L’occupation d’une partie du territoire de Lubero par le Mouvement du 23 mars (M23) a plongé la presse locale dans une profonde crise. Selon Jean Maliro, président de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC) pour le territoire de Lubero, plus de la moitié des radios locales ont cessé d’émettre depuis quelques mois.
Sur les 17 radios initialement actives dans la zone, seules 6 parviennent encore à diffuser des programmes. Les autres ont été soit pillées lors des affrontements entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et le M23, soit réduites au silence par les rebelles.
Les journalistes qui continuent d’exercer leur métier se trouvent dans une situation extrêmement précaire. Ils travaillent sous la menace constante des rebelles et sont obligés de s’autocensurer pour éviter les représailles. La peur de déplaire au M23 les pousse à ne plus traiter de sujets sensibles, tels que les violations des droits de l’homme ou les actions militaires.
« Les radios qui fonctionnent encore ont du mal à produire un journal local car elles se sentent dans l’incapacité d’équilibrer leurs contenus », déplore Jean Maliro. « Elles sont contraintes de s’adapter aux exigences du M23, ce qui limite considérablement leur liberté d’expression. »
Le M23 a également imposé des restrictions sur la diffusion des chaînes nationales, privant ainsi une partie de la population de Lubero d’une information indépendante. Cette situation met en évidence la volonté du mouvement rebelle de contrôler l’espace médiatique et de manipuler l’opinion publique.
Les conséquences de cette atteinte à la liberté de la presse sont multiples :
Désinformation : L’absence d’une information libre et pluraliste favorise la propagation de rumeurs et de fausses informations.
Erosion de la démocratie : La liberté de la presse est un pilier essentiel de toute démocratie. En muselant les médias, le M23 contribue à affaiblir les institutions démocratiques dans la région.
Atteinte aux droits de l’homme : La liberté de la presse est un droit fondamental reconnu par la Déclaration universelle des droits de l’homme. En restreignant cette liberté, le M23 viole les droits de la population à l’information.
La situation de la presse à Lubero est révélatrice de la fragilité de la liberté de la presse dans la région des Grands Lacs. Il est urgent de mettre en place des mesures pour protéger les journalistes et garantir leur sécurité, afin de permettre à la population d’accéder à une information libre et indépendante. Lire aussi : RDC : La spirale de la violence se poursuit malgré les négociations de Luanda – Infocongo