Ces derniers sont soupçonnés d’arrestations arbitraires et de pillage des biens des habitants. La population de la chefferie des Bashu est constamment menacée par plusieurs groupes armés locaux qui se disent des Wazalendo. « Ils assassinent, pillent, volent et arrêtent sans raison des citoyens paisibles », déclare la société civile locale.

Le cas le plus récent remonte à la semaine dernière, où un commerçant de Kyondo dans le groupement Malio a été tué chez lui vers 19 heures locales par des hommes armés. Maombi Kahongya, président de la société civile de la chefferie des Bashu, demande à l’armée d’intervenir pour mettre un terme aux affrontements entre ces groupes armés, dont la population innocente fait les frais :

« Le problème qui prévaut est cette multiplicité des groupes armés qui s’affrontent pour des intérêts divergents. En plus de cela, d’autres personnes sont enlevées par des éléments inconnus, car, avec la multiplicité des groupes armés, on ne peut pas identifier et désigner les auteurs de ces actes ».

Selon lui, plusieurs personnes sont torturées et même tuées par balles ou par armes blanches. Maombi Kahongya reproche également aux miliciens de s’emparer du bétail des fermiers, ainsi que des biens de la population locale.

Groupes armés, la grosse plaie du Congo

Le Nord-Kivu est une province de la RDC qui est affectée par l’insécurité et la violence causées par la présence de nombreux groupes armés locaux et étrangers. Parmi les groupes armés actifs dans le Nord-Kivu, on peut citer123 :

Les ADF (Forces démocratiques alliées)

Un groupe armé ougandais qui commet des tueries et des enlèvements dans le territoire de Beni depuis 2014.

Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR)

Les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), un groupe armé rwandais formé par des ex-génocidaires qui s’opposent au régime de Kigali et qui contrôlent des zones minières dans le Nord-Kivu.

Maï-Maï

Les Maï-Maï, un terme générique qui désigne des groupes armés locaux qui se réclament de la défense de leurs communautés et qui s’affrontent souvent entre eux ou avec d’autres groupes armés pour le contrôle des ressources ou des territoires. Il existe plusieurs factions de Maï-Maï, comme l’APCLS, le NDC, le Nyatura, le Mazembe, le Raïa Mutomboki, etc.

Rébellion du M23

Le M23 (Mouvement du 23 mars), un groupe armé dissident des FARDC (Forces armées de la RDC) qui a été actif entre 2012 et 2013 et qui a occupé la ville de Goma. Le M23 a été officiellement démantelé après la signature d’un accord de paix avec le gouvernement, mais certains de ses éléments seraient encore présents dans le Nord-Kivu.

Ces groupes armés sont responsables de graves violations des droits de l’homme, comme des massacres, des viols, des pillages, des extorsions, des recrutements forcés, etc. Ils entravent aussi le développement économique et social de la province et la fourniture des services de base à la population. Ils représentent un défi majeur pour la restauration de la paix et de la stabilité dans le Nord-Kivu et dans la RDC en général. Lire aussi : Bas-Uele : La coalition de la CPI condamne les graves violations des droits humains par les groupes armés étrangers à Ango – Infocongo

D’après le capitaine Anthony Mwalushayi porte-parole des opérations militaires Sokola1 Grand-Nord, cet élément répond au nom de Mbusa Kahondya et est mis à la disposition de la justice.

« Mbusa Kahondya, terroriste ADF/MTM s’est rendu ce soir au quartier général des FARDC basé dans la localité de Kanyihunga groupement Isale-Bulambo dans la chefferie de Bashu à plus ou moins 30 km au Nord-est de la ville de Butembo. Âgé de 20 ans, ce combattant ADF a été mis à la disposition des services spécialisés pour exploitation », a-t-il indiqué.

Depuis le lancement des opérations dans la région, les ADF enregistrent des pertes en vies humaines, ce qui incite certains à la reddition. Lire aussi: Nord-Kivu : Reddition de 68 miliciens aux FARDC dans le Walikale

Azarias Mokonzi/Beni

D’après Musavuli Philémon, chargé de communication au sein de cette société, un milicien Mai-Mai a été tué au cours des accrochages et deux éléments FARDC blessés.

« Il y a eu deux blessés côté militaires qui gardent notre centrale et un milicien Mai-Mai tué. L’armée a également récupéré des mains des miliciens des armes blanches », a-t-il fait savoir.

Notre source condamne cette attaque et demande aux miliciens de cesser les hostilités surtout d’éviter de s’attaquer aux projets de développement communautaire.

Notons que cette centrale a déjà été la cible de plusieurs attaques de la part de ces miliciens. Lire aussi: Les Maï-Maï coupent l’électricité à la centrale hydroélectrique de Ivuha, Beni et Butembo dans le noir

Azarias Mokonzi/Beni

Ce sont les éléments des Forces Armées de la République qui ont lancé l’offensive contre les positions rebelles qui s’est soldée par la mort de ces combattant Mai-mai.

D’après le capitaine Anthony Mwalushayi porte-parole du secteur opérationnel Sukola1 qui a confirmé l’information à la presse, 6 rebelles ont été tués à Vuhovi et 5 autres à Karuruma. L’officier FARDC que 5 autres éléments ont été capturés, tandis qu’un élément FARDC est tombé sur le champ de Mars.

Lors de leur interrogatoire, les Mai-mai capturés ont avoué avoir deux missions dans la brousse : le règlement de comptes suite aux conflits coutumiers et renforcer les rangs des ADF lors de leurs passages.

« D’après les affirmations livrées par les Mai-Mai capturés, plusieurs groupes Mai-Mai (Mazembe Léopards, Baraka…), ont été créés dans la chefferie de Bashu avec deux objectifs : premièrement, le règlement des comptes suite aux multiples conflits coutumiers et deuxièmement renforcer les rangs des ADF », a-t-il fait savoir.

Les FARDC ont aussi récupéré deux armes AK-47 lors des offensives.

La chefferie de Bashu est devenue depuis plusieurs jours le théâtre d’affrontement armés. En cinq mois seulement, plus de 65 personnes ont été tuées par ces miliciens Mai-mai. Lire aussi: Ituri : Les FARDC ont neutralisé 12 rebelles ADF et Mai-Mai à Otomabere

Azarias Mokonzi/Beni

Le député provincial Saidi Balikwisha qui y séjourne, a salué lundi 27 décembre les efforts de l’armée et appelle la population à accompagner les opérations militaires en cours. Il affirme que les habitants de Bashu, en majorité des agriculteurs, commencent à regagner progressivement leurs milieux d’origine, que le attaques des groupes armés avaient contraints à déserter.

L’élu provincial dit s’être rendu dans la chefferie de Bashu, où il a échangé avec certains commandants des unités des FARDC basées dans cette région où les opérations militaires sont menées actuellement contre tous les groupes armés encore actifs.

De son côté, le porte-parole des FARDC dans la région, le capitaine Anthony Mwalushayi, estime que le retour de ces déplacés est le résultat d’un travail de collaboration entre la population et l’armée :

« J’ai toujours dit : au moment où les Congolais se mettent ensemble et prennent la décision de travailler en union, il y a la paix ! C’est ce qui a été fait. Et nous avons renforcé nos troupes sur terrain et activer le système des patrouilles nocturnes et diurnes, et les patrouilles de combats. Et voilà pourquoi ça nous a donné de bons fruits, la population a commencé à rentrer. Donc, la vie a repris à Bashu. »

Les autorités coutumières de la chefferie de Bashu et la société civile locale disent être prêtes à sensibiliser la population pour accompagner les opérations conjointes des deux armées congolaises.

Lire aussi: Beni ：une position FARDC attaquée par des Mai-Mai à Bashu

Se confiant à infocongo.net, Moïse Paluku Kiputulu, coordonnateur de la nouvelle société civile congolaise en territoire de Beni soutient que ces ex-otages ont été vomis vers le confluent des rivières Semuliki et Talihya. Il continue d’appeler les forces armées de la République Démocratique du Congo à redoubler d’efforts pour obtenir la libération totale de tous ces otages qui demeurent en captivité.

Il sied de rappeler que dans la nuit du vendredi au samedi 13 novembre dernier, les terroristes islamistes d’ADF-MTM avaient signé une incursion au village de Kisunga, où l’on avait déploré une cinquantaine de morts et plusieurs dégâts matériels. Lire aussi: Ituri : L’armée libère 8 otages des mains des ADF à Otomabere lors des patrouilles de combat

Venatche Ndaliko/Beni

Dans un entretien accordé à infocongo.net, Kasereka vivaya Tomas, vice-président de cette structure des jeunes, craint que cette situation ait des conséquences néfastes sur l’avenir des jeunes de cette région, dont la vie dépend essentiellement de l’agriculture. Il estime que cette situation peut encore amener les jeunes à adhérer dans des groupes armés à cause de l’inoccupation.

Cependant, cette organisation invite les autorités compétentes à intensifier les opérations militaires contre les groupes armés qui ont élu domicile dans cette zone, en vue de permettre l’émergence de la jeunesse locale. Elle appelle également les agriculteurs à continuer de collaborer avec les forces de sécurité pour la pacification de cette zone.

Il faut le rappeler que depuis bientôt deux mois, la chefferie de Bashu fait face à l’activisme des groupes armés, caractérisé par des enlèvements, extorsions, tueries et autres formes d’insécurité. Lire aussi: Nord-Kivu : 6 groupes armés s’engagent à déposer les armes à l’avènement de l’état de siège

Venatche Ndaliko/Beni

D’après le conseiller administratif de cette organisation qui nous a livré cette information, la plupart des victimes sont des femmes cultivatrices, qui ont été violées dans leurs champs respectifs.

Baraka Bin Ramazani précise qu’au cours de ce trimestre il s’est constaté une montée en flèche de ces cas des violences sexuelles contrairement à l’année 2019.

Cet activiste des droits de l’homme demande au gouvernement congolais de faire correctement son travail en venant au secours des victimes de ces violences sexuelles car selon lui, cette situation serait due à la prolifération des groupes armés négatifs qui pullulent dans cette région, il y a de cela une dizaine d’années.

Notre source précise que ce bilan n’est qu’un échantillon car « la plupart des victimes ont peur de se manifester ».

Azarias Mokonzi/Beni