Le président de la République Félix Tshisekedi est attendu mardi 22 septembre à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, pour s’enquérir de la situation sécuritaire de l’Est du pays, en proie aux groupes armés nationaux et étrangers.
Le chef de l’Etat profitera de sa présence à Goma pour commuer avec la population. En effet, c’est la première fois depuis son accession à la magistrature suprême que Félix Tshisekedi va fouler le sol de Goma sans Vital Kamerhe, son partenaire politique et directeur de cabinet (condamné à 20 ans de travaux forcés pour détournement des derniers publics et dont le procès est en appel).
L’ombre de vital Kamerhe
On se souviendra qu’à l’annonce du mini-Sommet des chefs d’Etat des pays des Grands lacs à Goma, plusieurs organisations citoyennes de cette ville, avaient à travers des communiqués conditionné l’arrivée du président de la République par la libération de Vital Kamerhe, dont les nombreux sympathisants dans cette partie du pays estiment qu’il a été condamné pour des raisons plus politiques que judiciaires.
Il sera donc intéressant de voir quelle attitude vont adopter ces organisations à l’égard du premier citoyen de la République lors de son séjour dans la capitale du Nord-Kivu.
Des sources proches de la présidence évoquent également les préparatifs du mini-Sommet au niveau des experts dans leurs pays respectifs qui travaillent notamment pour harmoniser les agendas et fixer une date. Ce sommet se tiendrait par visioconférence, pendant la visite présidentielle à Goma.
Plus de 70 groupes armés au Nord et Sud-Kivu
Quant aux groupes armés qui continuent d’écumer la région, on en dénombre déjà plus de 70 actifs dans la seule province du Nord-Kivu. En Ituri, où une branche très en vue, la CODECO s’est illustrée à Bunia, allant jusqu’à se positionner devant la prison centrale de la ville pour en libérer ses membres qui y sont incarcéré, les groupes armés sont cantonnés autour de la ville de Bunia, et le processus de leur désarmement et réinsertion piétine.
Le gouvernement est pointé du doigt, accusé de mal gérer le processus de leur désarmement, démobilisation et réinsertion.
Qui sont ces groupes armés ? Le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) a cartographié environ soixante-dix groupes armés ainsi que leurs zones d’influence dans le Nord et le Sud-Kivu, en se basant sur des recherches effectuées sur le terrain. Ainsi, selon le GEC, la plupart de ces groupes sont de taille réduite, ne comptant pas plus de 200 éléments, généralement recrutés sur une base ethnique.
Les plus forts et les plus perturbateurs sont étrangers
Le GEC affirme cependant que « les groupes armés les plus forts et les plus perturbateurs à ce jour dans l’est du Congo sont essentiellement étrangers. C’est le cas des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) qui sont de loin le plus grand groupe armé, à la fois en termes du nombre des éléments et de la répartition géographique. Les FDLR maintiennent ainsi un degré élevé d’influence soit seuls, soit avec l’armée ou d’autres milices, soit encore avec l’administration publique dans des parties importantes des territoires de Walikale, Lubero, Rutshuru, Masisi (Nord-Kivu), Uvira, Mwenga et Fizi (Sud-Kivu).
En plus des FDLR, deux autres groupes armés étrangers continuent d’opérer dans les Kivu. Il s’agit des Forces alliées démocratiques ougandaises (ADF) et de l’aile Nzabampema des Forces nationales de libération du Burundi (FNL). Les ADF ont été un acteur clé dans une série de massacres autour de la ville de Beni, sans doute les pires violences que le pays a connues depuis une décennie ».
A son accession au pouvoir, Félix Tshisekedi avait déclaré qu’il installerait l’Etat major Général de FARDC à Beni, et qu’il était prêt au sacrifice suprême pour restaurer la paix à l’Est du Congo. Prendra-t-il enfin ses quartiers à Beni ?
Azarias Mokonzi/Beni et Yannick Warangasi/Goma