En effet, alors qu’il s’était montré critique envers le sérum AstraZeneca au début de la campagne de vaccination contre le Covid-19, le président Félix Tshisekedi a reçu dimanche12 septembre, une première dose de vaccin et en a profité pour inviter les congolais à l’imiter, ont annoncé lundi les services de la présidence de la république.

Interrogée, une source à la présidence n’a pas souhaité préciser quelle marque de vaccin le chef de l’État avait reçue, l’essentiel étant selon elle le « geste fort » de la vaccination.

Le président Tshisekedi et son épouse enfin vaccinés contre le Covid-19

« Le vaccin reste la solution la mieux indiquée pour l’instant » face au Covid-19, a déclaré le chef de l’État à la presse présidentielle après avoir été vacciné, ainsi que son épouse, Denise Nyakeru Tshisekedi.

« Pour avoir perdu plusieurs parents et proches, je suis mieux placé pour témoigner sur les ravages causés par cette pandémie », a-t-il ajouté.

La présidence de la République confirme par ailleurs la présence en RDC de « plus 250.000 doses supplémentaires de vaccin Moderna ainsi que l’arrivée dans les prochaines semaines de plusieurs milliers de doses des vaccins Johnson & Johnson, AstraZeneca et Pfizer ».

Notons que début juillet, la méfiance envers le vaccin, largement répandue en RDC, s’était accentuée après une déclaration de Félix Tshisekedi à propos du vaccin AstraZeneca.

« Je crois avoir eu raison de ne pas me faire vacciner. J’ai demandé les avis des uns et des autres mais (ils) étaient partagés. Certains m’ont rassuré qu’il n’y avait aucun danger. Mais, moi-même, j’avais des doutes (…) Il y a d’autres vaccins qui viennent et vous me verrez me faire vacciner », avait-il expliqué à la télévision publique, RTNC.

Pour rappel, la RDC avec de 80 millions d’habitants avait alors reçu 1,7 million de doses du vaccin Astrazeneca dans le cadre du dispositif Covax, avant de retourner 1,3 million de doses, faute de candidats. Depuis avril, selon des statistiques officielles, plus de 85.000 personnes ont été vaccinées en RDC, parmi lesquelles plus de 25.000 ont reçu une deuxième dose.

Dans le cadre du Programme Covax, la RDC a eu à bénéficier de trois lots successifs de ce vaccin, dont le premier lot est arrivé à expiration le 24 juin dernier, et le second trois jours plus tard.

Depuis le début des opérations de vaccination en RDC, la population s’est montrée réticente à se faire vacciner, au point que seulement près de 62.000 personnes ont reçu une première dose du vaccin, pour une population totale de 80 millions d’habitants.

Dans une interview cette semaine à la presse locale, le Président Félix Tshisekedi a émis des réserves sur l’efficacité du vaccin Astra-Zeneca, déclarant que d’autres vaccins, plus crédibles selon lui, arriveront au pays d’ici quelques semaines.

Jusque-là, aucune indication n’a été donnée sur le sort des personnes qui avaient déjà reçu la première dose de Astra-Zeneca, et qui sont dans l’attente de la seconde. Lire aussi: Covid-19 : la Rdc va retourner 1,3 millions de doses de vaccins à l’Unicef

La validité de la nouvelle va jusqu’à la fin du mois de juillet prochain, en remplacement du premier lot qui a expiré le 24 juin. Selon le ministre provincial de la santé, Cosmos Bishisha, ces vaccins sont disponibles dans tous les établissements sanitaires de la ville de Bukavu. Face à la troisième vague qui se vit dans le pays, notamment les variants delta indien, brésilien et britannique, il appelle la population à se faire vacciner massivement :

« Pour l’instant nous avons plus de trois milles personnes vaccinées depuis le début de cette opération de vaccination, mais toutefois on va continuer. Le ministère national de la santé a déjà commandé d’autres types de vaccins qui vont nous arriver. La situation de Covid-19 dans la province reste préoccupante. Raison pour laquelle, j’appelle toutes les personnes ciblées de la vaccination de venir rapidement prendre leur vaccin. Ces vaccins sont disponibles dans toutes les formations sanitaires de la ville de Bukavu. »

Selon le ministre provincial de la Santé, au Sud-Kivu, environ 3 000 personnes ont été vaccinées du 10 mai au 24 juin 2021. Lire aussi: Covid-19 : le Gouvernement congolais surseoit l’utilisation du vaccin Astra Zeneca

Les autorités craignent que ces doses qui arrivent à expiration au mois de juin de cette année, ne soient utilisées jusque-là.

Depuis le lancement des opérations de vaccination il y a une dizaine de jours, moins de 2.000 personnes se sont fait vacciner dans les cinq sites identifiés dans la ville de Kinshasa. Lire aussi: Le ministre Eteni Longondo a reçu la première dose du vaccin AstraZeneca

Pour montrer l’exemple, le ministre a courageusement reçu la première dose de ce vaccin britannique, qui est pourtant décrié dans certains pays européens, dont le Danemark, qui l’a définitivement rejeté.

Lançant la campagne nationale de vaccination contre la covid-19 en présence des partenaires du secteur de la santé, le docteur Eteni Longondo a déclaré :  

« Nous invitons les personnes à se vacciner car ce vaccin est efficace et montre partout ailleurs un impact positif sur la pandémie à la covid-19. Dans le contexte épidémique mondial actuel, se faire vacciner est plus qu’un geste personnel, c’est aussi un acte de santé publique, de solidarité et de charité envers les plus vulnérables, un geste de salut public pour les économies en souffrance et enfin une contribution à la sécurité sanitaire mondiale (…) Personne ne sera en sécurité tant que tout le monde entier ne le sera pas. La vaccination est l’une des interventions de santé publique la plus performante et sûre au regard des précédents résultats déjà obtenus grâce à la vaccination pour d’autres fléaux, à savoir : l’éradication de la variole et celle de la poliomyélite due au poliovirus sauvage mais également la vaccination contre la maladie à virus Ebola. »

Campagne de vaccination sur fond de polémique

Cette campagne de vaccination démarre en République démocratique du Congo au moment où d’autres pays africains sont encore dubitatifs par rapport à cette opération, c’est le cas de la Tanzanie et de la Zambie ou des mesures préventives notamment une contre-expertise du monde scientifique local a été exigée avant toute prise de cette vaccination.

On se rappellera que le vaccin Astrazeneca anti-covid-19 a subi de nombreuses critiques et rebondissements à cause de la déclaration d’effets secondaires après le début de son utilisation dans l’arsenal vaccinal européen, notamment les cas de caillots sanguins pouvant entraîner une thrombose et des décès chez des personnes vaccinées.

Scepticisme en Europe

En Europe plusieurs pays ont émis des doutes pour la prise du vaccin à britannique Astrazeneca et des pays comme l’Italie, le Danemark et même la France se sont montrés hésitants et avaient même suspendu la prise de ce vaccin.

Du reste, à la suite de ces pays Européens évoqués ci-haut, le gouvernement congolais avait suspendu le début de la vaccination contre la covid-19 programmé à partir du 15 mars.

Mais pendant que la polémique demeure ailleurs, et contre toute attente le ministre sortant de la santé s’est lancé dans cette campagne alors qu’un nouveau gouvernement est en attente d’investiture.

Pour cette opération lancée ce lundi 19 avril, 11 sites ont été répertoriés dans la capitale congolaise pour cette première phase qui devrait s’effectuer dans les 4 provinces touchées : Kinshasa, Haut-Katanga, Nord-Kivu et Kongo Central. Ceci concerne, les catégories dites prioritaires qui sont les professionnels de santé et les travailleurs sociaux qui représentent environ 1% de la population ; les personnes avec comorbidité (Maladie rénale chronique, hypertension, diabète), représentant 13% de la population et les Personnes âgées de plus de 55 ans qui représentent 6% de la population.

Première phase pour 3% de la population

La première phase d’approvisionnement cible 3 497 902 personnes (3% de la population congolaise). La seconde phase d’approvisionnement devra couvrir 19 693 173 personnes dans les 26 provinces, soit 17% de la population. Le besoin total de doses pour atteindre ces chiffres (23 191 075 de personnes) est estimé à 48 823 470 doses, selon le programme élargi de vaccination (PEV).

Pour rappel, la RDC avait réceptionné le 2 mars dernier un premier lot de 1 700 000 de doses de vaccin de la firme Astra Zeneca (AZD 12222) dans le cadre du programme COVAX, l’initiative mondiale visant à garantir un accès rapide et équitable aux vaccins contre la Covid-19-19 à tous les pays, quel que soit leur niveau de revenu. Ce lot est entreposé à l’Hôpital Général de Référence de Kinkole qui répond aux conditions exigées de conservation. Un deuxième lot de 4 millions 300 milles doses de vaccins est attendu dans les prochains jours pour couvrir le 20% de la population ciblée d’ici à fin 2021, expliquaient les autorités.

Selon les statistiques officielles, depuis le début de l’épidémie déclarée le 10 mars 2020, le cumul des cas est de 26.846, dont 26.845 cas confirmés et 1 cas probable. Au total, il y a eu 712 décès et 22.432 personnes guéries. 

Selon des sources médicales à Kinshasa, cette décision a été prise à la suite des réserves émises par d’autres pays contre l’usage de ce type de vaccin, en attendant des analyses plus poussées sur son degré d’innocuité et ses éventuels effets secondaires. 

En effet, cinq pays dont le Danemark, l’Autriche, l’Estonie, la Lituanie, le Luxembourg et la Lettonie ont suspendu le vaccin Astra Zeneca suite à des problèmes de caillots et thromboses survenus chez certaines personnes vaccinées. Une enquête sur de multiples thrombo-embolies a été ouverte.  

De son côté, Le groupe pharmaceutique britannique Astra Zeneca, a affirmé qu’il n’y avait “aucune preuve de risque aggravé” de caillot sanguin entraîné par son vaccin contre le Covid-19, en réaction à la suspension de son utilisation par précaution dans plusieurs pays, selon l’AFP. 

On se souviendra qu’il y a une semaine le gouvernement congolais a réceptionné un premier lot important de ce vaccin. Lire aussi: La RDC a réceptionné le premier lot de vaccin covid-19