Tshiekedi rend hommage à JP Magufuli

Le Président congolais et président en exercice de l’Union africaine, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a rendu un dernier hommage, au défunt président John Pombe Joseph Magufuli, lundi 22 mars au stade national de Dodoma (Tanzanie). 

« Loin de n’affecter que le peuple tanzanien exclusivement, la disparition du président John Pombe Joseph Magufuli a suscité l’émoi de tout un continent qui se retrouve désormais orphelin d’un chef de l’État acquis à la cause de l’amélioration de la situation de son peuple ; acquis également à la cause du progrès et développement de l’Afrique », a déclaré Félix Tshisekedi devant une dizaine de chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que de plusieurs dizaines de milliers de tanzaniens. 

Président tanzanien John Magufuli Pombe
John Magufuli Pombe

« Nous garderons du président Magufuli le souvenir impérissable à la fois d’un combattant visionnaire, patriote et nationaliste épris de son pays et un panafricaniste engagé ; grand défenseur de l’indépendance économique africaine, désireux de matérialiser cette vision de nos pères fondateurs », a- t-il poursuivi. 

Tingatinga, le Bulldozer

Né le 29 octobre 1959 et mort le 17 mars 2021, John Popmbe Magufuli a été président de la République unie de Tanzanie du 5 novembre 2015 à sa mort, quelques mois après sa réélection pour un second mandat en 2020. 

Membre du Chama cha Mapinduzi (CCM), premier parti de Tanzanie2, il devient député dans les années 19903. Entre 2000 et 2015, il est successivement à la tête de différents ministères, dont l’Élevage et la Pêche, les Terres, le Logement et les Travaux publics. C’est de cette période qu’il tire son surnom de « Tingatinga » (le « bulldozer » en swahili) pour son engagement dans la construction de nouvelles routes. 

À 56 ans, il est désigné candidat à l’élection présidentielle de 2015 à la suite d’une élection primaire comptant 38 candidats2. Le 29 octobre 2015, il est élu cinquième président de la République5, succédant ainsi à Jakaya Kikwete, sur la base d’un programme de « reconquête de la souveraineté économique face aux institutions financières internationales ». 

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Dès le lendemain de son investiture, le président John Magufuli entame un vaste plan de réduction des dépenses publiques, en réduisant notamment de 100 000 à 7 000 dollars (92 000 à 6 460 euros) les frais de la cérémonie d’inauguration du nouveau Parlement. Sur cette lancée, il réduit le budget des événements et des déplacements officiels en limitant le nombre de membres composant les délégations, supprime les indemnités de séance des députés et annule la fête nationale. 

Et pour montrer l’exemple, il réduit également son salaire de 15 000 à 4 000 dollars/mois, devenant de ce fait l’un des chefs d’État africains à la rémunération la moins élevée8. 

Lutte acharnée contre la corruption

Son mandat se caractérise essentiellement par une lutte énergique contre la corruption. D’importantes sommes qui s’évaporaient auparavant dans la fraude fiscale sont désormais investies dans l’éducation et la lutte contre la pauvreté. 

Grâce à lui, la Tanzanie pays a amendé les lois régissant l’attribution des contrats d’exploitation minière, se donnant le droit de les renégocier ou de les rompre en cas de fraude avérée. Cette nouvelle législation a ainsi supprimé le droit des sociétés minières à recourir à un arbitrage international. A titre d’exemple, le contentieux fiscal avec l’Acacia Mining, accusée d’avoir sensiblement sous-évalué durant des années sa production d’or, s’est soldé par un accord : la Tanzanie obtient 16 % des parts dans les mines détenues par la multinationale. En revanche, cette politique de lutte anti-corruption a aussi « effrayé les investisseurs, qui craignent désormais d’avoir affaire à la justice tanzanienne, et affaibli la croissance », selon Zitto Kabwe, l’un des responsables du parti d’opposition Chadema. 

Grâce à ces réformes, porté par l’une des plus fortes croissances économiques du continent (5,8 % en 2018 et 6 % estimés pour 2019 selon le FMI), le gouvernement tanzanien s’est engagé dans un vaste programme de développement des infrastructures, en particulier ferroviaires. Le petit port de pêche de Bagamoyo, auquel 10 milliards de dollars d’investissement ont été attribués, devrait devenir le plus grand port d’Afrique en 2030.  

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Lorsque la Tanzanie se rapprocher de la Chine, qui promet de soutenir des projets économiques, les États-Unis suspendent leur participation au Millennium Challenge Account, un fonds de développement bilatéral, sous prétexte de manquement à la démocratie.