L’enquête au cœur d’une misère sans nom : Pakadjuma

Au moment où les détenteurs du pouvoir réel et illusoire vont de conciliabules en conciliabules, sans que le gouvernement ne voie le jour, à la veille d’une rentrée scolaire qui s’annonce mouvementée, infocongo.net a trouvé un créneau différent: la scolarité des filles à Pakadjuma, du nom de cette “cité” faite de taudis, en pleine capitale et où la seule profession pour ses résidentes est le plus vieux métier du monde.

L’avenir de la jeunesse en général et des filles en particulier est particulièrement sombre. Une bombe se prépare et elle va éclater un jour. Les résultats de l’enquête sont très interpellants : à Pakadjuma, 85% des filles en âge de scolarisation ne vont pas à l’école, sur un échantillon représentatif des 50 filles dont l’âge varie entre 6 et 18 ans.

Des enfants à Pakadjuma (Kinshasa, RDC)

À la question de savoir “pourquoi vous n’allez pas l’école ?” La réponse est simple : ” Il n’y a pas d’argent”. Un élément positif tout de même: 90% des filles ici estiment que les études valent plus que le mariage pour une femme et qu’une femme ne doit pas se contenter de la cuisine.

Et que dire de la parité homme/femme dans les institutions publiques ? Là encore des enquêtées sont formelles: ce n’est pas le sexe qui fait la différence mais les compétences. En plus, la femme ayant un cœur de mère, peut faire mieux qu’un homme.

Trois personnes parmi interrogées dont un homme d’une cinquantaine d’années pensent plutôt que l’homme étant supérieur à la femme, il est normal qu’il y ait plus d’hommes à des postes de responsabilité dans. 

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Deux types de questionnaires ont été soumis aux enquêtés, le premier aux parents et le deuxième aux filles. A noter que très peu d’hommes vivent ici.  Tous les parents sont unanimes : les études sont importantes pour les filles aussi bien que les garçons. Ces femmes pensent aussi que les études ouvrent la porte à plus d’opportunités pour une fille, y compris un bon mariage.

Le plus vieux métier du monde, seule opportunité

Et puis ces deux questions liées à la réputation qui colle à la peau de Pakadjuma : la prostitution des femmes et des filles. 95% des personnes reconnaissent qu’effectivement ce milieu est un haut lieu de prostitution dans la ville. L’extrême pauvreté est à blâmer. La question est simple : ” Pourquoi vous vous prostituez”? A question simple, réponse simple aussi : “Je me prostitue faute de moyens pour nourrir les enfants et me prendre en charge”. Les enfants ont aussi la même réponse : ” Nos mères se prostituent pour nous nourrir”.

Le vœu de tous est que l’Etat prenne ses responsabilités pour que les gens vivent dignement. ” Pensez-vous que la scolarisation des filles soit une solution à long terme ?” La réponse est positive. On pense ici que plus les filles vont aller à l’école, moins elles seront exposées à la prostitution et à la misère comme jamais vu nulle part dans la capitale congolaise.

Gabriel Kwambamba