« Le chefs coutumiers, vous êtes les gardiens des terres. Un gardien n’est pas propriétaire, un gardien ne vend pas. Si les terres de la communauté ne sont pas protégées, d’ici 30 ou 50 ans nous deviendrons des immigrés dans notre pays », a déclaré Acacia Bandubola cité dans un communiqué rendu public le vendredi.

Que dit la Loi ?

La Loi nº15/015 du 25 août 2015, qui établit le statut des chefs coutumiers, stipule que ces derniers doivent assurer la cohésion, la solidarité et la justice sociale au sein de leur juridiction. Ils sont également chargés de préserver et de faire respecter les valeurs morales traditionnelles, le patrimoine culturel, ainsi que les vestiges ancestraux, y compris les sites et lieux sacrés coutumiers. De plus, ils doivent protéger les espaces fonciers appartenant aux terres des communautés locales, conformément à la loi.

Établir le pont entre le gestionnaire et le gardien

« L’objectif de cette rencontre avec les chefs coutumiers a été d’établir le pont entre le ministère des Affaires Foncières qui est à la gestion des terres et les chefs coutumiers qui sont les gardiens des terres afin de réduire les conflits fonciers », a soutenu Mme la ministre des Affaires foncières.

Acacia Bandubola a rappelé à leur attention l’article 53 de la loi foncière qui stipule que : « le sol est la propriété exclusive, inaliénable et imprescriptible de l’État » et elle les a invité à dénoncer les bavures dans leurs juridictions tout en prévenant le remplacement de tout conservateur des titres immobiliers ou chef de division du Cadastre complice des mauvaises pratiques.

Prenant la parole, le vice-ministre des Affaires coutumières Muami Buende a déclaré qu’un chef coutumier qui fait un acte de cession viole la loi, tout en précisant que tout mouvement des chefs coutumiers doit être autorisé par la hiérarchie. 

Les réactions de chefs coutumiers

Profitant de cette même occasion, Sa Majesté Lembalemba a affirmé devant les autorités présentes à cette rencontre qu’au Kasaï, des chefs coutumiers ne vendent pas les terres, précisant que vendre les terres fait partir de la perte du pouvoir. 

Le chef coutumier Teke-Humbu, quant à lui, a relevé des complicités au sein de l’administration foncière, avant de dénoncer le non-paiement des droits de jouissance et la non-vulgarisation de la loi 15/015. Sinon, le foncier congolais reste le grand pourvoyeur de conflits qui alimentent les cours et tribunaux. Lire aussi : Affaires foncières : La ministre a posé la première pierre de la construction du bâtiment administratif – Infocongo

Gel Boumbe

Selon le mwami Abdoul Kalemire3, cette visite avait aussi pour objectif de réconforter ce chef coutumier, dont le territoire continue à recevoir des déplacés de guerres fuyant les affrontements entre les forces loyalistes et les rebelles du M23. Mais aussi présenter l’accompagnement de tous les chefs coutumiers du Nord-Kivu aux démarches déjà entreprises par le chef de la chefferie de Bukumu.

« Recevoir les populations en provenance du territoire de Rutshuru ce n’est pas facile d’organiser comment encadrer cette population. C’est pourquoi on est venu ici le réconforter et lui présenter les civilités », a-t-il dit.

Le président de la Commission consultative de règlement des conflits coutumiers rassure du soutien de tous les chefs coutumiers de la province du Nord-Kivu aux forces armées de la république Démocratique du Congo qui restent déterminées à mettre hors d’état de nuire le M23 en territoire de Rutshuru et les terroristes ADF en territoire de Beni.

« Par rapport à l’agression rwandaise, nous comme chefs coutumiers, nous allons nous ranger dernier les forces armées de la République parce que nous n’avons pas une autre armée. Nous sommes censés continuer à soutenir notre armée pour défendre l’intégrité territoriale de notre pays », a déclaré le mwami Abdoul Kalemire3.

Le mwami Stuka Mwanaweka chef de chefferie des Batangi, mwami Mukosasenge Shabani chef de chefferie des Bamate et mwami Ngendo Mwavura chef de groupement Mupfuni en chefferie de Bahunde territoire de Masisi faisaient partie de la délégation. Lire aussi: Nord-Kivu : les journalistes de Rutshuru évacués à Goma à la suite de la menace du M23

Amour Imani Christian

Une assurance donnée après échange avec les chefs coutumiers de la province du Nord-Kivu ce même mardi.

En effet, il y a plus de cinq ans maintenant que la chefferie de Bukumu reste dirigée par un intérimaire après la suspension au mois de mars 2016 de jean bosco Butsitsi, reproché de plusieurs manquements, dont l’insubordination et la complaisance dans l’exercice de ses fonctions, la tentative d’utilisation des éléments de la police nationale et des forces armées à ses fins privées et atteinte à la sécurité intérieure.  Il était aussi accusé d’exacerbation des conflits coutumiers dans la chefferie de Bukumu.

Pour le Premier ministre, l’installation du vrai chef doit se faire le plus tôt possible pour résoudre une préoccupation qui est liée à la sécurité.

« Cette installation va se faire dans les jours qui suivent parce que ça devrait aussi résoudre une préoccupation qui est liée à la sécurité. Donc dans le cadre de l’échange que nous avons eu avec les chef coutumiers, nous avons pu donner une réponse positive à cette question », a-t-il dit devant la presse.

Réagissant à la promesse du Premier ministre, certains observateurs pensent que les ayants droit seraient intentionnellement écartés et remplacés par les usurpateurs qui bénéficient du soutien de certains politiciens du milieu proche du parti politique au pouvoir au Nord-Kivu. Lire aussi: RDC : Sama Lukonde conduit une nouvelle mission d’évaluation de l’Etat de siège dans l’Est

Amour Imani Christian

Le Conseiller Spécial du Chef de l’Etat au collège santé et bien- être et coordonnateur adjoint de la Task force présidentielle de lutte contre le Covid-19, le Dr Benjamin  Bola Ikolwa,  a présenté à ses hôtes la situation épidémiologique dans le monde et en République Démocratique du Congo et tous les ravages occasionnés jusqu’aujourd’hui.

Il a insisté sur la sensibilisation de la population sur ce danger qui ronge la société et qui perturbe le quotidien de tous les congolais au jour le jour.

Il leur a aussi demandé d’élaborer un plan stratégique de lutte contre le Covid-19 le plus rapidement possible pour barrer la route à cette maladie.

Les chefs coutumiers très déterminés

Sa majesté Fumu Difima, président de la délégation, a salué l’initiative venu du Chef de l’Etat tout en demandant à tout chef coutumier de s’approprier cette lutte afin de réserver une riposte de taille au Covid-19 en commençant par sensibiliser les habitants de leurs entités respectives sur les mesures barrières à respecter et la distanciation sociale :

« La rencontre voudrait à ce que nous puissions rapidement voir ensemble, chacun en ce qui le concerne, comment apporter notre contribution pour sécuriser ces populations et pour prévenir en amont et faire bénéficie effectivement à nos populations ce dont nous pouvons être capables de proposer. Chaque chef coutumier débout dans son village, débout dans son entité et usant de son pouvoir pour barrer l’accès à ce genre de vent.

Nous également par la même occasion inviter cette même population à suivre ce qui est prévu comme mesures de riposte, mesures d’encadrement, de protection pour qu’en attendant que nous nous mettions au combat, au front, que eux qui restent dans nos communautés puissent utiliser toutes les mesures barrières qui leurs sont recommandées ».

Les chefs coutumiers promettent d’user de leur pouvoir pour barrer la route au coronavirus et bouter hors du territoire national cet ennemi commun qui ne cesse de semer la désolation dans la population congolaise.

Jacques Kalokola

« Ces chefs coutumiers sont suspendus parce qu’ils sont en collaboration avec les miliciens de la CODECO qui insécurisent le territoire de Djugu », a déclaré Alingi Adèle, Administrateur du territoire de Djugu. Il ajoute que cette série de  suspension va servir de leçon aux autres chefs coutumiers impliqués d’une manière ou d’une autre dans cette insécurité à Djugu.

Ces autorités coutumières sont suspendues à titre préventif avec ouverture d’une action disciplinaire après plusieurs tentatives sans suite valable de rappel à l’ordre.

Azarias Mokonzi/ Beni