Tony Mwaba

A Mbuela Lodge vendredi soir, c’était un peu comme au Congrès de Vienne. Les participants, toutes tendances confondues, ont chanté, bu et mangé, avant d’esquisser des pas de danse devant un orchestre invité pour la circonstance, sous les arbres presque cinquantenaires de la terrasse de ce site select.

En fait, il faut reconnaître qu’il y avait de quoi faire la fête pour les ministres et experts du Gouvernement, ainsi que leurs partenaires du banc syndical des enseignants du secteur public, qui venaient de désamorcer plus tôt dans la journée, une bombe sociale en gestation, avec l’annonce solennelle de la suspension de la grève des enseignants, en cours depuis début octobre, et qui menaçait d’emporter non seulement l’année scolaire, mais aussi les portefeuilles de certains ministres, en ce moment où on parle d’un probable remaniement ministériel.

Un couteau à la gorge…

Les ministres et leurs experts ont débarqué à Mbuela Lodge, avec presqu’un couteau à la gorge et le trouillomètre à zéro. Face à l’intransigeance des syndicats des enseignants qui ont résisté à toutes les menaces et intimidations, il leur fallait trouver un compromis au plus vite, au risque d’entraîner l’ensemble des institutions dans le ridicule.

Les membres du gouvernement à Mbuela Lodege

Conséquence, dès le premier jour des travaux de la Commission Gouvernement-banc syndical, ils ont signé, presque les yeux fermés, toutes les revendications des enseignants, notamment, la régularisation salariale des nouvelles unités et des non payés, avec effet rétroactif d’un mois.

 Avec de telles prémices, les syndicalistes avaient de quoi esquisser un pas de dance, tout comme les délégués du Gouvernement, qui venaient ainsi de sortir du ridicule dans lequel ils s’étaient empêtrés.

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Désormais au fait d’un Gouvernement prodigue en promesses non tenues et en effet d’annonces sans suite, les syndicats ont exigé que ces premiers accords soient d’exécution immédiate et coulés dans le marbre.

Après la suspension de la grève, le pire reste à venir

Mais l’euphorie de ce vendredi soir risque d’être de courte durée. Reste maintenant pour le Gouvernement et ses partenaires désormais en position de force, de négocier sur l’essentiel, c’est-à-dire sur le nouveau barème salarial, plus précisément sur le chronogramme de l’application du 2ème et 3ème paliers déjà négociés, mais jamais appliqués jusque-là.

Banc syndical de l'EPST
Banc syndical de l’EPST, à Mbuela Lodge

Restera ensuite au Gouvernement des warriors, de trouver des ressources pour faire face à ces nouvelles et massives demandes d’argent, un Gouvernement souvent rétif à toutes dépenses autres que celles qui touche au seul confort des membres des institutions politiques, et qui ne consent à délier sa bourse, que sous la contrainte des grèves ou de la clameur publique.

Le séminaire de Mbuela Lodge, semble bien parti pour être un acte fondateur pour la revalorisation de la fonction enseignante, qui a dû faire appel à une farouche résistance face à un Gouvernement qui lui, n’a ménagé aucun effort pour mâter, parfois en usant des méthodes peu orthodoxes, cette catégorie sociale.

Mais en même temps, les avantages que pourraient en tirer les enseignants du public, pourraient susciter des envies auprès des autres catégories des fonctionnaires et agents de l’Etat, pour le moment encore en hibernation, mais qui suivent sans doute avec une attention soutenue, ce qui se passe dans la salle des conférences du luxueux Mbuela Lodge, surtout en ces moments où le budget national pour l’exercice 2022, est encore en attente d’examen au Parlement. Lire aussi: EPST : suspension de la grève des enseignants du public