la réforme constitutionnelle s’est rapidement polarisé, opposant le pouvoir à l’opposition et à la société civile. Le gouvernement, par la voix de son porte-parole Patrick Muyaya, appelle au dialogue et invite les opposants à participer à la commission chargée d’étudier les modifications à apporter à la Constitution.
Cependant, l’opposition reste sceptique quant à la bonne foi du pouvoir et refuse de participer à une commission qu’elle considère comme étant déjà acquise aux thèses du président Tshisekedi.
Les défis à venir
La RDC se trouve à un tournant de son histoire. La réussite ou l’échec de cette réforme constitutionnelle entraînera des conséquences durables sur la stabilité du pays et sur son avenir démocratique. Il est donc essentiel que toutes les parties prenantes engagent un dialogue constructif afin de trouver des solutions consensuelles et de garantir un avenir meilleur pour le peuple congolais. Lire aussi : Les leaders de l’opposition dans un front uni contre la révision de la Constitution – Infocongo