Un convoi humanitaire a été pris dans une embuscade, le dimanche 14 avril, par des miliciens de la CODECO près de Fataki sur la route nationale numéro 27 dans le territoire de Djugu (Ituri). Les membres de l’équipage ont été menacés de mort et dépouillés de leurs biens, selon des sources de sécurité.
Ce convoi d’humanitaires revenait de certaines localités du territoire de Djugu pour effectuer l’identification des déplacés dans le cadre d’un projet d’assistance. Ils ont été pris au piège par un groupe de miliciens de la CODECO sur le tronçon entre Gokalu et Fataki, le long de la route nationale numéro 27. Les assaillants les ont menacés de mort et ont confisqué leurs téléphones et leur argent.
Organisations humanitaires ciblées
La société civile locale signale que les exactions des groupes armés contre les humanitaires sont devenues récurrentes. Elle mentionne notamment l’incendie en janvier dernier d’un véhicule transportant des vivres destinés aux humanitaires, ainsi que le pillage en mars de l’hôpital de Drodro et les attaques contre les sites de déplacés.
Ce regain d’insécurité observé depuis le début de l’année a contraint certaines organisations internationales telles qu’Action contre la faim et Médecins sans frontières à suspendre leurs activités dans certaines zones du territoire de Djugu. D’autres ONG ont délocalisé leurs bureaux, notamment dans le territoire voisin de Mahagi, ou dans d’autres localités de Djugu considérées comme plus sécurisées. Cette situation aggrave la crise humanitaire pour des milliers de déplacés, déjà préoccupés par le manque d’assistance et l’accès aux terres occupées par les miliciens.
Regain d’insécurité dans la région
Les raisons du regain d’insécurité dans la région de Djugu sont complexes et multifactorielles. En effet, les tensions entre différentes communautés au sujet des droits fonciers et des inégalités sociales ont exacerbé les divisions. Ces conflits ont souvent dégénéré en violences armées.
De plus, les groupes armés, souvent formés sur une base communautaire, cherchent à contrôler les zones riches en ressources naturelles, notamment les sites d’exploitation aurifère. Cette lutte pour le contrôle territorial entraîne des affrontements violents.
Pour rappel, cette région connaît des cycles de violences et de déplacements. Les attaques augmentent généralement pendant les mois de récolte (juin et juillet, octobre à décembre), suivis d’une relative accalmie pendant laquelle les gens risquent de retourner dans leurs villages.
Djugu, épicentre de la crise
Les groupes armés ciblent délibérément les civils, ainsi que les écoles et les hôpitaux. Depuis 2017, plus de 500 civils ont été tués par des militants, et près de 200 autres ont été blessés.
La violence a entraîné un nombre considérable de déplacés internes. Environ 700 000 personnes sont déplacées à Djugu et plus de 300 000 à Mahagi. Les organisations humanitaires ont du mal à atteindre ces populations vulnérables.
En somme, la combinaison de facteurs socio-économiques, de rivalités territoriales et de conflits armés a créé une situation d’insécurité persistante dans la région de Djugu, mettant en danger la vie des civils et entravant les efforts humanitaires. Lire aussi : Ituri : 4 morts et plusieurs disparus après une incursion des miliciens CODECO à Ndo Okebo – Infocongo